Syndrome des jambes sans repos (impatiences) : ces médicaments traditionnellement prescrits bientôt abandonnés Istock

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Rappelez-vous il y a quelques mois, Manuela, 53 ans, vous avait raconté à quel point ses impatiences lui compliquaient l’existence (c’est à retrouver ici). Les picotements, sensations de fourmis et impression d’avoir des veines bouchées et que le sang ne circule plus correctement dans les membres inférieurs réveillent très régulièrement la quinquagénaire, qui doit marcher pour faire passer les symptômes et ne parvient plus, généralement, à se rendormir ensuite.

Que sont au juste les impatiences ? “Le syndrome des jambes sans repos (SJSR) est un trouble chronique caractérisé par un besoin impérieux (urgent et irrésistible) de bouger les jambes, associé à des sensations désagréables au niveau des membres inférieurs survenant au repos", détaille l’Assurance maladie. Un problème courant, qui toucherait plus de 8 % des Français (en majorité des femmes) selon les Hospices civils de Lyon et peut lourdement impacter le quotidien, quand il se répète plusieurs nuits par semaine. Une étude* publiée en 2022 et menée par plusieurs équipes françaises du CHU de Montpellier et de l'Inserm montre que les patients atteints d’une SJSR ont des risques de symptômes dépressifs dix fois plus élevés. C’est pourquoi un traitement médicamenteux peut être proposé.

Syndrome des jambes sans repos (SJSR) : reconnaître et traiter picotements, tremblements et autres symptômes

Avant tout, et afin de ne pas passer à côté d’un problème plus sérieux, il est impératif de poser un d iagnostic solide. La Société française de recherche et médecine du sommeil (SFRMS) liste ainsi cinq critères qui permettent de s’assurer qu’il s'agit bien d’impatience et pas d’un problème vasculaire par exemple. Les voici :

  • Besoin intense et irrépressible de bouger les membres inférieurs, plus ou moins accompagné de sensations désagréables ;
  • Aggravation des symptômes au repos, le patient est en incapacité à rester en place ;
  • Soulagement des symptômes par le mouvement (marche ou étirements) ;
  • Augmentation de la sévérité des symptômes le soir et la nuit (aggravation vespérale) ;
  • Absence d’autres causes (myalgie, fibromyalgie, arthrose, insuffisance veineuse, artériopathie oblitérante des membres inférieurs…).

Une fois le diagnostic posé, le traitement repose sur des mesures hygiéno-diététiques (éviter les excitants et l’alcool surtout en fin de journée, ne pas surchauffer la chambre, pratiquer une activité physique régulière et modérée en journée…), une éventuelle supplémentation en fer et/ou un traitement médicamenteux pour les cas les plus sévères.

Syndrome des jambes sans repos (impatiences) : que faire pour corriger une carence en fer ?

Les mécanismes à l’origine du syndrome des jambes sans repos sont complexes et restent incomplètement élucidés mais feraient intervenir principalement un manque de fer au niveau du système nerveux central qui va entraîner des perturbations dans les systèmes de la dopamine, de l’adénosine, du glutamate et de la sérotonine”, apprend-on sur le site des Hospices civils de Lyon. Cette carence en fer doit ainsi, quand elle avérée, être comblée par un supplémentation en intraveineuse, et devrait, c’est ce que préconise aujourd’hui la Société américaine du sommeil (American Academy of Sleep Medicine - AASM), être le traitement de première intention. Ce n’est pas encore le cas en France, puisque les recommandations actuelles placent toujours les dopaminergiques en première ligne dans les formes les plus sévères. Pourquoi est-ce un problème ? Ces médicaments seraient en réalité responsables d’une aggravation des symptômes !

Quel est le meilleur médicament pour les jambes sans repos ? Les anti dopaminergiques dans le viseur des médecins !

Lors des Journées de neurologie de langue française (JNLF 2025) qui ont eu lieu en avril dernier, le média professionnel à destination des soignants Medscape rapporte que le Dr Sofiène Chenini (neurologue dans le Service des Troubles du sommeil et de l’éveil au CHU de Montpellier) est revenu sur les caractéristiques de la prise en charge thérapeutique du SJSR, en faisant le point sur les alternatives aux agonistes dopaminergiques, qui sont associés à un risque de syndrome d’augmentation, c’est-à-dire une aggravation des symptômes après plusieurs mois, voire plusieurs années d’utilisation. Ce problème de syndrome d’augmentation (SA) est aujourd’hui bien documenté, la SFRMS (Société Française de Recherche et Médecine du Sommeil) ayant mis en place des garde-fous dès 2018, dans un document paru dans le magazine Médecine du sommeil, ce syndrome s’explique par un effet rebond des symptômes des impatiences (alors même que le patient est déjà atteint d’une forme sévère) à cause du traitement lui-même, en l'occurrence la classe de médicaments appartenant aux agonistes dopaminergiques.

Faut-il donc, comme les médecins américains le préconisent, abandonner définitivement ces agonistes dopaminergiques dans le traitement du SJSR ? Les neurologues français sont en train d’étudier la question et pourraient très bientôt orienter les patients vers une supplémentation en fer par intraveineuse ou d'autres classes de médicaments (les antiépileptiques notamment) plutôt que prescrire des dopaminergiques dont les bénéfices-risques ne sont plus satisfaisants aujourd’hui. De nouvelle srecommandations devraient très rapidement être mises en place par la Société Française de Recherche et Médecine du Sommeil.