Conduite nocturne : 3 tests oculaires indispensables après 50 ans
Avec l'âge, prendre le volant la nuit se transforme souvent en épreuve. Plus encore ces dernières années car les LED de certaines voitures (les SUV en particulier) semblent être particulièrement fortes et éblouissent de nombreux conducteurs. "Le problème est dans l’inclinaison, il n’est pas dans le feu en tant que tel, donc c’est un problème de réglage", précise Pierre Chasseray, délégué général de 40 millions d’automobilistes à nos confrères de La Dépêche. "Avoir les enfants à l’arrière, ou du matériel dans le coffre, modifie l’inclinaison de la voiture. En mettant du poids à l’arrière, l’avant se relève et va venir éblouir l’automobile en face". A ce problème d'éblouissement lié aux phares qui peut concerner tout le monde s'ajoutent les effets de l’âge : la baisse de performance visuelle peut modifier la perception des distances par exemple ou rendre plus difficile la lecture des panneaux quand il fait nuit. Heureusement, des examens ciblés et des solutions optiques permettent d’identifier les causes et de corriger la situation pour continuer à conduire en toute confiance après la tombée du jour.
Vision nocturne : le double défi de l'âge
Deux phénomènes, souvent discrets au début, expliquent la dégradation de la vision nocturne après 50 ans. Le premier est la cataracte débutante, une opacification progressive du cristallin. Au lieu de focaliser la lumière nettement sur la rétine, un cristallin qui perd sa transparence la diffuse dans toutes les directions. Ce mécanisme de diffusion intraoculaire est directement responsable des halos lumineux et de la sensation d'éblouissement intense face aux phares. Cette situation explique pourquoi une cataracte débutante accentue l'éblouissement des phares et altère dramatiquement la perception des contrastes, rendant un piéton ou une ligne blanche difficiles à distinguer.
Le second mécanisme est la myopie nocturne. En faible lumière, la pupille se dilate pour capter un maximum de photons. Cependant, cette dilatation maximale augmente les aberrations optiques naturelles de l'œil, provoquant une baisse de l'acuité visuelle et un flou sur les objets distants. La netteté qui était parfaite en plein jour peut devenir insuffisante la nuit, nécessitant parfois une correction spécifique pour la myopie nocturne. De plus, la pupille d’une personne de 80 ans reçoit bien moins de lumière que celle d’un jeune de 20 ans, la faisant fonctionner comme si elle portait en permanence des lunettes de soleil.
Trois examens clés pour évaluer votre vision
Vous pensez moins bien voir la nuit ? Vous pouvez passer des tests de vision qui vont vous renseigner sur votre capacité réelle à conduire la nuit en toute sécurité. Car si l'acuité visuelle standard reste la base pour vérifier la capacité à lire les panneaux, un bon score, y compris le minimum de 5/10 requis pour le permis, ne garantit en rien une conduite nocturne sûre. D'autres fonctions visuelles, bien plus importantes dans la pénombre, peuvent être mesurées. "Le premier examen à réaliser est un test de vision en faible luminosité, destiné à dépister une éventuelle myopie nocturne", indique le Dr Nassim Belhatri, ophtalmologiste spécialiste en chirurgie réfractive du groupe OphtaMaine.
Autre examen important : le test de sensibilité aux contrastes. Il évalue la capacité à différencier des objets de leur arrière-plan lorsque la luminosité est faible, comme apercevoir un animal sur le bas-côté ou les contours d'une route sous la pluie, l’une des premières fonctions visuelles affectées par la cataracte. C'est pourquoi un test de sensibilité aux contrastes, réalisé par un ophtalmologiste, est un indicateur bien plus fiable de l'aptitude à conduire de nuit. Un second test peut être intéressant : il mesure le temps de récupération après un éblouissement, autrement dit la vitesse à laquelle la rétine redevient fonctionnelle après avoir croisé des phares. Ce temps passe de 10 secondes à 25 ans à plus d’une minute après 40 ans. À 80 km/h, un temps de récupération de 30 secondes représente une distance de près de 670 mètres parcourue sans vision claire.
"En plus de ces trois examens, votre ophtalmologiste regardera l’intérieur de vos yeux avec une lampe spéciale (lampe à fente) et un examen du fond d’œil, afin de repérer des pathologies comme la cataracte ou certaines maladies de la rétine", ajoute le Dr Belhatri.
Quelles solutions pour mieux conduire la nuit ?
Quelles solutions pour mieux voir la nuit et rouler en toute sécurité ? Certains verres ont des caractéristiques intéressantes pour réduire l’éblouissement. Les verres antireflets, très courants aujourd’hui, permettent déjà d’éliminer les réflexions parasites, qu'elles proviennent des phares ou de l'éclairage public. Ainsi, près de 99 % de la lumière pourra atteindre l'œil, un gain précieux en conditions de faible luminosité, mais une solution qui réduit également la fatigue visuelle et l'éblouissement.
Une autre option concerne les filtres spécifiques, souvent de teinte jaune ou orangée, conçus pour absorber une partie de la lumière bleue et violette agressive des phares à LED et au Xénon. Bien que leur efficacité pour améliorer la détection d'obstacles ne soit pas unanimement démontrée, de nombreux conducteurs rapportent un confort visuel accru et une sensation de moindre agression lumineuse. “Je n’arrivais quasiment plus à conduire tant j’étais gênée par les phares des autres véhicules, indique Stéphanie, 51 ans. On m’a conseillé des verres jaunes, et honnêtement, je suis bluffée : le confort est incroyable et je ne suis plus éblouie. Je peux à nouveau conduire la nuit sans stress et sans fatigue.” Veillez néanmoins à choisir des verres de catégorie 0 ou 1, qui ne réduisent pas significativement la quantité de lumière transmise, au risque d'obtenir l'effet inverse et d'assombrir une scène déjà peu éclairée. Et ne négligez pas votre suivi ophtalmologique, il doit être régulier pour adapter ces solutions à l'évolution de sa vue.