Envie de plaire, peur d’échouer ? 3 clés pour se libérer du syndrome du bon élèveIstock
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Le syndrome du bon élève est une expression psychologique qui décrit un comportement où une personne cherche à tout prix à répondre aux attentes des autres, en particulier des figures d’autorité comme les parents, les professeurs ou les supérieurs hiérarchiques. Comment ? En mettant ses propres besoins, désirs ou limites de côté pour coller à l’image de l’élève ou du collaborateur « idéal ».

Mais d’où vient ce syndrome ? Généralement, il se forme dès l’enfance, sous l’influence d’une éducation qui valorise la performance, l’obéissance et la conformité. L’enfant comprend rapidement qu’en « faisant bien », il reçoit plus d’amour, d’attention ou de reconnaissance. Ce réflexe d’adaptation se grave alors dans la personnalité, jusqu’à devenir inconscient, et continue de se rejouer plus tard dans d'autres sphères : couple, vie professionnelle, relations sociales.

Comment se manifeste ce syndrome ?

L’individu concerné cherche avant tout à plaire, à éviter les conflits et à ne jamais décevoir. Derrière une image lisse, efficace et rassurante se cache pourtant une personne souvent en quête permanente de validation. Le besoin de conformité pousse au perfectionnisme, à la difficulté à dire non, à l’oubli de soi, et installe une estime de soi fragile, entièrement dépendante du regard extérieur. Et si cette envie de « bien faire » était en réalité un frein à votre liberté ? Appris très tôt comme une stratégie de survie affective, ce mode de fonctionnement peut se transformer à l’âge adulte en surmenage, anxiété chronique ou sensation de vide, tant il empêche d’écouter ses vrais désirs. Alors, êtes-vous en train de vivre votre vie… ou celle que les autres attendent de vous ?

« J’ai tout pour être heureuse, mais je n’arrive plus à me réjouir. J’ai toujours fait ce qu’on attendait de moi, sans me poser de questions. Et aujourd’hui, je ne sais même plus ce que j’aime.»

Le vécu de Marie Aline, 56 ans

Marie Aline, cadre dans une entreprise à Paris, est une ancienne « excellente élève ». À 56 ans, elle enchaîne les missions, toujours volontaire, toujours irréprochable. Mais depuis quelques mois, elle se sent vidée, déconnectée. « J’ai tout pour être heureuse, mais je n’arrive plus à me réjouir. J’ai toujours fait ce qu’on attendait de moi, sans me poser de questions. Et aujourd’hui, je ne sais même plus ce que j’aime. J’ai l’impression de vivre à travers le regard des autres. » Comme beaucoup, Marie Aline a peu à peu étouffé ses besoins pour maintenir une image sans faille.

Quelles conséquences à long terme ?

Comme le démontre le témoignage de Marie Aline, ce syndrome enferme dans une suradaptation permanente, où l’on finit par ne plus savoir ce que l’on veut vraiment. La peur de l’échec devient paralysante : mieux vaut ne rien tenter que risquer de se tromper. Résultat : les projets restent dans les cartons, les ambitions s’étouffent, les relations deviennent superficielles. Le besoin de reconnaissance agit, lui, comme une drogue douce. On avance en quête de "bravo", de félicitations, de promotions… sans jamais ressentir un vrai sentiment d’accomplissement. À force de vouloir bien faire, on coche toutes les cases, mais il manque l’essentiel : la joie, la spontanéité, l’impression d’être à sa juste place.

Pour beaucoup, faire autrement revient à remettre en cause une loyauté familiale inconsciente. S’affirmer, dire non, prendre des risques, c’est parfois perçu (à tort) comme être égoïste ou ingrat.

Pourquoi est-ce si difficile de s’en libérer ?

Ce n’est pas qu’une mauvaise habitude : ce mode de fonctionnement est profondément lié à la construction de l’identité. Pour beaucoup, faire autrement revient à remettre en cause une loyauté familiale inconsciente. S’affirmer, dire non, prendre des risques, c’est parfois perçu (à tort) comme être égoïste ou ingrat. Il faut donc déconstruire doucement ces croyances, et se donner la permission de changer.

Suis-je concerné(e) ?

Nous avons tous en nous une part de "bon élève". Mais lorsque ce fonctionnement devient automatique et nous empêche de respirer, d’explorer, d’être nous-mêmes, il peut être utile d’y regarder de plus près. Pour savoir si vous êtes concerné(e), retrouvez les 7 traits de personnalité associés à ce syndrome dans notre article dédié.

3 exercices pour s’en libérer, proposés par Diana Paola

Dans son livre "Le syndrome du bon élève", Diana Paola propose plusieurs pistes concrètes pour sortir de ce piège mental. Voici trois exercices simples pour commencer à se libérer du besoin de performance et de validation.

Rédiger un journal de vos « échecs »

L’objectif ? Changer votre regard sur l’échec. Chaque semaine, notez une situation où vous avez échoué, ce que vous en avez tiré, et en quoi cela vous a fait progresser. En procédant ainsi, vous apprendrez à voir l’échec non plus comme une faute à éviter, mais comme une étape normale, et même utile, de votre parcours.

Oser prendre des risques mesurés

Diana Paola recommande de vous lancer régulièrement des défis qui vous sortent de votre zone de confort. L’idée n’est pas de tout bouleverser du jour au lendemain, mais de réintroduire progressivement une tolérance à l’échec. En acceptant que certaines tentatives puissent ne pas réussir, vous ouvrez la porte à l’exploration et à l’apprentissage.

Pratiquer l’autocompassion

Le bon élève intérieur est souvent un juge impitoyable. Pour contrebalancer cette voix critique, Diana Paola propose d’entraîner l’autocompassion : se parler avec douceur, s’encourager au lieu de se blâmer. Cela commence par des phrases simples : « J’ai fait de mon mieux », « Je suis humain, je peux me tromper », « Je mérite de me traiter avec bienveillance ». Ce nouveau dialogue intérieur est une première étape vers une estime de soi plus solide… et plus indépendante.