Jeûne intermittent : adepte depuis 10 ans, il raconte ce qui a changé dans sa vieAdobe Stock
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Souvent controversé, le jeûne intermittent a pourtant prouvé ses bienfaits dans de nombreuses études et témoignages. D’ailleurs, Anthony J. Yeung, coach sportif, pratique le régime depuis près de 10 ans. Il partage son expérience auprès du média américain Eat This Not That.

Le jeûne intermittent, c’est quoi ?

Le jeûne intermittent, appelé "fasting" dans les pays anglo-saxons, consiste à ne rien manger pendant certaines périodes choisies. Il ne s’agit pas d’un régime, mais plutôt d’un mode d’alimentation, qui permet de revenir à un rythme plus naturel pour le corps. La période de jeûne dure plus longtemps que celle durant laquelle on peut manger. "Nous ne sommes pas fait pour nous alimenter tout au long de la journée, le système digestif a besoin de repos", explique auprès de Medisite Romain Vicente, naturopathe et auteur de Je jeûne ! (éd. Eyrolles).

Il existe plusieurs méthodes de jeûne intermittent. Le 16/8 consiste à sauter le petit-déjeuner ou le dîner, de manière à ne rien avaler pendant une plage de 16h. S’ensuit une fenêtre de 8h pendant laquelle on peut manger. D’autres préfèrent réaliser un jeûne de 24h, une ou deux fois par semaine, ou encore ne rien consommer un jour sur deux.

"Le but du jeûne n'est pas de se priver de nourriture", insiste Anthony J. Yeung. "Il s'agit simplement de changer l'horaire de vos repas afin d'avoir de plus longs écarts entre chacun. Les sensations de faim restent stables et peuvent même diminuer avec le temps."

Le jeûne 16/8 serait une des formes les plus efficaces

Le jeûne intermittent et ses différentes formes ont fait l’objet de nombreuses études. Parmi les plus populaires et les plus scruter, on pense au 16/8. Selon Anouk Charlot, doctorante à l’Université de Strasbourg et Douane Joffrey, spécialiste en physiologie à la faculté de médecine de Strasbourg, cette forme de jeûne seraient la plus efficaces.

En effet, les formes eat stop to eat et 5:2 ont montré qu’elle peuvent contribuer à la perte de poids et à la stabilisation de la glycémie. Or ces méthodes sont très restrictives et peuvent entraîner des effets secondaires pouvant rendre le jeûne difficile à supporter sur le long termes. Les scientifiques mentionnent la faim, l’hypoglycémie et les fluctuations de l’humeur.

Concernant le 16/8, l'apport alimentaire peut commencer avec le petit-déjeuner et se terminer en fin d'après-midi. Cela veut dire que la personne jeûne le soir (donc pas de dîner). Une autre manière de mener le 16/8 est de commencer avec le déjeuner. Cela signifie que l’on va renoncer au petit déjeuner.

Or, jeûner le soir ou le matin n’aura pas le même impact. "Cette approche semble améliorer la régulation métabolique et réduire le risque de maladies métaboliques. Cependant, ces avantages varient selon le créneau horaire choisi", rapportent les chercheurs. "Lorsque l'apport alimentaire commence le matin, des études ont observé une perte de poids et une amélioration de la sensibilité à l'insuline. À l'inverse, il y a moins, voire aucun d'avantage à commencer les repas à midi et à les terminer le soir".

Il est préférable de jeûner le soir

Concrètement, cela voudrait dire qu’il est préférable de jeûner le soir si vous voulez avoir des effets sur votre santé.

"Et au-delà du moment de la journée où il semble préférable de manger, d'autres facteurs peuvent intervenir : la qualité et la quantité des aliments absorbés ou encore la durée de la période de jeûne (qui peut s'étendre de 12 à 20 heures par jour)... Il convient également de rappeler que chaque individu a son propre métabolisme et peut réagir différemment au jeûne", poursuivent les scientifiques.

Jeûne intermittent : "J’ai rapidement perdu du poids"

Comme Anthony J. Yeung, beaucoup d’adeptes ont constaté une perte de poids durable grâce au jeûne intermittent. D’ailleurs, de nombreuses études le prouvent aussi. "Des recherches faites par des scientifiques canadiens ont révélé que des études concernant le jeûne intermittent ont entraîné une "perte de poids de 0,8 % à 13,0 % du poids initial, et ce, sans effets indésirables graves", indique l’adepte auprès du média américain.

