Attention à ces culottes, une étude révèle la présence de PFAS
Bon pour la planète et à risque pour la santé ? Décidément, les femmes n’ont aucun répit. La culotte menstruelle, cette alternative durable aux protections hygiéniques jetables, présente des substances toxiques, et pas n’importe lesquelles : les PFAS. Ce triste constat, rendu public par des chercheurs dans la revue scientifique Environmental Science & Technology Letters, a été publié le 22 juillet dernier.
L'étude a été réalisée sur cinquante-neuf produits menstruels et protections pour incontinence réutilisables, dont onze provenant du marché européen. En tout, près de 30 % des produits testés par des chercheuses et chercheurs de la Paul H. O’Neill School of Public and Environmental Affairs et de l’université de Notre Dame, aux États-Unis, présentent des concentrations en fluor supérieures à 110 parties par million (ppm). « Des niveaux compatibles avec une utilisation intentionnelle. »
Des composés qui pourraient franchir la barrière cutanée
« Ces seuils sont suffisamment élevés pour être préoccupants, d’autant plus que les culottes menstruelles sont portées pendant des heures à un endroit du corps où la peau est particulièrement fine », alerte Alyssa Wicks, chimiste et coautrice de l’étude.
Ces composés sont à la fois toxiques pour l’environnement, mais aussi pour la santé. « Des composés plus petits et plus volatils, qui pourraient franchir la barrière cutanée et finir dans le sang plus facilement », précise Graham Peaslee, chef du laboratoire à l’origine du projet, à l’université de Notre Dame (Indiana), et coauteur de l’étude, dans un article du journal Le Monde.
Une solution de facilité pour les industriels et non une nécessité
Le scientifique explique que ces taux résultent d'une volonté du fabricant de « rendre le tissu imperméable, antitache, ou pour que celui-ci semble plus sec au porté ». Pourtant, « rien ne justifie cette utilisation. C’est une solution de facilité, mais ce n’est pas une nécessité : on peut parfaitement rendre un textile imperméable sans en ajouter », déclare-t-il à Le Monde.
Pour rappel, les PFAS, ou substances per- et polyfluoroalkylées, ne se dégradent pas dans l’environnement. D'où leur surnom de « polluants éternels ». Les effets sur la santé humaine n'ont été que peu étudiés pour le moment. Cependant, certains travaux de recherche mettent en évidence un lien entre les PFAS et certaines pathologies comme l’obésité, la dyslipidémie (anomalies liées au taux de cholestérol) chez l’enfant, la puberté précoce, l’hypothyroïdie chez les femmes, le cancer des testicules et des maladies thyroïdiennes.
Les marques françaises qui ne sont pas concernées
Les produits testés par les chercheurs sont vendus majoritairement en Amérique du Nord, mais proviennent aussi d’Amérique du Sud et d’Europe. En France, la marque de lingerie Etam, qui commercialise des culottes et maillots de bain menstruels, a répondu au journal Le Monde que « tous les composants ont fait l’objet d’un test dédié par un laboratoire indépendant et qu’aucune irrégularité n’a été détectée au cours de ces tests ». Idem pour la marque française Réjeanne, qui affirme que ses produits « sont testés pour l’absence de substances nocives, y compris les PFAS réglementés ».
Alors que les protections réutilisables sont de plus en plus utilisées en France et dans toute l’Europe pour des raisons écologiques et financières, les auteurs de l’étude demandent aux fabricants plus de transparence sur les produits utilisés lors de la conception.