PFAS, effets, santéImage d'illustrationIstock
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Inconnus du grand public il y a quelques années, les PFAS apparaissent aujourd’hui comme une des pollutions les plus difficiles à combattre. Ils se retrouvent dans tout l'environnement : la terre, l'air et l'eau. Certains finissent indéniablement dans le corps humain. "Ils s'accumulent en particulier dans deux organes, le foie et les reins", précise à France Info le Dr Damien Mascret, médecin et journaliste pour France Télévisions. Ce qui n’est pas sans conséquences sur la santé humaine.

Surnommés polluants éternels, les PFAS, pour "substances per- et polyfluoroalkylées", regroupent près de 14 000 composés chimiques. Ils sont utilisés dans le secteur industriel qui en raffole depuis les années 1950. Les raisons : des propriétés antiadhésives , imperméabilisantes et résistantes aux fortes chaleurs.

Polluants éternels

Mais ce produit si merveilleux pour les industriels ne l’est pas vraiment pour l’environnement. Pour cause : ils ne se dégradent pas dans la nature. Ce qui suppose que ces PFAS déclarent résidence sur Terre pour quelques milliers d’années. À cela s’ajoute que ces polluants ont la capacité d'être mobiles et donc de se retrouver dans les moindres recoins de la planète et des êtres vivants. Ce qui en fait une crise environnementale et sanitaire majeure.

Les effets sur la santé humaine n’a été que peu étudiée pour le moment. Cependant, certains travaux de recherche mettent en évidence le lien entre les PFAS et certaines pathologies comme l’obésité, la dyslipidémie (anomalies liées au taux de cholestérol) chez l’enfant, la puberté précoce, l’hypothyroïdie chez les femmes, le cancer des testicules et des maladies thyroïdiennes.

Les dangers des Pfas

En 2023, le Centre international de recherche sur le cancer a respectivement classé le PFOA et le PFOS, deux PFAS historiques, comme "cancérogène certain pour la santé humaine" pour le groupe 1 et "cancérogène possible" pour le groupe 2B. "Des études suggèrent que l’exposition aux PFAS pourrait être associée à un risque accru de cancer du rein, des perturbations de la réponse immunitaire et une hausse du taux de cholestérol. D’autres effets comme l’infertilité, des retards de croissance ou encore le diabète sont évoqués mais doivent être confirmés en menant d’autres études", indique l'INSERM dans un communiqué en avril 2024.

Substances per- et polyfluoroalkylées

"Les PFAS sont un poison pour plusieurs organes, et les expositions peuvent entraîner un risque accru de maladies en raison d'effets néfastes sur le système immunitaire, le système hormonal et le métabolisme du foie", précise, dans une enquête de France Info, le scientifique Philippe Grandjean, professeur émérite de médecine environnementale à l'École de santé publique Harvard T.H. Chan aux États-Unis, ajoutant que ces polluants "provoquent une toxicité même à de très faibles concentrations."

Une exposition à ces polluants pendant la grossesse augmenterait les risques de maladies. "Les PFAS vont passer dans le fœtus de la femme enceinte via le placenta et affecter le développement précoce des organes", alerte également Philippe Grandjean. Les PFAS passent également dans le lait maternel et affectent le système immunitaire des jeunes enfants. "Nous transmettons désormais la toxicité à la prochaine génération, qui paiera pour cela."

Une réglementation pour les PFAS

"On ne peut pas recréer de jardins collectifs, on ne peut pas planter de verger, c'est quand même assez flippant et frustrant. On a des terrains qui sont limite condamnés", livre à France Info Virgile Benoit, un habitant de la ville de Rumilly, proche de l'usine Tefal de Haute-Savoie, et président de l'association Agir Ensemble pour Rumilly et l'Albanais (AERA). Ce riverain réclame depuis deux ans des études épidémiologiques sur l'impact de ces PFAS aux pouvoirs publics.

Le 14 janvier, Le Monde, en collaboration avec 29 médias internationaux, publie une grande enquête sur le coût de la dépollution des PFAS. Un chiffre vertigineux dont la fourchette se situe entre 95 et 2 000 milliards d’euros. S'en débarrasser semble une mission quasi impossible.