D’autre part, "une étude de l'Université de Chicago a identifié une importante perte de poids, grâce au jeûne, chez des femmes obèses. Un autre essai a montré que faire le jeûne intermittent, au moins tous les deux jours, pourrait réduire la graisse corporelle de 4 % en seulement trois semaines."

Pour Romain Vicente, cette tendance est normale : le jeûne fait chuter l’insuline et permet d’aller puiser dans les graisses. En effet, avoir un taux d’insuline trop élevé envoie au corps le signal qu’il faut stocker les sucres en graisses, et rend donc difficile la perte de poids. Diminuer ce taux permet de pallier le problème. "Nous avons tendance à manger dès que l’on a faim, et donc redonner du sucre à notre organisme. Mais c’est une erreur. Jeûner permet de se libérer des idées reçues, selon lesquelles il ne faudrait surtout pas sauter de repas, au risque de se sentir un peu faible ou de stocker davantage", souligne le naturopathe. "Car vous constaterez vite que ce n’est pas le cas…"

Ces 3 adeptes ont perdu plus de 10 kg grâce au jeûne intermittent

Pour Medisite, Eva, Victoria et Mickael ont accepté de partager leur expérience du jeûne intermittent.

"J’ai perdu 18 cm de hanche avec le jeûne intermittent"

Eva était sujette aux problèmes de digestions (ballonnements, crises de foie...). "J’ai donc décidé de tenter le jeûne intermittent avec la forme 16/8. Concrètement, entre 15h et 9h du matin le lendemain aucun aliment ne pénètre mon organisme", raconte-t-elle auprès de Medisite. "Je me suis dit qu’octroyer des pauses de 16h par jour à mon système digestif 'sans nourriture' aiderait mon foie à se régénérer plus vite. Ça n’a pas loupé. Le jeûne a littéralementdétoxifié mon foie."

"Outre les bienfaits sur le système digestifs, le jeûne intermittent m’a également permis de me délester de 15 kg au total. Des kilos que je n’ai jamais repris depuis 3 ans (même si je jeûne moins strictement qu’au début)" explique-t-elle. "Aujourd’hui, je pèse 49 kg pour 1 m 64. Hanches, tour de taille, jambes… mon corps tout entier s’est vu fondre, et ce, dès le premier mois de jeûne. Dans le détail, j’ai perdu 13 cm en tour de taille et 18 cm de hanches."

Eva le pratique en moyenne 4 soirs par semaines. "Si j’avais décidé de le mener de manière relativement stricte les deux premiers mois, j’ai ensuite fait en sorte de l’intégrer à mon mode de vie habituel."

"J’ai perdu les 5 premiers kilos très rapidement"

Victoria a entamé le jeûne intermittent, car sa sœur (avec qui j'habite) a démarré ce mode de vie. "Je me suis dit 'autant essayer aussi !. J'ai commencé à le mener de façon assez assidue : l'idée, c'était de jeûner une soirée sur deux", raconte-t-elle auprès de Medisite.

"Non seulement j'ai commencé àperdre du poids assez rapidement, mais surtout, je me sens moins ballonnée le matin en me levant. J’ai une sensation de légèreté !", révèle la jeune femme de 26 ans.

"J'ai perdu 5 kg très rapidement (en moins de deux mois), ensuite les 6 autres se sont perdus de manière beaucoup plus 'longue' : j'ai stagné pendant quelques mois, puis 3 kg se sont envolés d'un coup", décrit Victoria. "En un an, j’ai constaté une perte 8 kg en 1 an. Sur l’année suivante, les derniers kg se sont envolés. Au total,j’ai perdu 11 kg exactement. Cela fait 3 ans que je pratique le jeûne intermittent de manière assez assidue."

"Actuellement, mon poids s'est énormément stabilisé. Je ne perds plus systématiquement quand je jeûne, et ne prends pas systématiquement quand je mange. L'un complète l'autre", explique-t-elle. "Par ailleurs, j'apprécie davantage la nourriture et la déguste encore plus depuis que je ne mange plus les trois repas par jour. J'ai l'impression de pouvoir encore plus en profiter ou me faire plaisir sur les moments où je m'autorise à manger."

