"Ça me foutait la vie en l’air" : Alain Souchon, 81 ans raconte ses années de souffrance avec la migraine
"J’ai passé toute mon adolescence à souffrir", confie Alain Souchon, invité au Sommet francophone de la migraine qui s’est tenu le 20 septembre à Paris. Comme près de 15 % de la population adulte de l’Hexagone, le chanteur français vit avec la migraine. Une maladie qui a agi comme un vrai séisme dans son quotidien dès sa plus tendre enfance.
Parce que même si la majorité des migraines se déclarent entre 20 et 50 ans, la star de la variété française a fait la connaissance de ces terribles douleurs à l’âge de cinq ans seulement. "J’étais tout petit. Elles apparaissaient surtout en été quand il y avait du soleil. Ça me foutait la vie en l’air. Je restais toute la journée dans le noir sans pouvoir rien faire", se souvient-il.
"Je ressentais une grande fatigue, un mal de tête violent dû à la lumière. Mais le plus insupportable, c’était cette envie de ne rien faire. Avoir juste envie de dormir mais ne pas réussir à fermer les yeux"
Une maladie qui a marqué son adolescence
Rien d’alarmant pour sa famille qui souffre également du même mal. "Ma grand-mère avait cette maladie, tout comme mon père. Elle se transmet de génération en génération", livre-t-il. "Ils m’envoyaient me coucher dans le noir avec un gant de toilette sur la tête."
Mais les symptômes sont bien plus qu’un simple mal de tête. "Je ressentais une grande fatigue, un mal de tête violent dû à la lumière. Mais le plus insupportable, c’était cette envie de ne rien faire. Avoir juste envie de dormir mais ne pas réussir à fermer les yeux. Je pouvais rester des heures à attendre que ça passe. Et puis les vomissements. Moi, je vomissais tout le temps."
La honte et l’incompréhension médicale
Il voit alors des tas de médecins différents sans trop de solution à son problème. Il faut dire que durant de nombreuses années, la migraine a été sous-estimée, y compris dans le monde médical. "J’étais honteux d’avoir cette maladie parce qu’on passe pour une chochotte qui a mal à la tête."
Un jour, il fait la connaissance d’un spécialiste qui s’intéresse de plus près à son cas. "Il a étudié de près cette maladie neurologique et m’a donné un bêtabloquant. Dans mon cas, ce traitement a été très bénéfique." Selon la Société française d’études des migraines et des céphalées, les bêtabloquants peuvent être proposés surtout si le stress est un élément déclencheur de la crise.
Les années passent et les migraines s’estompent, mais réapparaissent dans des moments d’anxiété importants. "Les émotions très fortes pouvaient me déclencher une migraine. Et donc à certains moments, sur les tournages, je pouvais être mal. Mais ce n’était pas la majorité du temps, heureusement." Dans son autobiographie Alain Souchon : La vie, c’est du théâtre et des souvenirs, parue aux éditions L’Archipel en avril 2024, le chanteur se confie sur l’impact sur sa profession. "Il y a vingt ans, à Saint-Quentin, j’ai chanté avec une forte migraine. Un cauchemar."
Un message pour mieux faire reconnaître la migraine
Toute la jeunesse d’Alain Souchon s’est trouvée malmenée par ces crises qui, comme il le dit bien, ne préviennent pas. "Ça m’a paralysé dans tout mon quotidien. Quand j’étais adolescent et que j’avais rendez-vous avec une fille, parfois je n’arrivais pas à y aller." Mais à partir de 50 ans, plus rien. Elles disparaissent. "C’est génial, ça donne envie de vieillir", sourit-il.
Pour l’interprète de Foule sentimentale, il est important de rappeler que cette maladie ne touche pas uniquement les femmes. Environ 25 % d’hommes sont concernés, mais restent dans l’ombre. Et c’est en parlant que la prise en charge peut évoluer. "Les médecins doivent aller voir les hommes politiques et en parler, comme quoi cette maladie est un problème de société important. Il faut que l’on considère la migraine comme une maladie, une vraie."
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Rencontre avec Alain Souchon lors du Sommet francophone de la migraine.