Collyres et larmes artificielles : combien de temps les conserver ?
Il est impératif de connaître la date de péremption après ouverture de vos larmes artificielles et autres solutions ophtalmiques, car le risque de contamination bactérienne et de perte d'efficacité est bien réel, et votre vue peut être en danger. La date imprimée sur la boîte de vos médicaments n'est qu'une indication partielle. Pour les produits ophtalmiques, cette échéance ne vaut que tant que le contenant n’est pas ouvert. Dès l'instant où vous brisez la protection stérile, un nouveau compte à rebours s'enclenche, souvent bien plus court que l'on ne l'imagine. La confusion entre la date de péremption du produit scellé et la date de péremption du collyre après ouverture est une erreur fréquente qui expose l'œil à des agents pathogènes extérieurs.
Durée de vie : comprendre la péremption réelle du produit
La norme la plus répandue dans l'industrie pharmaceutique est connue sous le nom de règle des 28 jours. Une fois le flacon débouché, la solution reste stable et stérile pendant quatre semaines maximum pour la majorité des flacons multidoses contenant des conservateurs. Passé ce délai, le liquide devient un milieu de culture idéal pour les germes. Cependant, cette durée n'est pas universelle et varie selon la composition chimique du médicament. Certains produits spécifiques exigent une élimination après seulement 15 jours. À l'opposé du spectre, les conditionnements en unidoses ne contiennent aucun agent conservateur. Ils doivent être jetés immédiatement après l'instillation, même s'il reste du liquide au fond de la dosette.
Flacon périmé : quels sont les risques ?
Le danger principal réside dans la prolifération microbienne. Une fois le système de protection rompu, l'air ambiant introduit des bactéries dans la solution. Ignorer le risque d'infection lié à un collyre périmé peut avoir des conséquences dramatiques. En 2023, une alerte sanitaire majeure aux États-Unis a mis en lumière ce risque : des larmes artificielles contaminées par la bactérie Pseudomonas aeruginosa ont provoqué des infections oculaires sévères, entraînant chez certains patients une perte de vision irréversible, et même un décès.
Outre le risque biologique, l'efficacité thérapeutique s'effondre avec le temps. L'oxydation et l'exposition à la lumière dégradent les principes actifs. Vous risquez ainsi d'utiliser un liquide inopérant sur une pathologie qui nécessite un traitement rigoureux, laissant l'infection ou l'inflammation progresser.
Conservation : adapter le stockage au type de flacon
La vigilance doit s'adapter à la technologie du récipient. Si les classiques flacons avec conservateurs obéissent généralement à la limite mensuelle, les innovations techniques changent la donne. Certains laboratoires ont développé des systèmes de pompe brevetés, comme le système COMOD®, qui empêchent l'air contaminé de pénétrer dans le réservoir. Cette technologie permet parfois de conserver un collyre sans conservateur après ouverture jusqu'à 6 mois. C'est une exception notable qui confirme que la lecture de la notice reste le seul moyen fiable de connaître la durée exacte de validité.
Gestes barrières : sécuriser l'application de vos gouttes
Pour minimiser les risques, l'hygiène doit être irréprochable au moment de l'administration. Il est impératif de se laver les mains avant toute manipulation. Une règle d'or prévaut : l'embout du flacon ne doit jamais entrer en contact avec l'œil, les cils ou la peau. Ce contact direct est la voie royale pour la contamination rétrograde du contenu. Pour bien utiliser vos gouttes ophtalmiques, pensez à noter la date d'ouverture directement sur le flacon au marqueur indélébile.