Une femme sur quatre en manque de fer : quand la fatigue cache un vrai problème de santé

Publié par Elodie Vaz
le 17/10/2025
Fatigue extrême
Istock
Longtemps banalisée, la carence en fer touche 25 % des femmes en France, contre seulement 1 % des hommes. Entre méconnaissance médicale et tabous autour de la santé féminine, le diagnostic tarde, avec des conséquences bien réelles sur la vie quotidienne.
 

Stress, tâches ménagères, charge mentale… Pour une femme, les causes d’une fatigue chronique sont multiples. Pourtant, l’une d’elles, et non des moindres, reste souvent méconnue : la carence en fer. Selon une enquête menée par le laboratoire pharmaceutique CSL Vifor France et présentée en conférence de presse le 10 octobre 2025, une femme sur quatre en France serait concernée par ce déficit, contre seulement 1 % des hommes. Des chiffres alarmants, d’autant que les répercussions vont bien au-delà d’un simple teint pâle.

La carence en fer est considérée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme le déficit nutritionnel le plus répandu au monde, touchant environ un milliard de personnes. Elle constitue également la première cause d’anémie, dite « martiale » ou « ferriprive ». « Le fer joue un rôle essentiel dans notre organisme. Il contribue au transport de l'oxygène par l'hémoglobine et intervient dans les mécanismes liés aux neurotransmetteurs », explique le professeur Descamps, gynécologue-obstétricien et chef de service au CHU d'Angers.

Des symptômes qui empoisonnent le quotidien

Les conséquences sur la santé sont nombreuses : fatigue, perte de cheveux, pâleur, troubles de la concentration, de la mémoire ou encore de l’apprentissage. « C’est le quotidien tout entier qui est mis à mal », constate-t-on. « Je manque d'énergie constamment. Il m’arrive d’avoir du mal à faire des efforts physiques assez longs, d’être épuisée pendant l’effort ou quand je gère seule mes trois enfants », témoigne Bertille Flory, 39 ans, patiente experte.

L’enquête, menée auprès de 5075 femmes présentant ce type de symptômes, révèle un important retard de diagnostic : seules un tiers d’entre elles ont été diagnostiquées, dont 60 % dans la tranche d’âge 25-45 ans. Et parmi celles qui ne le sont pas, à peine 18,6 % ont pris rendez-vous avec un professionnel de santé.

Un diagnostic simple, mais trop rarement posé

Pourtant, le dépistage est simple. Une prise de sang suffit pour identifier une carence en fer. La Haute Autorité de santé rappelle que le dosage de la ferritine sérique est l’examen de référence. En cas de cancer, de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ou d’insuffisance rénale chronique, il est recommandé d’y associer le dosage du coefficient de saturation de la transferrine.

Mais encore faut-il écouter les femmes lorsqu’elles expriment leur fatigue. « Je demande systématiquement à mes patientes si elles se sentent plus fatiguées qu’avant. Il faut prendre le temps de poser la question. Si tous les acteurs du système de soins sont sensibilisés à ce sujet, la situation s’améliorera nécessairement », avertit le professeur Descamps.

Identifier la carence permet ensuite d’en déterminer la cause. Certaines étapes de la vie féminine sont particulièrement propices à son apparition : premières règles, adénomyose, grossesses, fibromes ou encore cancers gynécologiques. « Je suis atteinte d’endométriose. Je souffre également d’adénomyose. J’ai toujours eu des règles abondantes et je suis en manque de fer chronique depuis de nombreuses années. Les dosages effectués au cours de mes grossesses ont montré un manque de fer qui perdure depuis l’adolescence », témoigne Bertille Flory.

Chez cette jeune mère, les traitements oraux se sont révélés inefficaces. « Les effets secondaires, notamment digestifs, sont difficiles à supporter et le taux ne s’améliore pas », confie-t-elle. Des traitements intraveineux existent, mais leur mise en œuvre nécessite l’intervention d’un professionnel de santé, ce qui complique parfois l’accès aux soins.

Entre errance médicale et épuisement psychologique

Cette errance médicale n’est pas sans répercussion psychologique. « Je me sens à la fois perdue et de plus en plus résignée dans mon parcours. J’ai l’impression que ma situation ne va pas évoluer. Cela entraîne de l’anxiété, avec un impact sur mes émotions, qui sont décuplées au moment de mon syndrome prémenstruel. »

Une fois la carence martiale identifiée, il est essentiel d’en traiter les causes, notamment les saignements utérins anormaux, particulièrement fréquents et qui devraient faire l’objet d’un dépistage systématique. Dans ce contexte, les gynécologues-obstétriciens et les professionnels des soins de santé primaires jouent un rôle crucial dans la lutte contre l’anémie, désignée par l’OMS comme un problème majeur de santé mondial. 

 

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Conférence de presse du laboratoire pharmaceutique CSL Vifor France 

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