Ménopause : comment surmonter la peur de vieillir Adobe Stock
Sommaire

A l’heure où les canons de la beauté ne donnent à voir que des corps jeunes, minces et photoshopés, qui éclipsent les femmes dans la fleur de l’âge et les rides, les femmes ménopausées doivent jongler entre ces images de la société et leur propre métamorphose physique et psychique.

Comment vivent-elles tout ça ? Une récente étude ifop/flashs pour Humasana, parue à l’occasion de la journée de la ménopause le 18 octobre, a apporté un élément de réponse, révélant la perception des femmes de plus de 50 ans face au miroir du temps : près de 9 femmes sur 10 (89%) éprouvent un complexe lié au vieillissement sur au moins une partie de leur corps. Et près de la moitié (46%) disent craindre de vieillir.

La ménopause, un "moment symbolique très fort"

Autant de preuves que le vieillissement demeure une source d’angoisse vive à la ménopause. Pour cause, l’entrée dans cette période, caractérisée par l’arrêt des règles pendant douze mois consécutifs, marque un saut dans l’inconnu, un point de bascule dans la vie d’une femme. "La ménopause constitue un changement évident dans le sens où elle met plus ou moins de temps à s’installer, à la différence des règles. C’est un moment symbolique très fort suivi de changements corporels physiques et sociaux à l’impact considérable", observe Laurence Haurat, psychologue et nutritionniste et auteure de La révolution ménopause (Solar).

"Enormément de femmes associent la ménopause au vieillissement, alors qu’en réalité nous passons notre vie à vieillir. Mais la ménopause marque un moment où on bascule vers autre chose ".

Le vieillissement s’accélère à la ménopause

L’entrée en ménopause annonce une "révolution" dans la vie d’une femme, et ses manifestations sont souvent vécues comme des marqueurs du temps. La ménopause n’intervient pas au même âge selon les femmes : certaines vont être ménopausées à 42 ans, d’autres à 57 ans. Mais pour toutes, la baisse puis l’arrêt de la production des hormones ovariennes entraîne un vieillissement accéléré des tissus (peau, système génito-urinaire, os, muscles, …). Cette accélération provoque une onde de choc chez les femmes qui se matérialise à travers différents symptômes : prise de poids, relâchement de la peau et des muscles, sommeil altéré, sécheresse vaginale, troubles génito-urinaires

Une vulnérabilité exacerbée par l’invisibilisation de la société

Cette "mue" s’accompagne d’un pendant psychologique, plus ou moins tempétueux selon les femmes : "la ménopause arrive autour de la cinquantaine au moment où les enfants ont grandi, ce qui s’accompagne d’un changement qui peut être vécu violemment par les femmes, c’est ce qu’on appelle le syndrome du nid vide, décrit Laurence Haurat. Les enfants quittent le foyer et s’autonomisent à un moment psychologique et émotionnel où on peut être plus sensible, irritable, plus à cran voire en dépression".

Un chambardement personnel et émotionnel auquel s’ajoute le regard dépréciatif de la société. "Au niveau social, la ménopause renvoie à une image de vieillissement, d’inutilité, d’invisibilité et d’une juvénilité qu’il faudrait éternelle. Tout cela entre en conflit avec ce que l’on est en train de vivre".

En public, au travail, dans le couple ou dans son entourage… Le tabou de la ménopause flotte en permanence dans le quotidien, pesant de tout son poids sur les épaules des concernées, contraintes d’éluder ce sujet jugé trop intime et de taire leurs ressentis, leurs tourments intérieurs et troubles physiques.

Vieillissement : comment en faire un processus positif

Alors comment s’affranchir de ces carcans et surmonter la peur de vieillir ? "Il est important de comprendre que la ménopause est une dynamique, un chemin qui a démarré il y a longtemps et qui va continuer encore longtemp s, explique Laurence Haurat. Replacer cette peur de vieillir dans cet événement, dans ce processus de vie me semble positif."

