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Habituellement, la charge virale du Covid-19 commence à décliner rapidement à partir du septième jour de contamination selon la médecin Dominique Salmon, infectiologue à l'hôpital de l'Hôtel-Dieu à Paris et présidente du COREVIH Ile-de-France Sud. Elle explique dans le JDD ce jeudi 10 décembre que "plusieurs articles ont cependant décrit des cas de persistance du virus au niveau du rhinopharynx". Une persistance virale qui peut parfois se prolonger pendant plusieurs mois, en particulier chez les sujets ayant développé une forme sévère du Covid-19, âgés ou dont le système immunitaire ne fonctionne pas correctement.

La médecin précise que d'autres études ont également démontré que chez certains patients, un ou plusieurs symptômes peuvent persister plusieurs semaines, voire des mois après le déclenchement de la maladie, même après une infection peu sévère. L'infectiologue assure qu'en mai 2020, elle a ouvert à l'Hôtel Dieu de Paris une consultation appelée "post Covid", spécifiquement destinée à ces patients atteints par de telles "formes longues" de Covid-19. Ses résultats présentés lors de la première conférence sur la Covid-19 de la Société européenne de Microbiologie clinique et des Maladies infectieuses, et publiés dans la revue spécialisée Journal of Infection le 2 décembre 2020, avaient pour objectif de décrire le profil clinique et virologique de patients présentant des symptômes prolongés.

Reproduction du virus, réinfection ou réponse immunitaire inadapatée ?

Après une consultation sur 113 patients, plusieurs hypothèses ont pu être émises sur les raisons de la persistance du virus. Selon Dominique Salmon, la première hypothèse serait que le virus reste présent chez certains patients, en se reproduisant ou non soit au niveau des sites usuels (le rhinopharynx, le tube digestif), soit à d'autres endroits de l'organisme. La seconde hypothèse avancée est que le virus ait pu se diffuser de cette zone vers des endroits difficilement accessibles à la recherche de la Covid-19, tels que d'autres cellules situées ailleurs dans l'organisme et portant le récepteur ACE2, qui permet l'entrée virale.

La possibilité d'une réinfection par le SARS-CoV-2, bien que rare, est aussi évoquée, même si elle apparaît encore exceptionnelle. Il a aussi été avancé l'hypothèse d'une réponse immunintaire inadaptée de certains malades, du fait d'un terrain génétique particulier. Chez eux, des réponses immunes excessives et inadaptées se développeraient, autrement dit leur système immunitaire s'attaquerait à leur propre organisme.

Comme le rapporte Science Post, le centre hospitalier de Tourcoing coordonne également une étude sur le sujet. Baptisée Cocolate, celle-ci se met progressivement en place en accueillant ses premiers patients. L’objectif est d’identifier les causes de la persistance de symptômes chez certains malades, parfois plusieurs mois après la maladie. Le Dr Olivier Robineau, du service des maladies infectieuses du CH Dron", assure que "la fatigue, le brouillard cérébral (difficultés de concentration et de mémorisation), la sensation d’essoufflement, les douleurs thoraciques, musculaires et articulaires sont les symptômes les plus fréquemment rapportés". Il précise que les recherches vont s’étendre progressivement à une vingtaine d’hôpitaux pour permettre le suivi d’un millier de patients. Les médecins sont donc mobilisés pour découvrir les causes du "Covid long" comme on l'appelle désormais.

Sources

Clinical, virological and imaging profile in patients with Persistent or Resurgent forms of COVID-19 : a cross-sectional study, 2 décembre 2020. 

Covid-19 : ce que l'on sait sur les formes longues de la maladie, JDD, 10 décembre 2020. 

"Covid long" : des études pour comprendre, Destination Santé, 10 décembre 2020. 

mots-clés : études
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