Un test sanguin fiable à 96 % pour enfin diagnostiquer le syndrome de fatigue chronique

Publié par Elodie Vaz
le 12/10/2025
Syndrome de fatigue chronique
Autre
Un simple test sanguin pourrait bientôt permettre de diagnostiquer le syndrome de fatigue chronique. Une avancée scientifique majeure, qui apporte de l’espoir à des millions de personnes vivant dans l’ombre d’une maladie longtemps ignorée.

Pendant des années, les personnes atteintes du syndrome de fatigue chronique ont entendu qu’elles étaient simplement “épuisées”, “stressées” ou que “c’était dans leur tête”. Pourtant, cette maladie, aussi appelée encéphalomyélite myalgique (ME/CFS), qui a beaucoup fait parlé d’elle avec le Covid long est bien réelle. “Elle provoque une fatigue extrême qui ne disparaît pas avec le repos, des douleurs, des troubles du sommeil et des difficultés de concentration”, souligne Isabelle Fornasieri, présidente de l’association française  du syndrome de fatigue chronique.

Jusqu’à présent, aucun test ne permettait de la diagnostiquer avec certitude. Mais une équipe britannique publiée en octobre 2025 dans le Journal of Translational Medicine, pense avoir trouvé la clé : un test sanguin capable d’identifier la maladie avec beaucoup de précision.

Pour parvenir à leurs résultats, des scientifiques de l’Université d’East Anglia, en collaboration avec la société Oxford BioDynamics, ont mis au point une méthode innovante pour repérer la maladie dans le sang. Leur étude repose sur une idée simple mais puissante : notre ADN ne se contente pas d’être un long code génétique, il se plie, se replie et s’organise en trois dimensions. Ces “pliures” influencent la manière dont nos gènes s’expriment.

Un test avec 96 % de précision

Leur technologie, baptisée EpiSwitch, permet d’analyser ces structures en 3D. En comparant des échantillons de sang de 47 patients atteints et de 61 personnes en bonne santé, les chercheurs ont repéré un “profil” bien distinct chez les malades. Résultat : le test a pu identifier les personnes atteintes de ce syndrome avec 96 % de précision.

Mais comment cet examen fonctionne-t-il ? Ce n’est pas un test ADN classique. Il ne cherche pas des mutations génétiques, mais des traces biologiques laissées par la maladie sur l’organisation de l’ADN. Autrement dit, il regarde comment l’ADN “se comporte” plutôt que ce qu’il “contient”. Cette approche, dite épigénétique, reflète les effets de l’environnement, du stress ou de l’inflammation sur nos gènes.

Chez les personnes atteintes de fatigue chronique, le test a détecté des changements précis dans ces structures 3D, liés à des réactions du système immunitaire et à des processus inflammatoires.

Ces découvertes renforcent l’idée que le syndrome de fatigue chronique est bien une maladie biologique, et non psychologique.

Un espoir concret pour les malades

Aujourd’hui, diagnostiquer cette maladie peut prendre plusieurs années. “Les patients consultent souvent de nombreux médecins avant d’obtenir une réponse claire. Certains se voient même accusés d’inventer leurs symptômes”, explique Isabelle Fornasieri.

Un test simple, basé sur une prise de sang, pourrait donc changer radicalement la donne. “Ce test pourrait aider les médecins à poser un diagnostic plus rapide, plus précis et surtout à valider la réalité de la maladie”, expliquent les chercheurs.

Au-delà du diagnostic, cette technologie pourrait aussi aider à mieux comprendre les mécanismes biologiques de ce syndrome et à développer de nouveaux traitements. Elle pourrait également servir à détecter des troubles proches, comme le Covid long.

Des résultats prometteurs

Même si les chiffres sont intéressants, les chercheurs appellent à la prudence. Leur étude reste de petite taille : moins de 50 patients ont été testés. “Avant qu’un tel test soit utilisé en clinique, il faudra le confirmer sur un grand nombre de personnes, dans plusieurs pays et avec des populations variées”, précise le communiqué.

De plus, la maladie reste complexe. Ses causes exactes sont encore débattues : virus, dérèglement immunitaire, stress oxydatif, troubles hormonaux... Le test ne résout pas tout, mais il ouvre une voie nouvelle pour la recherche.

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https://www.eurekalert.org/news-releases/1101039 

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