Polyarthrite rhumatoïde : un implant sous la peau qui stimule le nerf vague est autorisé aux États-Unis
Le nerf vague a encore frappé. Ce dixième nerf crânien qui relie notamment l’intestin et le cerveau, fait l’objet de recherches depuis plusieurs années. Son activation électrique a déjà été explorée dans des maladies aussi variées que l’épilepsie réfractaire, la dépression, la maladie de Crohn, les migraines, certaines douleurs chroniques, le diabète ou encore la récupération après un accident vasculaire cérébral. La liste est longue, mais toutes ces pistes ont un point commun : l’effet anti-inflammatoire et antalgique attribué à la stimulation vagale.
Car si les mécanismes précis restent encore mal compris, les études accumulées au fil du temps convergent : activer ce nerf réduit l’inflammation systémique et la douleur. Deux dimensions centrales dans la polyarthrite rhumatoïde, une maladie auto-immune chronique qui s’attaque aux articulations, provoquant douleurs, gonflements et, à terme, déformations irréversibles des membres.
Jusqu’ici, son traitement reposait uniquement sur des médicaments immunosuppresseurs, souvent lourds et pas toujours efficaces. Beaucoup de patients voient leur maladie résister aux thérapies de fond. C’est ce qui explique l’intérêt suscité par une approche totalement différente : utiliser des signaux électriques plutôt que des molécules chimiques pour calmer l’inflammation.
Une puce de petite taille : 2,5cm
L’idée a émergé il y a quelques années, avec de premiers résultats présentés dès 2019 lors d’un congrès international. Mais c’est la société américaine Set Point Medical qui a pris une longueur d’avance en développant un implant sous-cutané dédié à la polyarthrite rhumatoïde. Cet été, l’annonce a fait grand bruit : la Food and Drug Administration (FDA), l’autorité sanitaire américaine, a donné son feu vert à cette innovation. Pour la première fois, un traitement non médicamenteux est autorisé contre cette maladie.
Concrètement, il s’agit d’une petite puce de 2,5 cm implantée chirurgicalement sous la peau du cou. Chaque jour, pendant une minute, elle envoie au nerf vague des impulsions électriques destinées à réguler l’activité inflammatoire de l’organisme. Une stratégie qui s’inspire directement de l’interface complexe entre système nerveux et système immunitaire.
187 personnes sur 250 ont pu arrêter leur traitement médicamenteux
Avant d’obtenir cette approbation, Set Point Medical avait conduit une étude de phase 2 baptisée RESET-RA, présentée en 2023 au congrès américain de rhumatologie. Sur environ 250 patients suivis un an après la pose de l’implant, plus de la moitié ont rapporté une amélioration notable de leur état de santé. Mieux encore, près de trois quarts d’entre eux ont pu arrêter leur traitement médicamenteux.
Des résultats jugés suffisamment prometteurs pour convaincre la FDA. Selon des informations relayées par le New York Times, le dispositif coûterait moins cher qu’une année de certains traitements actuels et sa durée de vie pourrait atteindre dix ans. Un argument économique qui s’ajoute à la perspective d’une meilleure tolérance pour des patients déjà éprouvés par des traitements lourds.
Une nouvelle génération de thérapies
Mais l’enthousiasme reste prudent. Car si l’efficacité à court terme semble établie, le recul manque encore. Ni la sécurité ni les bénéfices à long terme n’ont été démontrés de façon définitive. La FDA a d’ailleurs exigé un suivi post-commercialisation, afin de documenter les effets indésirables éventuels et de vérifier la durabilité des bénéfices.
Cette approbation marque malgré tout un tournant : pour la première fois, une maladie auto-immune chronique dispose d’un traitement validé qui ne repose pas sur un médicament mais sur une stimulation nerveuse. Si l’implant de Set Point Medical confirme ses promesses, il pourrait ouvrir la voie à une nouvelle génération de thérapies où l’électricité se substitue aux molécules pour contrôler l’inflammation.
Un changement de paradigme que de nombreux chercheurs suivent de près, car derrière la polyarthrite rhumatoïde, d’autres affections inflammatoires chroniques pourraient un jour bénéficier du même principe. Le nerf vague, longtemps discret acteur de notre physiologie, pourrait bien devenir la star des thérapies du futur.