Syndrome des jambes sans repos : et si c’était (simplement) un manque de fer invisible ?

Publié par Sandrine Coucke-Haddad
le 26/11/2025
syndrome jambes sans repos
Istock
Le syndrome des jambes sans repos (SJSR), peut largement affecter les nuits, la qualité de vie et même la santé mentale. Le problème ? Trop de personnes subissent cet inconfort sans trouver l’origine du problème et donc sans solution. Pourtant, le coupable est souvent un manque de fer, même si votre bilan sanguin est normal !

Vos nuits sont perturbées par une envie irrépressible de bouger vos jambes, ce qui perturbe votre sommeil et crée des insomnies ? Vous êtes peut-être touché par le syndrome des jambes sans repos (SJSR) ou impatiences, un problème qui touche “2 à 3 % de la population (...) de façon chronique, et 6 à 7 % de façon plus occasionnelles” d’après l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale).

Impatiences : un trouble nocturne aux lourdes conséquences

Le SJSR est un trouble sensitivo-moteur défini par un besoin impérieux de bouger les membres inférieurs, souvent accompagné de sensations désagréables comme des fourmillements ou des picotements. Ces symptômes apparaissent spécifiquement au repos, que l'on soit assis ou allongé, et sont temporairement soulagés par le mouvement. Souvent, le phénomène suit un rythme circadien marqué : l'inconfort s'aggrave en soirée et durant la nuit, atteignant un pic d'intensité entre minuit et une heure du matin. 

Cette pathologie, souvent méconnue des patients comme des praticiens, n'est pas rare et les conséquences sur la qualité de vie sont directes, avec un taux d'insomnie touchant 79 % des patients et un risque accru de développer des troubles anxieux ou dépressifs. "Certaines enquêtes et études cliniques suggèrent que les personnes atteintes du SJSR ont un surrisque de présenter des symptômes dépressifs ou d’avoir des idées suicidaires, notamment celles qui souffrent d’insomnie”, explique le Pr Yves Dauvilliers, neurologue et responsable de l'activité clinique et de recherche du laboratoire du sommeil du CHU de Montpellier.

Le fer, un élément clé dans le syndrome des jambes sans repos

Au cœur de la physiopathologie du SJSR se trouve un acteur inattendu : le fer. Cet oligo-élément est indispensable au bon fonctionnement du cerveau, notamment pour la production de dopamine, un neurotransmetteur qui joue un rôle majeur dans la régulation des mouvements. Le lien entre le SJSR, la dopamine et le fer est désormais bien établi. Un manque de fer dans le système nerveux central perturbe l'activité d'une enzyme essentielle, ce qui déséquilibre la synthèse de la dopamine dans des zones cérébrales stratégiques comme la substance noire et le striatum. 

Le principal paradoxe est que la carence en fer responsable des symptômes est souvent localisée uniquement au niveau cérébral. Ainsi, une personne peut souffrir de ce syndrome alors que ses analyses sanguines classiques, comme le taux d'hémoglobine, sont tout à fait normales. “Les personnes qui présentent des troubles du métabolisme du fer ou une anémie ont plus souvent un diagnostic de SJSR que le reste de la population générale. Mais le bilan sanguin de patients diagnostiqués montre une carence en fer dans seulement 20 % des cas.”, précise le Pr Dauvilliers. La solution ? Traquer non pas le fer, mais la ferritine, qui reflète les réserves de fer de l'organisme.

Identifier la carence en ferritine pour retrouver le sommeil

Comment connaître ses réserves en ferritine ? Cela passe par un bilan sanguin spécifique, appelé bilan martial, qui mesure non seulement le fer sérique mais aussi la saturation de la transferrine et surtout la ferritine. Pour les patients atteints du syndrome des jambes sans repos, la carence en fer est suspectée lorsque le taux de ferritine sérique est inférieur à 50 ng/mL, un seuil bien plus élevé que celui utilisé pour définir l'anémie. Le traitement du SJSR lié à une carence martiale vise donc à reconstituer ces réserves. La première ligne d'intervention est une supplémentation en fer, administrée par voie orale ou, dans certains cas, par voie intraveineuse pour une correction plus rapide et efficace. Il est également important de noter que d'autres facteurs peuvent favoriser cette carence, comme la grossesse ou l'insuffisance rénale chronique. De plus, certains médicaments, notamment des antidépresseurs ou des antihistaminiques, peuvent paradoxalement aggraver les symptômes et doivent être évalués par un professionnel de santé.

Google News Voir les commentaires