Psoriasis : l'accumulation de graisse sur cette partie du corps augmente le risque

Publié par Elodie Vaz
le 07/10/2025
Psoriasis et excès de graisse
Istock
Image d'illustration
Une étude menée sur plus de 330 000 personnes révèle que la graisse abdominale augmente significativement le risque de psoriasis, indépendamment des gènes. Plus marquée chez les femmes, cette découverte pourrait transformer les stratégies de prévention et de traitement.

On sait depuis longtemps que l’excès de poids favorise le développement de nombreuses maladies chroniques. Mais une nouvelle étude révèle que ce n’est pas seulement la quantité de graisse qui compte, c’est aussi son emplacement. Selon des chercheurs du King’s College de Londres, la graisse abdominale serait directement liée à un risque accru de psoriasis, indépendamment de la génétique.

Le psoriasis est une maladie inflammatoire chronique de la peau qui touche environ 3 % de la population mondiale. Elle altère fortement la qualité de vie, provoquant rougeurs, démangeaisons et parfois douleurs articulaires. Si les scientifiques savaient déjà qu’un excès de masse grasse augmente les risques de développer cette affection, la distribution de cette graisse restait mal comprise.

L’étude, publiée en mai 2025 dans le Journal of Investigative Dermatology, apporte un éclairage inédit. Après avoir analysé les données de plus de 330 000 participants de la UK Biobank, dont 9 000 atteints de psoriasis, les chercheurs concluent que la graisse abdominale joue un rôle central. « Nos recherches montrent que l’endroit où la graisse est stockée dans le corps a une importance en ce qui concerne le risque de psoriasis. La graisse centrale, en particulier autour de la taille, semble jouer un rôle clé », explique dans un communiqué le Dr Ravi Ramessur, principal auteur de l’étude.

Un facteur de risque indépendant

Ce qui frappe dans ces résultats, c’est que l’association entre graisse abdominale et psoriasis persiste même lorsqu’on prend en compte les prédispositions génétiques. En d’autres termes, la graisse centrale agit comme un facteur de risque indépendant. « Cela a des implications importantes sur la manière dont nous identifions les personnes qui sont plus susceptibles de développer un psoriasis ou de souffrir d’une forme plus grave de la maladie, ainsi que sur notre approche en matière de stratégies de prévention et de traitement », poursuit le Dr Ramessur.

Les femmes particulièrement concernées

Les chercheurs ont examiné 25 mesures différentes de la graisse corporelle grâce à des techniques d’imagerie avancées. Résultat : les liens sont constants, mais encore plus marqués chez les femmes. « Nous avons été surpris par la force constante de l’association entre les différentes mesures de la graisse centrale et par l’effet beaucoup plus marqué chez les femmes », note le Dr Ramessur dans le communiqué.

Ces observations laissent penser qu’il existe des mécanismes biologiques encore mal compris, qui pourraient expliquer pourquoi l’accumulation de graisse abdominale influence différemment le risque de psoriasis selon le sexe.

Un enjeu mondial de santé publique

La Dre Catherine H. Smith, également du St John’s Institute of Dermatology, rappelle que « alors que les taux d’obésité continuent d’augmenter à l’échelle mondiale, il est important de comprendre comment les différents types de graisse corporelle influencent les maladies inflammatoires chroniques telles que le psoriasis ».

Elle insiste : « Nos résultats suggèrent que la graisse corporelle centrale contribue au risque de psoriasis indépendamment de la prédisposition génétique et renforcent l’importance de mesurer le tour de taille et de mettre en place des stratégies proactives de maintien d’un poids santé dans le cadre du traitement du psoriasis. »

Cette étude reste observationnelle et se concentre uniquement sur des participants d’ascendance britannique blanche. Les auteurs soulignent donc que la généralisation des résultats doit être faite avec prudence. Des recherches complémentaires, intégrant des diagnostics confirmés par dermatologues et une diversité ethnique plus large, seront nécessaires pour confirmer ces associations.

Des perspectives thérapeutiques nouvelles

Dans le communiqué accompagnant l’étude, le Dr Joel M. Gelfand, dermatologue à l’Université de Pennsylvanie, ouvre une piste prometteuse : celle des traitements par incrétines. Ces hormones intestinales, comme le GLP-1 ou le GIP, déjà utilisées contre le diabète et l’obésité, pourraient aussi bénéficier aux patients atteints de psoriasis. Elles agissent sur la régulation du glucose, de la digestion et de l’appétit, et pourraient jouer un rôle dans la modulation des mécanismes inflammatoires.

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