50 ans et plus : faites-vous partie de la génération sandwich ?
Coincés entre leurs parents vieillissants et leurs enfants adultes, parfois eux-mêmes jeunes parents, les membres de la "génération sandwich" se trouvent face à une double responsabilité écrasante. Cette pression constante, souvent invisible, génère une surcharge mentale et un risque élevé de burnout. Plus de 9 millions de Français sont des aidants selon la dernière enquête de la Direction de la recherche des études de l’évaluation et des statistiques (DREES), daté de 2023 : ils apportent une aide régulière à un proche, le plus souvent un parent vieillissant. Un phénomène accentué par le vieillissement de la population et qui n’est pas près de s'essouffler, alors même qu’il est largement méconnu, parfois par les aidants eux-mêmes. “Le pourcentage de proches aidants culmine aux alentours de 60 ans : entre 55 et 64 ans, une personne sur quatre est concernée, indique la DREES L’aide régulière apportée peut prendre la forme d’une aide dans les activités de la vie quotidienne, d’un soutien moral ou d’une aide financière”. Or, c’est aussi un âge où l’on aide encore aussi beaucoup ses propres enfants, ce qui conduit à ce que l’on appelle la “génération sandwich”.
Un fardeau invisible aux conséquences lourdes
Le profil type de la génération sandwich concerne les adultes de 45 à 65 ans, majoritairement des femmes qui représentent environ 60 % des aidants. Cette charge s'étend parfois aux petits-enfants, transformant le phénomène en "génération club sandwich". Les répercussions sur la santé sont directes : les femmes dans cette situation présentent 2 à 3 fois plus de symptômes de stress chronique.
L'impact déborde largement la sphère privée. Car ces quadragénaires ou quinquagénaires pris en sandwich entre leurs enfants et leurs parents sont aussi actifs. Un sondage Audencia - Malakoff Humanis de septembre 2024 montre que 62 % des salariés pivots estiment que leur rôle d'aidant affecte leur capacité à gérer leur travail. L'épuisement de l'aidant familial qui s'occupe de ses parents et de ses enfants n'est plus une simple fatigue passagère, mais un enjeu de santé publique. "On demande à cette génération d’être parent parfait, enfant parfait, salarié parfait. Personne ne peut tenir une vie où il faut être trois personnes en même temps, constate Christian Richomme, psychanalyste. Dans cette génération, on aide par amour, mais on s’épuise par silence. Ce qui abîme, ce n’est pas d’aider : c’est de ne plus avoir d’endroit où se déposer soi-même."
Repérer les signaux d'alerte du burnout
L'épuisement s'installe souvent insidieusement, masqué par un sentiment de devoir et de culpabilité. Les premiers signaux sont psychologiques : une impression d'être constamment débordé, une irritabilité croissante, une impatience inhabituelle et un sentiment de ne jamais en faire assez. L'isolement social progressif est un autre symptôme majeur, lorsque les activités personnelles et les loisirs sont sacrifiés. Une bonne gestion de la charge mentale est cruciale pour cette génération pivot, car le syndrome de la génération sandwich mène à un épuisement qui se manifeste aussi physiquement. Une fatigue chronique que le sommeil ne répare plus, des troubles de l'appétit ou l'apparition de divers problèmes de santé sont des alertes que le corps envoie et qu'il ne faut pas ignorer.
Des stratégies concrètes pour ne pas sombrer
Pour éviter de sombrer, la première étape est de briser le tabou et de communiquer. Organiser une réunion de famille pour exposer clairement la situation, les besoins et les contraintes permet de transformer la charge individuelle en un projet d'équipe, aussi bien pour ce qui concerne les aînés que pour les enfants. La délégation est indispensable : il faut identifier les tâches qui peuvent être réparties entre la fratrie ou confiées aux enfants adultes. L'utilisation d'un agenda partagé ou d'une application de planification peut aider à centraliser les rendez-vous et à visualiser la répartition des efforts, allégeant ainsi la pression mentale. "Les membres de la génération sandwich ne vivent pas seulement une double charge : ils vivent une double loyauté. Et cela épuise bien plus que les tâches du quotidien, nous explique encore Christian Richomme. Pour prévenir l’épuisement, il ne suffit pas de s’organiser : il faut aussi s’autoriser. S’autoriser à demander de l’aide, à dire non, à se reposer."
Poser des limites en tant qu'aidant auprès de parents vieillissants et d'enfants adultes n'est pas un signe d'égoïsme, mais un acte de préservation vital. Il est essentiel de s'accorder un droit au répit. Alors que le gouvernement vient d’annoncer qu’il reconduisant la santé mentale comme grande cause pour 2026, il est important de prévenir le burnout de l'aidant.
Quelles pistes concrètes peuvent aider ? S’octroyer des moments pour soi, même courts, est fondamental. Intégrer des activités anti-stress comme la marche, la méditation ou simplement un temps de lecture peut faire une différence significative. Enfin, il faut accepter de ne pas être parfait et solliciter de l'aide extérieure, qu'elle vienne de professionnels de santé ou de services d'aide à domicile. Reconnaître ses propres besoins est la condition pour pouvoir continuer à prendre soin des autres durablement.