Quels sont les alcools qui augmentent le plus la glycémie ?Adobe Stock
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L’importance de maintenir une glycémie stable tout au long de la journée - que ce soit pour la santé, le poids ou le bien-être - n’est plus à démontrer. Les pics de glycémie favorisent le stockage des graisses par le biais de l’insuline, et entretiennent les fringales de sucre en provoquant une hypoglycémie réactionnelle. À long terme, ces variations de glycémie sont susceptibles de fatiguer le pancréas et de favoriser l’apparition d’un diabète de type 2, lui-même à l’origine d’un surpoids et d’une augmentation des risques cardio-vasculaires.

Glycémie : attention à l’alcool

Le sucre n’est pas le seul nutriment à limiter pour garder une glycémie stable. L’alcool peut lui aussi faire grimper au plafond le taux de glucose sanguin.

"Lorsque l’on boit une boisson alcoolisée, l’alcool absorbé par l’organisme est rapidement métabolisé par le foie, et transformé en sucre au niveau du sang", explique Raphaël Gruman. Plus une boisson est riche en alcool, plus elle élève rapidement et fortement la glycémie. "Autre valeur à prendre en compte : la teneur en sucre de ces boissons alcoolisées, qui vient s’ajouter à leur teneur en alcool pour potentialiser le pic de glycémie", ajoute le nutritionniste.

Enfin, la taille des portions consommées entre également en ligne de compte, puisqu’en toute logique, plus un verre est grand, plus il contient de sucre et d’alcool, et donc plus rapidement, il fait monter la glycémie. "Il faut donc comparer les alcools en fonction de la taille des portions usuelles consommées : à savoir un ballon de vin, une flûte de champagne, une tasse de cidre, un demi de bière ou un fond de whisky", détaille Raphaël Gruman.

En prenant en compte ces trois facteurs, voici donc les 4 boissons alcoolisées qui provoquent la plus forte et rapide élévation du taux de sucre dans le sang.

Les cocktails : de vraies bombes glycémiques

Préparés à base de soda, de jus de fruit et/ou de sirop de sucre, associés à un ou plusieurs alcools forts, les cocktails alcoolisés sont indiscutablement les pires boissons pour la glycémie. Parmi eux, la Pina Colada faite de crème de coco, de jus d’ananas et de rhum, se place en tête de liste. Elle est suivie de près par le Russe Blanc (white Russian) confectionné à base de vodka, de liqueur de café et de crème, lui-même talonné par le Long Island Iced tea qui cumule vodka, rhum, triple sec, tequila et gin, le tout rehaussé d’une rasade de cola.

Ces cocktails ont en outre l’inconvénient de se boire très facilement - le goût du sucre masquant celui de l’alcool - et le risque est donc de ne pas se limiter à un verre. De quoi faire littéralement exploser la glycémie… et l’alcoolémie au passage.

Les liqueurs ou « crèmes » : l’équivalent de 8 morceaux de sucre

Ces boissons spiritueuses sont élaborées par aromatisation d'une base alcoolique à l'aide de fruits, de plantes, de produits laitiers ou d’œufs. Elle peut être faite par différents procédés, dont la macération ou l'infusion et par addition de sucre ou de miel. Généralement dégustées en fin de repas, à la façon d’un digestif, ces liqueurs cumulent un taux d’alcool élevé (25 à 30 degrés) et une très forte teneur en glucides.

Chartreuse, Génépi, Limoncello, Baileys, Crème de cassis et autres Amaretto apportent ainsi en moyenne plus de 40 g de sucre aux 100 g, à savoir l’équivalent de 8 morceaux de sucre ! Ils sont à fuir pour quiconque souhaite éviter un excès de glucides.

La bière : une des boissons les plus nocives pour la glycémie

Sous ses airs innocents de boisson modérément alcoolisée, la bière fait pourtant partie des boissons les plus nocives pour la glycémie. "Certes, elle est moins titrée en alcool que beaucoup d’autres boissons, mais elle est faite à partir de céréales - le houblon - et est donc très glucidique", révèle le nutritionniste.

Par ailleurs, les q uantités consommées sont plus importantes que toutes les autres boissons alcoolisées, puisque les portions standards sont le demi (250 ml) et la pinte (500 ml) soit deux à quatre fois plus que les autres : ballon de vin, coupe de champagne et verre de cocktail.

Mention spéciale pour certaines bières qui contiennent du sirop de glucose, du sucre ajouté ou du caramel en plus du houblon, ce qui augmente encore leur capacité à faire grimper le taux de sucre sanguin.

