Un dérivé du pétrole retrouvé dans les aliments courants : les risques de l’hexane sur la santé
Retenez bien ce nom : l’hexane. Après les Pfas, les microplastiques ou le détergent (dans les yaourts), nous voilà avec un dérivé du pétrole dans nos assiettes ! Le 22 septembre dernier, Greenpeace France a dévoilé un rapport accablant. Dans la foulée, une enquête de l’Oeil du 20 heures, diffusées sur France 2 décortique les process industriels qui mènent à un constat affligeant : des dérivés du pétrole sont bel et bien présents en quantités non négligeables dans notre alimentation.
Un procédé pour extraire en plus d’huile des graines des oléagineux en cause
A l’origine du problème, ce sont les procédés visant à réduire les oléagineux en huile qui posent question. Pour extraire encore plus d’huile des graines, les industriels utilisent massivement l’hexane, “un solvant "ayant une odeur d'hydrocarbure" et un "effet neurotoxique" lorsqu'il est inhalé, d'après un rapport des autorités sanitaires françaises”, détaille France 2. L’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, avait en effet averti dès 2014, de la toxicité de l’hexane sur la santé.
“Il s’agit d’un solvant neurotoxique, également suspecté d’être reprotoxique. Il s’agit encore d’un potentiel perturbateur endocrinien”, appuie Greenpeace France.
Et l’hexane ne se retrouve pas uniquement dans l’huile ! Car les résidus de graines contenant du solvant sont ensuite utilisés pour nourrir les animaux. D’où une contamination tout au long de la chaîne.
Comment savoir si ce que l’on mange contient de l’hexane ?
On ne le peut pas. Aucune mention obligatoire de ce solvant n'apparaît nulle part, car elle n’est pas obligatoire.
“L’hexane, considéré comme un "auxiliaire technologique" par les réglementations européennes, échappe à toute obligation d’étiquetage et n’apparaît donc pas sur les emballages des produits concernés”, explique Greenpeace France qui regrette que “la réglementation actuelle encadre de manière très insuffisante la présence de ces résidus d’hexane dans les produits de grande consommation”.
Par exemple, aucun seuil n’est défini pour ce qui concerne l'alimentation animale, alors même que la toxicité du solvant est largement sous-évaluée d’après Greenpeace France car elle repose sur une étude de 1996, complètement dépassée, jugée “insuffisante et inadéquate” par l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) elle-même.
Lait, y compris lait infantile, huile, beurre… : 36 produits du quotidien contaminés
Pour en avoir le cœur net, l'association de protection de l’environnement a réalisé des tests dans un laboratoire universitaire sur plus d'une cinquantaine de produits alimentaires de grande consommation : “Les résultats obtenus sont extrêmement inquiétants : de l'hexane a été détecté dans trente-six des cinquante-six produits testés, et ce, de manière quasi systématique dans les huiles, le beurre et les laits, y compris infantiles. Par ailleurs, des résidus d'hexane ont également été retrouvés, dans une moindre mesure, dans du poulet.” Une étude de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) confirme ces données d'après Greenpeace France.
Bruxelles est actuellement à la tâche et les normes de l’hexane devraient être réévaluées prochainement et prendre en compte les effets du solvant sur la santé. Affaire à suivre.
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Communiqué de presse Greenpeace France, septembre 2025
Emission l’oeil du 20 heures, France 2, 22 septembre 2025