Syndrome du nid vide : 3 erreurs de communication qui fragilisent le couple

Publié par Sandrine Coucke-Haddad
le 26/11/2025
syndrome du nid vide
Istock
Le départ des enfants, c’est la liberté retrouvée, celle de revivre à deux comme aux premiers jours de la romance ? Pas toujours. Pour le couple aussi, le nid vide peut être une étape délicate.

On parle souvent du coup de blues des parents, des mères en particulier, quand les enfants quittent le nid familial. Un processus qui peut s'apparenter à un véritable deuil, avec des signes qui ne sont pas s’en rappeler ceux de la dépression et un mal être qui peut perdurer des mois. “De par l'évolution de nos sociétés, le sentiment d'inutilité et de vacuité que l'on ressent après l'envol de l'enfant n'a sans doute jamais été aussi aigu qu'aujourd'hui parce que depuis une vingtaine d'années, il est au centre de la famille, explique Béatrice Copper-Royer, psychologue et auteure de Le jour où les enfants s'en vont (Ed. Albin Michel). Il est regardé, (sur)investi, on attend énormément de lui, y compris qu'il fasse le bonheur de ses parents.”

Divorces gris : ils ont triplé en vingt ans

Ce qui explique peut-être la violence des émotions traversées par ces parents en déroute qui se retrouve en tête-à-tête. Une période de déstabilisation qui peut même mener jusqu’à la rupture. En France, comme dans de nombreux autres pays, le nombre de divorce chez les quinquagénaires explose. Une étude de l’Institut national d’études démographiques (INED) publiée en février 2021 montre ainsi que les séparations après 50 ans ont doublé en vingt ans et que le phénomène est encore plus marqué chez les sexagénaires, la proportion de divorces les concernant ayant été multipliée par trois. On parle même de divorce gris. Plusieurs raisons peuvent participer et expliquer cette augmentation des divorces, dont le départ des enfants. Pendant toutes ces années de parentalité, les enfants peuvent ainsi occulter les problèmes du couple, le quotidien prenant le pas sur le couple ; une fois partis, l’illusion ne tient plus. “Quand on s'est retrouvés juste nous et qu'ils n'étaient plus là pour faire écran et monopoliser notre attention, on a dû se rendre à l'évidence: on n'avait plus rien à se dire, aucune envie en commun, le néant” témoigne ainsi Pascale une quinquagénaire à La Tribune de Genève en 2019.

Quand le couple parental éclipse le couple conjugal

Le syndrome du nid vide est avant tout une crise identitaire et relationnelle. Pendant des décennies, le couple s'est souvent structuré autour de son rôle de parents, organisant son temps, ses discussions et ses projets en fonction des enfants. Lorsque cette fonction centrale disparaît, chaque partenaire se retrouve face à une question fondamentale : "Qui suis-je en dehors de ce rôle ?". Cette interrogation personnelle se double d'une redéfinition du duo. Le risque majeur est de constater que le "couple parental", si efficace et soudé, a progressivement éclipsé le "couple conjugal". La complicité, l'intimité et les centres d'intérêt partagés hors de la sphère familiale se sont parfois étiolés, laissant apparaître une distance insoupçonnée entre deux personnes qui partagent le même toit.

Première erreur : s’enfermer dans le rôle de parent

La première erreur fatale est de limiter les échanges aux seules affaires parentales, même après le départ des enfants. En ne parlant que de leurs études, de leur emploi ou de leurs difficultés, les parents maintiennent artificiellement l'enfant comme intermédiaire de leur relation. Ce mécanisme de "parentalité continue" empêche un dialogue direct et authentique sur leurs propres ressentis. Le départ des enfants met fin au "fonds sonore" familial qui masquait souvent un vide relationnel. Sans cette distraction permanente, des frustrations et des tensions mises sous silence pendant des années peuvent réapparaître violemment. Ce phénomène est d'autant plus marqué si les enfants servaient inconsciemment de "régulateurs de disputes", leur présence empêchant les conflits d'éclater.

Deuxième erreur : l'évitement émotionnel

La deuxième erreur réside dans l'évitement du face-à-face émotionnel. Le sentiment de perte, la tristesse ou au contraire le soulagement sont vécus différemment par chaque partenaire. Invalider les émotions de l'autre ou refuser d'aborder le sujet crée une fracture. Le temps libre, soudainement abondant, devient une source d'anxiété que l'on cherche à combler par des activités individuelles plutôt qu'à deux. Cette fuite en avant empêche de reconstruire une intimité émotionnelle.

Troisième erreur : le manque de projets

Cette déconnexion est aggravée par une troisième erreur : l'absence de vision commune pour l'avenir. Ne pas se demander "Que voulons-nous pour notre couple maintenant ?" laisse la relation en suspens. Sans nouveaux projets pour redonner du sens à la vie à deux, les partenaires restent bloqués dans d'anciennes routines qui n'ont plus lieu d'être. Explorer de nouveaux passe-temps, suivre des cours ensemble ou simplement discuter de ses propres envies permet de voir son partenaire sous un nouveau jour. Se fixer des objectifs communs, qu'il s'agisse d'un voyage, d'un projet de rénovation ou d'un engagement associatif, aide à redéfinir la relation conjugale après les enfants. Si les conflits persistent, consulter un thérapeute de couple ou un conseiller conjugal et familial offre un espace neutre pour débloquer la situation.

Google News Voir les commentaires