Les situations où la téléconsultation est un danger pour la santé de votre proche
Le recours aux technologies de santé à distance, notamment la téléconsultation, s’est fortement développé ces dernières années. En cause : la difficulté de trouver un médecin. Pour les seniors, ce dispositif représente un avantage qui facilite l'accès aux soins, le renouvellement d'ordonnances pour les maladies chroniques avec l’avantage d'éviter des déplacements souvent éprouvants. Néanmoins, l'efficacité de cet outil dépend entièrement du contexte clinique et de l’état de santé du patient.
Malgré ses bénéfices pour le suivi régulier, la téléconsultation présente une limite fondamentale : l’absence d'examen clinique en présentiel. En gériatrie, où les symptômes sont souvent atypiques ou masqués, cette absence peut retarder un diagnostic vital, ce qui souligne les limites de la téléconsultation pour cette population.
La Haute Autorité de Santé (HAS) insiste d’ailleurs sur la nécessité de redoubler de vigilance à distance pour ne pas entraîner de perte de chance. Le risque est d’autant plus élevé que la personne âgée peut avoir du mal à décrire précisément ses symptômes ou à être techniquement isolée. "Comme toute pratique, la téléconsultation comporte des risques spécifiques pour la sécurité des patients. Ces risques doivent être limités par une évaluation de la pertinence de la prise en charge à distance, par un interrogatoire patient spécifique, par une communication adaptée, ainsi que par une coordination avec les autres professionnels de santé", précise la HAS dans un communiqué.
Il est donc crucial pour les aidants de distinguer ce qui relève du suivi courant et ce qui constitue une véritable urgence nécessitant une prise en charge immédiate. Voici les 7 signaux d’alerte qui illustrent les risques de la téléconsultation pour un senior et où la règle d’or doit s’appliquer : en cas de doute, ou face à l'apparition de symptômes aigus et brutaux, l'appel au 15 (SAMU) ou l'orientation vers une consultation physique urgente est impératif.
Douleur thoracique ou essoufflement
Une douleur thoracique brutale ou un essoufflement soudain représentent une contre-indication formelle à la téléconsultation. À distance, le médecin ne peut ni réaliser une auscultation cardiaque ou pulmonaire, ni mesurer la saturation en oxygène. Il s'agit d'une urgence vitale qui peut masquer un infarctus du myocarde, une embolie pulmonaire ou une décompensation cardiaque. L'action à entreprendre est claire : composer immédiatement le 15 (SAMU) ou le 112.
Signes d'AVC ou d'AIT
Paralysie faciale, trouble de la parole ou faiblesse d'un membre sont des signes d'alerte d'un possible accident vasculaire cérébral (AVC). Dans ce cas, chaque minute compte pour préserver les fonctions cérébrales. La téléconsultation, même assistée, retarde l'accès à l'imagerie médicale (scanner ou IRM), qui est indispensable pour confirmer le diagnostic et initier le traitement dans la fenêtre thérapeutique. Face à ces symptômes, le seul réflexe est de composer le 15.
Malaise, perte de connaissance ou confusion
Une altération de l'état de conscience, qu'il s'agisse d'une confusion soudaine, d'un malaise ou d'une perte de connaissance (syncope), même brève, est un signal d'alarme majeur. À distance, le médecin ne peut ni évaluer l'état neurologique du patient, ni mesurer sa tension artérielle et son pouls. Ce retard de diagnostic sur la cause sous-jacente (trouble du rythme cardiaque, hypotension sévère, hémorragie) constitue une perte de chance critique pour le patient.
Douleur abdominale aiguë
Une douleur abdominale violente et soudaine peut indiquer une urgence chirurgicale, comme une appendicite, une occlusion intestinale ou une péritonite. Le diagnostic repose impérativement sur un examen physique, en particulier la palpation de l'abdomen pour rechercher des signes de gravité. Cet acte est irréalisable à distance, et des retards de diagnostic graves ont été rapportés, soulignant le danger de la téléconsultation pour un senior dans ce contexte. L’attitude à adopter est de contacter le 15 pour une orientation rapide et adaptée.
Chute et traumatisme sévère
Chez une personne âgée, une chute n'est jamais anodine. Elle peut cacher une fracture, notamment celle du col du fémur, ou un hématome intracrânien, surtout si le patient est sous traitement anticoagulant. Sans examen clinique, il est impossible d'écarter une lésion osseuse ou interne. La téléconsultation ne permet ni d'évaluer l'étendue du traumatisme ni d'immobiliser correctement le membre. La consigne est de ne pas mobiliser la personne et d'appeler le 15.
Forte fièvre et signes de gravité
Une fièvre élevée, supérieure à 38,5°C, associée à des frissons, une confusion ou une chute de tension, doit alerter sur un risque d'infection généralisée (sepsis). Cette situation illustre une urgence pour une personne âgée où la téléconsultation est inadaptée, car l'évaluation du risque de choc septique exige un examen clinique complet et des analyses. La mesure des signes vitaux est cruciale et impossible à distance. Si la fièvre est mal tolérée ou s'accompagne de signes de confusion, contacter le 15 est impératif.
Suivi post-opératoire
Bien que pratique pour certains suivis, la téléconsultation atteint ses limites face à des plaies complexes. L'évaluation d'une cicatrice ou d'une plaie infectée nécessite une inspection précise et parfois une palpation pour détecter un abcès. La qualité vidéo ou un mauvais angle de vue peuvent masquer des signes de complication. Si la plaie devient rouge, chaude, douloureuse ou qu'un écoulement purulent apparaît, une consultation physique immédiate est obligatoire, comme le rappelle la Haute Autorité de Santé.