Selon la thérapeute, cela passe notamment par accepter le fait de ne pas avoir le contrôle. "Cette peur de vieillir naît aussi du fait que certaines femmes ne savent plus comment prendre soin de leur corps, ne savent plus s’en occuper, se sentent démunies et déboussolées, et qu’elles ont l’impression de perdre le contrôle", alors qu’en réalité nous n’avons le contrôle sur rien. "Il convient d ’accompagner son corps avec compréhension, en écoutant ses besoins physiques et émotionnels", conseille la psychologue.

Ménopause : comment aimer son nouveau corps

Par exemple, alors que trois quarts des femmes grossissent à la ménopause (étude ifop/flashs pour Humasana) et que cette prise de poids mine le moral de plus d’un tiers d’entre elles, la psychologue invite à "ne pas s’arc-bouter sur son corps d’avant car il n’existe plus". Et d’ajouter : "Mais cela ne veut pas dire que celui d’aujourd’hui ou de demain ne peut pas être satisfaisant. Le meilleur moyen de s’accepter ne doit pas passer par un énième régime qui fait perdre du poids et entraîne dans un cercle vicieux (effet yoyo), mais de se dire que si son corps change et que ses besoins alimentaires changent, on peut apprendre davantage à s’écouter, à écouter ses signaux de faim, de rassasiement, écouter ses besoins et repérer ceux liés à ses émotions", poursuit Laurence Haurat. Cela peut être aussi de bouger davantage en trouvant la manière de bouger qui nous fait plaisir.

Vieillissement : comment s’accepter avec ses rides

Autre témoin visible du temps qui passe et plus ou moins difficile à accepter, les rides. Là aussi, comment aimer son nouveau reflet dans le miroir ? "Cela renvoie à la question de l’acceptation qui n’est ni du renoncement ni de la résignation, mais qui revient à faire avec plutôt que d’aller contre. On doit faire ce travail d’accueillir une ride : si pour certaines cela peut passer par faire du botox, du yoga du rire ou de la gym faciale pour retrouver l’élasticité de son visage, on peut aussi se dire que cette ride raconte qui nous sommes fondamentalement et traduit les événements qu’on a vécus".

La ménopause, un vent de liberté

Pour la thérapeute, la ménopause et le vieillissement peuvent être appréhendés différemment que sous un jour négatif. Changer sa perception permet d’envisager le champ des possibles qui s’ouvre à cette période. "On peut tout à fait imaginer que la ménopause soit un temps de renaissance, de liberté : on n’a plus de règles et donc plus de souci de contraception, moins de charge mentale familiale, des possibilités de rencontres… C’est un peu le prisme avec lequel on va regarder cette période qui induit la façon dont on va le vivre", affirme Laurence Haurat.

A l’automne de sa vie, il est possible de se projeter vers autre chose. "On peut par exemple réinventer sa relation parent-enfant avec son enfant devenu adulte. C’est aussi un moment où on est encore pleine d’énergie, où on a plus de temps, de loisirs…". Une "page blanche" devant laquelle chaque femme est libre de se poser et de se demander "comment elle imagine sa vie" pour se réinventer.

Pour autant, il ne s’agit pas de devenir une adepte de la la méthode Coué, en se forçant à penser positif par vents et marées, tempère la thérapeute. "Il ne faut pas non plus culpabiliser de ne pas être dans une dynamique positive à tout moment. Parfois cela fait du bien de se dire qu’on peut se réinventer et il y a des moments où ce discours est ressenti comme anxiogène et on n’a pas envie de changer". Mais si cette baisse de moral dure, "il est nécessaire de se faire accompagner" pour en parler auprès de personnes ressources (auprès de son médecin, de sa sage-femme, d’un thérapeute, professeur de yoga, etc). Il ne faut pas rester seule", conseille l’experte.

Sources

Merci à Laurence Haurat, psychologue et nutritionniste, auteure de La Révolution ménopause (Solar).

Notre Newsletter

Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de Medisite.

Votre adresse mail est collectée par Medisite.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.