Médicaments périmés : le geste dangereux que trop de Français commettent encore

Publié par Elodie Vaz
le 27/11/2025
Que faire des médicaments périmés
Istock
Jeter des médicaments usagés menace gravement l'environnement et augmente les risques d'intoxication domestique. Pour une meilleure gestion de ces déchets, Medisite fait le point sur les étapes et conseils à suivre.
 

Un sirop vidé dans l’évier, une plaquette de comprimés jetée à la poubelle… Un geste banal, presque machinal. Pourtant, derrière cette fausse simplicité se cache un véritable danger pour l’environnement, mais aussi pour la santé publique. Pollution des rivières, intoxications à domicile, antibiorésistance : les conséquences d’une mauvaise élimination des médicaments non utilisés sont loin d’être anecdotiques. Et alors qu’une solution claire et obligatoire existe, elle est encore trop peu adoptée. 

Cette solution se résume en un mot : Cyclamed. Agréé par les pouvoirs publics, cet éco-organisme est chargé de collecter et d’éliminer en toute sécurité les Médicaments Non Utilisés (MNU) destinés à l’humain. Le principe est simple. On rapporte ses médicaments à la pharmacie. Toutes les officines de France ont l’obligation légale d’accepter gratuitement et sans achat les traitements non utilisés, qu’ils soient périmés ou non. Comprimés, sirops, pommades, aérosols : tout y passe, à condition qu’il s’agisse d’un médicament. 

Le tri à faire chez soi avant d’aller en pharmacie

Avant de se rendre en pharmacie, un tri s’impose à la maison. Les emballages en carton et les notices rejoignent le bac de tri habituel. En revanche, les comprimés doivent rester dans leurs plaquettes, et les flacons ou tubes dans leur contenant d’origine. Ce détail est crucial. Il permet aux professionnels de reconnaître le médicament et d’éviter toute manipulation hasardeuse. Une fois collectés, les produits partent vers des centres d’incinération spécialisés. 

Mais si le geste est simple, ses manquements sont lourds de conséquences. Les médicaments jetés dans les toilettes ou dans l’évier se retrouvent dans les eaux usées. Problème : les stations d’épuration ne sont pas équipées pour filtrer toutes les molécules issues des traitements. Les substances actives se retrouvent dans les rivières et perturbent la vie aquatique. Des résidus d’hormones de contraceptifs peuvent par exemple modifier le développement des poissons, et certains antidépresseurs altèrent le comportement de certaines espèces, compromettant leur survie. 

L’antibiorésistance, l’autre bombe sanitaire silencieuse

Le danger est aussi sanitaire. Le rejet d’antibiotiques dans la nature encourage la prolifération de bactéries résistantes, un problème majeur qui complique déjà la prise en charge de nombreuses infections. À cela s’ajoute le risque domestique. Garder des médicaments inutilisés dans une armoire de salle de bain est un piège silencieux. Les enfants peuvent les avaler par accident, les personnes âgées peuvent confondre les traitements et se tromper de dosage. 

Les DASRI, un tri à part pour éviter les risques infectieux

Attention cependant : tout ne doit pas finir chez le pharmacien. Cyclamed ne concerne que les médicaments à usage humain. Les crèmes solaires, lotions, vitamines, compléments alimentaires ou produits diététiques doivent être jetés avec les déchets ménagers classiques. Quant aux médicaments vétérinaires, ils doivent être rapportés chez le vétérinaire. Et surtout, les objets piquants ou coupants utilisés lors de soins — aiguilles, seringues, lancettes, stylos injecteurs — n’ont rien à faire dans un sac de médicaments. Ces Déchets d’Activités de Soins à Risque Infectieux (DASRI) doivent être placés dans des boîtes jaunes sécurisées, distribuées gratuitement en pharmacie, puis traités dans une filière dédiée. 

Adopter le bon réflexe ne prend que quelques minutes. Mais il protège l’environnement, limite l’antibiorésistance et réduit les intoxications à la maison. Un geste citoyen, à la portée de tous, qui contribue directement à la santé collective.

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