Ni mycose ni aphte : tout savoir sur le lichen plan buccal
Il ressemble à s'y méprendre à une infection fongique, et pourtant, le lichen plan oral n'a rien d'une mycose. Cette affection inflammatoire chronique des muqueuses est en réalité une maladie auto-immune où les lymphocytes T, censés nous protéger, s'attaquent par erreur aux cellules de la bouche. Elle affecte environ 1 à 2 % de la population, ciblant majoritairement les femmes après 40 ans. Comprendre la différence entre lichen plan, candidose et aphte est la première étape vers une prise en charge adaptée. Contrairement au muguet (candidose) dont l'enduit blanchâtre se détache au grattage, les lésions du lichen sont fixes. De même, alors qu'un aphte classique cicatrise spontanément en une dizaine de jours, le lichen s'installe dans la durée, alternant poussées et rémissions.
Repérer les lésions : l'aspect visuel décisif
Le diagnostic clinique repose souvent sur l'observation minutieuse de la muqueuse. La forme la plus courante et la plus évocatrice se manifeste par l'apparition de stries de Wickham dans la bouche. Il s'agit de fines lignes blanchâtres entrelacées, évoquant de la dentelle ou une feuille de fougère, généralement situées sur la face interne des joues. Curieusement, c'est cet aspect réticulé rappelant les organismes végétaux sur les rochers qui a donné son nom à la maladie. Cependant, la vigilance doit être accrue face aux formes érosives. Celles-ci se présentent sous l'aspect de plaques rouges vives, parfois ulcérées et particulièrement douloureuses, rendant l'alimentation pénible. La variété des symptômes du lichen plan buccal peut dérouter, allant d'une simple gêne à une sensation de brûlure intense au contact d'aliments épicés ou acides.
Confirmer le diagnostic : le rôle du spécialiste
Face à une lésion buccale persistante, un dermatologue ou un stomatologue doit être consulté rapidement. Si le médecin généraliste ou le chirurgien-dentiste sont souvent les premiers à suspecter l'affection, la confirmation nécessite parfois une expertise plus poussée. L'examen clinique suffit généralement, mais une biopsie peut être indispensable pour écarter d'autres pathologies ou confirmer une forme complexe. Il est important de noter que l'on ne guérit pas définitivement de cette affection chronique. Les protocoles de traitement du lichen plan oral visent avant tout à contrôler l'inflammation et à soulager la douleur lors des poussées, tout en insistant sur une hygiène bucco-dentaire irréprochable et la réduction des facteurs aggravants comme le stress.
Surveiller l'évolution : une vigilance impérative
Bien que la majorité des cas restent bénins, le lichen plan oral est classé par l'OMS comme une affection potentiellement maligne. Le risque de cancer associé au lichen plan oral (carcinome épidermoïde) est faible, mais réel, concernant principalement les formes érosives et anciennes. Cette réalité impose un suivi médical régulier et rigoureux. Les recommandations actuelles préconisent un examen de contrôle tous les six mois pour surveiller l'aspect des muqueuses. Toute modification de la texture, apparition d'une induration ou persistance d'une plaie doit immédiatement vous alerter.