Attention à votre smartphone sur les toilettes, il augmente le risque de cette maladie courante

Publié par Elodie Vaz
le 11/09/2025
Scroller son smartphone sur les toilettes
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Image d'illustration
Une étude américaine met en évidence un problème de notre société aux impacts sous-estimés : scroller son smartphone aux toilettes nuit à votre santé. On vous explique.
 

On le fait presque sans y penser : consulter son téléphone aux toilettes. Lire les actualités, scroller sur les réseaux sociaux, répondre à un message… Cette habitude banale pourrait pourtant nuire à votre santé digestive. Une étude menée au Beth Israel Deaconess Medical Center, publiée le 3 septembre dans la revue PLOS ONE, met en lumière un lien entre l’usage du smartphone sur les toilettes et une augmentation du risque d’hémorroïdes.

Sur les 125 adultes interrogés, 66 % reconnaissaient utiliser leur smartphone aux toilettes. La majorité déclarait y lire l’actualité (54 %) ou naviguer sur les réseaux sociaux (44 %). Ce comportement concerne surtout les plus jeunes : l’âge moyen des utilisateurs de smartphone aux toilettes était de 55 ans, contre 62 ans chez les non-utilisateurs.

Plus de temps assis, plus de risques

L’étude montre une différence frappante : 37 % des personnes utilisant leur téléphone passaient plus de cinq minutes par visite aux toilettes, contre seulement 7 % chez les autres. Résultat : après ajustement pour d’autres facteurs de risque connus (âge, sexe, indice de masse corporelle, activité physique, alimentation en fibres, constipation ou efforts de poussée), les chercheurs ont observé une augmentation de 46 % du risque d’hémorroïdes chez les adeptes du smartphone.

Mais comment expliquer un tel résultat ? Il faut savoir que les hémorroïdes sont extrêmement courantes. Elles représentent la troisième cause de consultation gastro-intestinale aux États-Unis, avec près de 4 millions de visites médicales par an. Constipation, grossesse, obésité, manque d’activité physique ou alimentation pauvre en fibres figurent parmi les causes les plus fréquentes. 

Mais la position assise prolongée sur le trône est aussi pointée du doigt. « Assis sur un siège de toilettes, le plancher pelvien n’est pas soutenu comme sur une chaise. La pression exercée sur les coussinets hémorroïdaires augmente donc au fil des minutes. Une exposition répétée peut favoriser leur congestion, jusqu’à l’apparition d’hémorroïdes internes ou externes », précise les auteurs dans l’étude. 

Une prise de conscience nécessaire

Pour la gastro-entérologue Trisha Pasricha, autrice principale de l’étude, il est temps d’ouvrir les yeux sur ce geste devenu automatique. « Ce qui a changé, c’est qu’avant, quand on lisait un vieux magazine, c’était facile de passer à autre chose une fois qu’on avait fini. Aujourd’hui, les vidéos s’enchaînent, l’algorithme sait comment garder votre attention. On perd beaucoup plus facilement la notion du temps. Fixez-vous une limite à deux TikTok, puis demandez-vous : "Est-ce que j’ai encore quelque chose à faire ici ?" », explique-t-elle sur France Info. 

Elle recommande de considérer le téléphone aux toilettes comme on le fait déjà au lit ou à table : un intrus dont il faut se défaire. Laisser son smartphone hors de la salle de bain limiterait naturellement la durée de chaque passage et réduirait les risques.

Des conseils simples

Face à la banalisation de cette pratique, les chercheurs insistent sur l’importance de nouvelles habitudes :

  • limiter son temps aux toilettes à moins de cinq minutes ;

  • éviter d’emporter son smartphone pour ne pas se laisser happer ;

  • veiller à une bonne hygiène de vie (fibres, hydratation, activité physique) afin de réduire les facteurs aggravants.

Et après ?

L’étude présente des limites. Elle ne permet pas d’affirmer un lien de causalité strict, et la population étudiée (adultes de plus de 45 ans en dépistage de cancer colorectal) n’est pas représentative de tous les âges. Mais elle ouvre une piste claire : nos comportements numériques, même dans les moments les plus intimes, peuvent influencer notre santé. Alors, la prochaine fois que vous entrez aux toilettes, la vraie question n’est peut-être pas « Ai-je pris mon téléphone ? », mais « Ai-je vraiment besoin de lui ici ? ».

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