"Je ne prends pas de petit déjeuner depuis 5 ans"

"Je ne prends pas depetit-déjeuner depuis 5 ou 6 ans. Je pratique donc le jeûne intermittent le matin et de temps en temps le soir", indique Mickael. "Je n’ai pas commencé par envie de perdre du poids, mais simplement parce que je n’avais pas l’habitude de prendre le temps de manger le matin."

"Aujourd'hui, corps ne me réclame rien jusqu’à midi. Au niveau des bienfaits, je ressensune certaine légèreté, un ventre plus plat. Je dors mieux et surtout, je constate moins deronflements. Ces premiers bienfaits sont apparus très rapidement, en quelques jours seulement", décrit l'homme de 46 ans.

"La sensation de légèreté m’a motivée pour battre mes records dans mes sports. En combinant le jeûne intermittent avec le sport, j’ai perdu entre 8 et 10 kg."

"Le jeûne augmente l’espérance de vie"

Bon pour le cœur, contre le diabète ou pour le foie... Le jeûne intermittent possède de nombreuses vertus santé et pourrait, par conséquent, augmenter votre espérance de vie. "Vais-je vivre jusqu’à 120 ans en pratiquand le jeûne ? Probablement pas", révèle Anthony J. Yeung. "Mais les recherches suggèrent qu'il serait susceptible de ralentir le vieillissement et donc, d’augmenter votre espérance de vie."

"J’ai récemment lu une étude, menée sur trois ans dans une maison de retraite, qui révélait que le jeûne réduisait les décès et les maladies", indique-t-il auprès du média américain Eat This Not That. Toutefois, même si celui-ci s’avère particulièrement bénéfique pour la santé, le jeûne n’est pas adapté à tout le monde et possède des contre-indications.

"Tout le monde ne peut pas faire le jeûne intermittent"

"Il m'est déjà arrivé que des proches s’énervent lorsque je dis que je jeûne", signale l’adepte. "C’est normal, tout le monde a appris que le petit-déjeuner était le repas le plus important de la journée et qu’il est primordial de manger trois fois par jour. En fin de compte, le jeûne intermittent n'est pas pour tout le monde."

Toutefois, l’avantage de ce mode de vie, c’est qu’il est facilement adaptable. "Le jeûne nocturne consiste à redonner un rythme cohérent à son corps, il est donc plus durable, et certaines personnes l’adoptent tout au long de l’année", explique Romain Vicente auprès de Medisite.

En fin de compte, "c'est à vous de décider ce qui convient le mieux à votre style de vie", conseille Anthony J. Yeung. "Mais il est toujours judicieux de parler avec votre médecin avant de commencer le jeûne." En effet, le jeûne intermittent possède des contre-indications. Selon Romain Vicente, ne commencez pas le jeûne intermittent si :

  • Vous avez une insuffisance hépatique ;
  • Vous avez un diabète de type 1 ;
  • Vous avez de l’hyperthyroïdie ;
  • Vous avez un IMC trop bas ;
  • Vous avez des carences importantes et des troubles du comportement alimentaire ;
  • Vous êtes angoissé à l’idée de jeûner. "Trop de stress pourrait annihiler les effets positifs de ce régime alimentaire", indique le naturopathe.

Par ailleurs, le spécialiste déconseille également les personnes très âgées, ou fatiguées après une sortie de grippe de pratiquer le jeûne. "Pour ce qui est des femmes enceintes et des enfants, le jeûne intermittent peut être pratiqué sous certaines conditions." Si vous prenez des médicaments, il est plus prudent de consulter votre médecin avant de vous lancer.

Sources

https://www.eatthis.com/tips-from-intermittent-fasting-for-10-years/

Merci à Romain Vicente, naturopathe et auteur de Je jeûne ! (éd. Eyrolles)

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32060194/

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3511220/

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15640462/

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16529878/

Merci à Eva, Victoria et Mickael pour leur témoignage

https://theconversation.com/yes-intermittent-fasting-can-boost-your-health-but-how-and-when-to-restrict-food-consumption-is-crucial-197170

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