Hyperglycémie : méfiance avec les vins moelleux et liquoreux

Le Sauterne, le Monbazillac ou encore le Muscat font partie des vins dits moelleux, voire liquoreux. Bien que leur titrage en alcool soit modéré (12 à 14 degrés), ils contiennent 10 à 45 g de sucre par litre, soit bien plus qu’un vin sec qui en contient moins de 2 g.

Les vins moelleux et liquoreux sont obtenus à partir de raisins blancs et plus rarement de raisins noirs, et sont élaborés à partir de grains récoltés en sur-macération ou ayant atteint la pourriture noble. Au cours de ce processus, le raisin perd de l’eau et se concentre donc en sucre, d’où leur teneur élevée en glucides. On leur préfère un vin sec, tel qu’un chardonnay, un sauvignon ou encore un chablis, quasiment dépourvus de sucre, mais tout aussi savoureux.

Et les alcools qui augmentent le moins la glycémie ?

Sur la première marche du podium des alcools qui élèvent le moins la glycémie : le cidre de pomme. Avec ses 3 à 5 degrés d’alcool et sa faible teneur en sucre, il peut être dégusté sans culpabilité - mais toujours avec modération ! - par quiconque surveille sa ligne et se préoccupe de sa santé. "À plus forte raison lorsqu’il est brut, le cidre est de loin l’alcool le moins nocif pour la glycémie", assure Raphaël Gruman.

Viennent ensuite tous les vins secs - qu’ils soient rouges, blancs ou rosés - et le champagne, qui sont des alcools modérément caloriques et presque exempts de sucre.

Pour un effet encore plus limité sur la glycémie, on veille à ne pas les déguster à jeun, mais au cours d’un repas, pour que les autres nutriments - protéines, lipides et glucides - ralentissent l’absorption du sucre et de l’alcool.

Attention à l’addiction !

Outre le fait que l’alcool fasse monter la glycémie, il est surtout très addictif et nocif lorsqu’il est consommé en excès. En France, l’alcool est responsable chaque année de quelque 49 mille décès prématurés.

Pour limiter ses méfaits, il est souhaitable de suivre quelques recommandations. "Pas plus de 2 verres par jour pour une femme et 3 pour un homme, en veillant à observer 2 jours au moins par semaine sans alcool", insiste Raphaël Gruman.

Au cours d’une soirée exceptionnelle, on pense toujours à alterner un verre d’alcool et un verre d’eau, et pour éviter les risques d’intoxication, on ne dépasse jamais 4 verres maximum dans la soirée.

Alcool : comment il impacte votre comportement ?

Capacités de mémoire, contrôle des impulsions... L'alcool a de lourdes conséquences sur notre comportement. Selon une étude publiée dans le Journal of Psychopharmacology publiée en juillet 202, les personnes buvant beaucoup d’alcool ont de moins bonnes performances en termes de stratégie, de capacité organisationnelle et de contrôle des impulsions. Par ailleurs, “la consommation dangereuse d'alcool entraîne une altération auto-déclarée de la mémoire et des fonctions exécutives (c’est-à-dire l'ensemble des processus mentaux que met en œuvre une personne pour gérer ses comportements lors d'une situation nouvelle qui nécessite de résoudre un problème)”, estime Cathy Montgomery, auteure de l'étude. Elle précise que même les personnes non dépendantes au départ peuvent développer une relation compulsive envers l'alcool. "Cela peut être associé à des modifications de la fonction neurocognitive, ce qui peut aussi affecter la vie de ces individus au quotidien et entraîner une augmentation, ou une moins bonne maîtrise de leur consommation d'alcool", ajoute la spécialiste.

Diabète et consommation d'alcool : quelques conseils préventifs

Les personnes souffrant de diabète doivent faire particulièrement attention à leur consommation d'alcool du fait des variations glycémiques qu'il provoque. Voici quelques conseils préventifs :

  • Boire l’alcool lentement ;
  • Ne jamais consommer d'alcool l’estomac vide ;
  • Toujours avoir un supplément de sucre avec vous ;
  • Informer les personnes qui vous accompagnent des symptômes d’hypoglycémie. En effet, ces derniers peuvent ressembler à ceux de l’ivresse
  • Informer vos proches quoi faire en cas de problème (appel au 15 en cas de doute) ;
  • Mesurer sa glycémie plus souvent (sans oublier de le faire au moment du coucher) ;
  • Prendre une collation supplémentaire au coucher pour prévenir une hypoglycémie nocturne ;
  • Se lever à l’heure habituelle pour déjeuner le lendemain d’une soirée arrosée ;
  • Éviter l’alcool avant, pendant et après une activité physique.
Sources

Merci au nutritionniste Raphaël Gruman.

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