Crampe ou artérite : 3 questions pour identifier une alerte cardiovasculaire

Publié par La Rédaction Médisite
le 24/12/2025
Crampes
Istock
La douleur dans la jambe après quelques minutes de marche n'est pas toujours une simple crampe musculaire. Ce signal, appelé claudication intermittente, peut masquer une artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI). Découvrez comment distinguer une douleur bénigne d’une urgence cardiovasculaire.

Une sensation de serrement intense dans le mollet qui oblige à l'arrêt immédiat. Beaucoup attribuent ce phénomène à une simple crampe ou au vieillissement. Pourtant, cette douleur spécifique, lorsqu'elle survient à l'effort, porte un nom médical précis : la claudication intermittente. Elle constitue le symptôme principal de l'artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI). Le mécanisme physiologique s'apparente à un tuyau d'arrosage que l'on pincerait progressivement. Les artères, obstruées par l'athérosclérose, ne parviennent plus à fournir le débit sanguin nécessaire aux muscles lorsque ceux-ci réclament de l'oxygène pendant l'effort. Comprendre la différence entre crampe et claudication intermittente est alors indispensable pour éviter une aggravation silencieuse de la maladie.

Reconnaître l'origine vasculaire

Pour déterminer si votre douleur nécessite une consultation rapide, un auto-test basé sur la répétition et le repos permet d'y voir plus clair. La première interrogation concerne la régularité de l'apparition du symptôme. Contrairement à une courbature aléatoire, la claudication vasculaire est prévisible : elle survient presque systématiquement après une distance de marche identique, nommée périmètre de marche. Si vous notez une douleur au mollet à la marche à distance constante, par exemple tous les 300 mètres, c'est un indicateur fort d'origine artérielle.

Le deuxième critère fondamental réside dans le mode de soulagement. Une crampe musculaire classique exige souvent un étirement ou un massage pour céder. À l'inverse, vérifiez si la douleur de la jambe à la marche s'arrête au repos complet, sans autre intervention. Dans le cas de l'AOMI, l'arrêt de l'effort permet au muscle de se réoxygéner, faisant disparaître la gêne en 1 à 3 minutes, et presque toujours en moins de 10 minutes.

Enfin, la position du corps joue un rôle clé. Au stade initial de la maladie, la douleur ne doit pas se manifester lorsque vous êtes assis ou debout immobile. Si une douleur persiste au repos, notamment en position allongée (douleurs de décubitus), cela signale un stade plus avancé, classé stade III ou IV selon la classification de Leriche et Fontaine, nécessitant une prise en charge urgente pour éviter des complications comme la gangrène.

Localiser la lésion

Ce protocole d'observation fonctionne comme un véritable test d'artérite des membres inférieurs préliminaire. La localisation précise de la gêne offre d'ailleurs des indices précieux sur l'artère obstruée. Une douleur située au niveau du mollet suggère généralement un rétrécissement des artères fémorales ou poplitées (cuisse et genou). Si la douleur irradie dans la fesse ou la hanche, l'obstruction se situe probablement plus haut, au niveau des artères iliaques ou de l'aorte.

Il faut également distinguer ces signaux des causes neurologiques. Une sténose du canal lombaire provoque aussi des douleurs à la marche, mais celles-ci ne cèdent pas au simple arrêt. Debout, le patient doit souvent s'asseoir ou se pencher en avant pour être soulagé. Les symptômes de l'artériopathie oblitérante restent, eux, intimement liés à la demande en oxygène du muscle par rapport au débit sanguin disponible.

Risque et prise en charge

Identifier une claudication ne concerne pas uniquement la santé de vos jambes. L'AOMI agit comme un signal d'alarme pour l'ensemble du système cardiovasculaire. Les patients atteints présentent un risque accru d'incidents cardiaques, car l'athérosclérose qui bouche les artères des jambes affecte souvent aussi celles du cœur. Selon plusieurs sources médicales, près de 38 % des patients souffrant d'artérite ont également une atteinte coronarienne.

Si vous validez les critères de ce test, consultez un médecin vasculaire pour mesurer votre Indice de Pression Systolique (IPS). Le traitement repose impérativement sur l'arrêt du tabac et la gestion des facteurs de risque comme le diabète ou l'hypertension. Paradoxalement, la marche reste le meilleur médicament : pratiquer une activité physique régulière favorise le développement d'une circulation collatérale, créant des dérivations naturelles pour le sang. Comme le soulignent des revues systématiques, l'exercice supervisé améliore considérablement la distance de marche sans douleur.

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https://www.deuxiemeavis.fr/pathologie/arterite-des-membres-inferieurs

https://www.elsan.care/fr/pathologie-et-traitement/glossaire-medical/orthopedie/claudication

https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/arteriopathie-obliterante-arterite-des-membres-inferieurs/symptomes-diagnostic-evolution

https://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/medecin_quebec/2012/MQ2012_03/035-042DrDominguez0312.pdf?nodisclaimer=1

https://www.lequotidiendumedecin.fr/fmc-recos/depister-et-diagnostiquer-laomi

https://www.vidal.fr/maladies/coeur-circulation-veines/arterite-jambes/symptomes.html

https://www.chirvtt.fr/chirurgie-vaisseaux/generalites-arterite-arteriopathie-obliterante/

https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2008/revue-medicale-suisse-143/maladies-vasculaires-quels-depistages-au-cabinet-du-praticien

https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-cardiaques-et-vasculaires/maladies-art%C3%A9rielles-p%C3%A9riph%C3%A9riques/maladie-art%C3%A9rielle-p%C3%A9riph%C3%A9rique

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