Comment protéger sa voix et éviter l’extinction en hiver ?

Publié par Elodie Vaz
le 24/12/2025
Perdre sa voix
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En hiver, la voix est mise à rude épreuve. Virus, stress, mauvaises habitudes, des professionnels de santé donnent des conseils pour la protéger et éviter qu’elle ne s’abîme.

Elle nous accompagne du matin au soir, au travail comme à la maison. Pourtant, notre voix est souvent mise à rude épreuve, surtout en hiver. Fatigue vocale, enrouement, extinction… Des désagréments fréquents, mais pas une fatalité. Avec quelques gestes simples, il est possible de la préserver.

« Notre voix est un outil précieux. Elle nous permet de communiquer, d’exprimer nos émotions et de transmettre nos idées », rappelle Alice, infirmière en service ORL de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Enseignants, avocats, comédiens, chanteurs… mais aussi toutes les personnes qui parlent beaucoup, pour eux, la voix est un véritable instrument de travail. Et comme un musicien entretient son piano, son violon ou encore son saxophone, cet instrument mérite aussi une attention particulière.

Une mécanique fine et fragile

La voix naît du souffle. « L’énergie pulmonaire est transformée en énergie acoustique. Le larynx sort des débits d’air en débit phonatoire », explique le professeur Stéphane Hans, chef du service ORL de l’hôpital Foch à Suresnes. Ce sont les cordes vocales, deux petits muscles situés dans le larynx, qui vibrent sous l’effet de l’air.

Et comme pour toutes les fonctions du corps humain, elle est aidée par son chef d’orchestre. « La voix est un transmetteur d’émotion et le cerveau en est le moteur », poursuit-il. « C’est lui qui va contrôler les flux d’air et moduler le son qui sort. » Si des caractéristiques sont communes à tous, « chaque personne a sa propre voix ».

Mais ces cordes vocales sont fragiles. Parler trop fort, crier ou même chuchoter peut les irriter. À la longue, une mauvaise utilisation peut entraîner une fatigue vocale, une voix cassée ou enrouée.

Quand la voix s’éteint

En hiver, les virus sont souvent en cause. « L’extinction de voix peut être due à une pathologie ou à des virus qui engendrent une inflammation des cordes vocales », précise le professeur Hans. Des pathologies comme les polypes ou les nodules peuvent également provoquer une perte de voix. « Si on est fumeur, on conseille de consulter après une semaine de dysphonie », ajoute-t-il.

Dans le larynx, « quand on est malade, la muqueuse va s’épaissir et s’inflammer ». Résultat : les cordes vibrent mal, avec cette sensation de « parler comme Dark Vador ». Le plus souvent bénin, le problème dure environ une semaine. Mais attention si cela s’installe. Le médecin Vincent Valinducq rappelle la règle du un pour trois : « un symptôme qui persiste au moins trois semaines, on consulte ».

Stress, reflux et mode de vie

Le reflux gastro-œsophagien peut aussi modifier la phonation. « C’est de l’acidité de l’estomac qui remonte. Il peut provoquer une toux », explique le professeur Hans. Le reflux laryngo-pharyngé, lui, provoque des inflammations ORL à répétition. « Ce sont des petites bulles qui remontent de l’estomac. Elles portent des enzymes présentent sur la paroi de l’estomac. La bulle va se positionner sur les muqueuses ORL et l’enzyme va entraîner un syndrome inflammatoire. Les patients se plaignent, ils raclent leur gorge, ils font des otites et des sinusites à répétition », explique le spécialiste.

Les bons réflexes pour préserver sa voix

L’orthophoniste est le professionnel de référence pour prévenir et rééduquer la voix. Ses conseils : adopter une respiration abdominale efficace, bien s’hydrater, éviter de forcer sur la voix et faire des pauses vocales régulières. Échauffer sa voix avant un effort, surveiller son environnement (air sec, bruit, stress) et adopter une posture équilibrée sont aussi essentiels.

« Le reflux est une maladie de la civilisation. Le stress et l’alimentation jouent un rôle fondamental », prévient le professeur Hans. Certains comportements sont à proscrire : fumer, parler en chuchotant, tousser ou se racler la gorge fréquemment. « Des gestes simples comme adopter une hygiène de vie saine, avec une alimentation équilibrée et une activité physique régulière, font aussi partie du traitement. »

Car vivre sans voix peut être dramatique. « Une vie sans pouvoir s’exprimer, c’est un isolement angoissant. C’est une vraie prison », témoigne Monique, devenue aphone après un Covid long. Une raison de plus pour en prendre soin, surtout lorsque l’hiver met les cordes vocales à l’épreuve.

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