Derrière l’appellation "2,4-Dinitrophénol (DNP)", se cache un poison mortel, vendu sur Internet comme un produit aux prétendues vertus amaigrissantes. Illégal, ce brûle-graisse est dangereux et ses risques connus depuis plus d'un siècle.

Le DNP cause des effets indésirables graves et peut causer le décès. En 2015, Interpol avait émis une alerte mondiale à son égard. Un jeune étudiant vient d’en faire les frais. À 20 ans, Matteo est décédé à l’hôpital de Rennes pour avoir consommé du DNP. Il espérait perdre du poids pour améliorer sa santé, révèlent nos confrères du Parisien aujourd’hui.

Ses parents, qui ignoraient qu’il prenait du DNP, expliquent que leur enfant souffrait d’une accélération du rythme cardiaque, d’essoufflements, de diabète, d’insomnie et d’un problème de thyroïde. Des désagréments sans doute liés à un surpoids.

Décès, cataracte, dommages au cœur… Le DNP n’est pas sans danger

Le DNP est un produit chimique utilisé comme explosif, engrais, pesticide et colorant. S’il est considéré comme un "brûleur de graisse", c’est parce qu’il agit en accélérant le métabolisme dans l’organisme. Concrètement, il court-circuite le processus naturel de production d’énergie. Le DNP réoriente le fonctionnement de la mitochondrie (les mitochondries sont des organites intracellulaires dont la fonction principale est de fournir aux cellules l'énergie dont elles ont besoin, ndlr) qui, au lieu de produire de l’ATP, produit de la chaleur - c’est la thermogenèse.

C'est ainsi que ce processus favorise l'élimination des corps gras et brûle des calories. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que le DNP était utilisée dans les années 1930 comme complément alimentaire, aides diététiques, boissons protéinées, potions, poudres et comprimés promettant perte de poids et construction musculaire.

La Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) avait également alerté sur les effets dangereux du DNP. D'après des données de la Food Standards Agency (FSA), l'organisme de surveillance de la sécurité alimentaire du Royaume-Uni, de nombreuses personnes décèdent après avoir pris du DNP et ceux qui ont survécu ont souffert de cataractes, ainsi que de dommages durables au cœur et au système nerveux.

Entre 2007 et 2020, le National Poisons Information Service du Royaume-Uni a enregistré 138 cas d'empoisonnement et 26 décès causés par le DNP.

Photo : à quoi ressemble le DNP ?

Vous le reconnaîtrez grâce à sa couleur jaune et à son format qui varie entre la poudre, les capsules - faciles à avaler - ou bien encore la crème. Lorsque le DNP est commercialisé sous forme de pilule, il ressemble de près à des analgésiques en vente libre.

Les annonces dont il faut vous méfier

Certains sites web frauduleux et peu fiables doivent vous mettre la puce à l'oreille. Méfiez-vous de ceux qui font la promotion de cette substance nocive via des compléments alimentaires, des coupe-faim ou encore des comprimés "miracles" qui promettent de perdre beaucoup de poids en peu de temps...

Et si vous êtes un adepte des régimes et produits amincissants, prenez garde à toujours vérifier la composition de ces derniers. Elle peut être très aléatoire en fonction des fabricants.

DNP : les laboratoires clandestins n’appliquent aucune réglementation en matière d’hygiène

"Si cette substance est déjà dangereuse en soi, les risques liés à son utilisation sont amplifiés par ses conditions de production illégales. Le DNP est non seulement produit dans des laboratoires clandestins n’appliquant aucune réglementation en matière d’hygiène, mais les fabricants exposent également les consommateurs à un risque accru d’overdose du fait de leur absence de compétences spécialisées", alerte Interpol dans un communiqué.

Quels sont les symptômes d’une intoxication au DNP ?

Parmi les manifestations d'une intoxication aiguë orale au 2,4-dinitrophénol, on retrouve : "apathie, perte d'activité et d'appétit, soif, oligurie (raréfaction du volume des urines, ndlr), respiration rapide et profonde, tachycardie et létalité avec fièvre terminale", peut-on lire dans un document de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS).

"Une fois que le DNP est actif […] aucun moyen de l’arrêter"

"Une fois que le DNP est actif dans l'organisme, on n'a aucun moyen de l'arrêter. Il n'y a pas d'antidote. Une dose chez quelqu'un n'entraîne pas les mêmes effets chez un autre", précise de son côté au Parisien le Dr Alain Baert, spécialiste en médecine légale et en toxicologie au CHU de Rennes.

Un professeur de pharmacologie clinique à l'Université de Newcastle, interviewé par le média "The Guardian" expliquait que "vous pouvez passer du bien au critique au mort en quelques heures. Ce qui commence par la transpiration, une température élevée et un rythme cardiaque rapide peut rapidement évoluer vers des spasmes musculaires, des convulsions et une défaillance multi-organique. Le taux de mortalité est très élevé".

Sources

Matteo, mort pour avoir voulu perdre quelques kilos en consommant un brûle-graisse interdit, Le Parisien, 3 mars 2021

Savoir que cela pourrait vous tuer n'est pas dissuasif : le commerce mortel des pilules amaigrissantes, The Guardian, mardi 21 juillet 2020.

INTERPOL émet une alerte mondiale concernant un produit amaigrissant illégal potentiellement mortel, wada ama, 4 mai 2015.

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