Movember : le mois pour prendre soin de la santé masculine
Chaque mois de novembre, les moustaches refleurissent pour une bonne cause : la santé masculine. Né en 2003 du pari de deux amis australiens de remettre la moustache au goût du jour, le mouvement Movember est devenu un symbole mondial de prévention. Son objectif : sensibiliser le public et financer la recherche sur les maladies qui touchent les hommes. En France, plus de 57 000 nouveaux cas de cancer de la prostate sont diagnostiqués chaque année. Derrière la moustache, un message clair : prendre soin de soi est aussi une affaire d'hommes.
Des examens essentiels pour une prévention active
La prévention commence par un suivi médical régulier. Un bilan de santé annuel, même en l'absence de symptômes, permet de contrôler des indicateurs clés : tension artérielle, poids, glycémie, cholestérol... Autant de données qui aident à détecter précocement un diabète ou une maladie cardiovasculaire.
L'auto-examen des testicules, recommandé dès l'adolescence, reste un geste simple mais déterminant : il aide à repérer rapidement une anomalie. Le cancer du testicule, le plus fréquent chez les jeunes hommes entre 15 et 35 ans, peut ainsi être dépisté à un stade précoce.
Concernant la prostate, le dépistage est recommandé à partir de 50 ans, ou dès 45 ans en cas d'antécédents familiaux. Il repose sur un dosage sanguin du PSA et un toucher rectal, deux examens simples qui peuvent sauver des vies.
Enfin, dès 50 ans, le dépistage du cancer colorectal doit également faire partie des réflexes santé : un test simple et gratuit, réalisable à domicile, permet une détection précoce.
Santé mentale : comment briser le silence ?
La santé, ce n'est pas que le corps. En France, les hommes représentent 75 % des décès par suicide, mais seulement 25 % des consultations psychologiques. Ce décalage alarmant révèle une crise silencieuse. Les stéréotypes de virilité - force, contrôle, stoïcisme - freinent encore l'expression des émotions et la demande d'aide. Par peur de paraître faibles, beaucoup d'hommes taisent leur souffrance. Or, en parler, c'est déjà agir.
Encourager le dialogue et déconstruire ces tabous est essentiel. Les proches jouent un rôle clé : savoir comment inciter un homme à consulter ou simplement ouvrir la discussion peut tout changer. Consulter un médecin généraliste peut être une première étape simple avant un suivi psychologique. En cas d'urgence ou de pensées suicidaires, le 3114 (numéro national de prévention du suicide) est disponible 24h/24, gratuit, et confidentiel.
Ces symptômes atypiques qui masquent la détresse
La dépression masculine se manifeste souvent autrement que chez les femmes, ce qui complique son diagnostic. Au lieu de la tristesse ou de l'abattement, les premiers signes peuvent être l'irritabilité, des accès de colère, une agressivité inhabituelle ou encore des comportements à risque : consommation d'alcool, conduite dangereuse, isolement social... Ces signes dits "atypiques" traduisent souvent une souffrance profonde. Les repérer, c'est déjà aider.
Le rôle des proches
Les partenaires, amis ou collègues peuvent jouer un rôle clé dans la prévention. Repérer un changement d'humeur, encourager à consulter ou proposer une activité physique commune sont autant de gestes simples qui peuvent sauver une vie. Le dialogue bienveillant, sans moquerie ni pression, reste la meilleure porte d'entrée.
Les signes physiques à ne jamais ignorer
Fatigue persistante, mictions fréquentes, douleurs dorsales... Certains signes d'alerte ne doivent pas être pris à la légère. Ils peuvent concerner :
- Le système urinaire : besoin pressant d'uriner, surtout la nuit, jet faible, difficulté à commencer la miction...
- Les anomalies visibles : présence de sang dans l'urine ou le sperme, perte de poids inexpliquée, fièvre persistante...
- Les douleurs : au niveau du dos, des hanches ou du bassin, voire un inconfort en position assise.
Ces symptômes ne sont pas de simples effets du vieillissement : ils peuvent signaler une infection, un diabète ou un cancer. Mieux vaut consulter trop tôt que trop tard.
Les piliers d'un mode de vie durable
Dépistage, oui, mais aussi prévention au quotidien. Trois piliers soutiennent une santé durable :
- Bouger : pratiquer au moins 30 minutes d'exercice modéré par jour réduit significativement le risque de maladies cardiovasculaires et d'hypertension. L'activité physique régulière stimule aussi la production naturelle de testostérone, essentielle à la vitalité, à la masse musculaire et à la libido masculine.
- Bien manger : privilégier les fruits, légumes, poissons gras, légumineuses et protéines de qualité, tout en limitant le sel, le sucre et les graisses saturées.
- Bien dormir : dormir sept à huit heures par nuit favorise la récupération, l'équilibre hormonal et la stabilité émotionnelle.
Adopter ces habitudes simples est le meilleur investissement santé à long terme.
Movember rappelle qu'une moustache peut être bien plus qu'un style : c'est un symbole de santé, de solidarité et de prise de conscience. Ce mois-ci, laissez pousser la vôtre, prenez rendez-vous pour un bilan et parlez-en autour de vous. Parce qu'une simple discussion peut, elle aussi, sauver des vies.
Sources :
Bulletin national sur les conduites suicidaires en France, bilan 2024, Santé publique France
Enquête Yougov pour Psychologies (2020)
