Douleurs articulaires : voici l’heure exacte à laquelle vous devez prendre les médicaments !

Nous avons souvent le réflexe d'avaler un comprimé dès le réveil ou juste avant de dormir. Pourtant, caler sa prise de médicaments sur les rythmes biologiques de l'organisme pourrait tout changer dans votre prise en charge. C'est le principe de la chronothérapie, une approche qui consiste à administrer le traitement au moment précis où le corps en a le plus besoin, augmentant ainsi son efficacité tout en réduisant sa toxicité. Pour les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) largement utilisés en cas de douleurs chroniques, une heure de prise assez précise est recommandée.

La perception de la douleur varie selon le moment de la journée

Le savez-vous ? Notre perception de la douleur n'est pas constante sur 24 heures, elle fluctue selon un rythme circadien précis. Une étude majeure de l'Inserm a démontré que l'intensité des symptômes douloureux suit une courbe prévisible. Le pic de souffrance survient généralement au milieu de la nuit, entre 3h et 4h du matin, tandis que le seuil de douleur est le plus bas en milieu d'après-midi, autour de 15h ou 16h. 

Cette découverte est fondamentale pour les patients souffrant de pathologies chroniques, car on peut alors anticiper ces pics douloureux. Elle indique que prendre un cachet le matin, moment où la douleur commence naturellement à diminuer, n'est pas toujours la stratégie la plus pertinente. Mieux vaut miser sur un effet du médicament pendant la nuit.

Anti-inflammatoires : pourquoi cibler la fin d'après-midi ?

Pour contrer efficacement les symptômes nocturnes, il faut anticiper. Une prise d'anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) en fin d'après-midi, idéalement vers 17 heures, permet à la molécule d'atteindre sa concentration maximale dans le sang au moment précis où le corps devient le plus vulnérable à la douleur, c'est-à-dire durant la nuit. Cette stratégie permet également de soulager la raideur matinale avec les AINS, un symptôme particulièrement handicapant dans le cadre de la polyarthrite rhumatoïde. En décalant la prise, le patient couvre la période critique du réveil. Il devient alors possible de déterminer l'heure optimale de prise d'ibuprofène pour l'arthrose afin de passer une nuit plus sereine : à nouveau aux alentours de 17 heures ! Bien évidemment, cet horaire peut varier sensiblement en fonction de spécificités individuelles : "Souvent la fin d'après-midi est un meilleur créneau, précise le Dr Jean-Noël Perin, pharmacien, mais il ne faut jamais varier l'horaire de prise ou la dose sans avis médical". Tout en sachant que les AINS "doivent être utilisés à la dose la plus faible efficace et sur la durée la plus courte possible." 

L'impératif de la protection gastrique

Si l'horaire de 17 heures semble idéal pour l'efficacité des AINS sur la douleur chronique le soir et pour limiter les raideurs matinales du matin, il ne dispense pas d'une règle de sécurité absolue : la protection de l'estomac. Ces médicaments agissent en inhibant une enzyme (COX-1) responsable de la protection de la paroi gastrique. Ignorer cette règle et tenter une prise d'AINS sur un estomac vide comporte un risque avéré de lésions gastriques, d'ulcères ou d'hémorragies digestives. L'Assurance maladie rappelle qu'il est impératif d'avaler ces comprimés au cours d'un repas. Si vous optez pour la prise aux alentours de 17 heures, veillez à l'accompagner d'une collation substantielle ou avancez l’heure de votre dîner. Avaler un anti-inflammatoire avec un simple verre d'eau est une erreur à proscrire définitivement si vous tenez à votre estomac !