Conduite des seniors : 5 astuces discrètes pour évaluer l'aptitude de vos parents
Le sujet de la conduite des seniors est sensible. Pourtant, les chiffres rappellent la réalité de cet enjeu : bien que cette catégorie d’âge ne soit pas la plus impliquée dans les accidents, elle est particulièrement vulnérable. Comme rappelé ici, le 21 octobre, les députés européens ont voté une nouvelle directive : le permis de conduire (auto et moto) ne sera plus donné à vie, il devra impérativement être renouvelé tous les quinze ans, voire tous les dix ans dans les États membres où le permis sert de pièce d'identité. Et pour voir leur permis renouvelé, les conducteurs devront passer chez le médecin ! Alors comment savoir si nos aînés sont sans danger ?
Avant même de formuler une inquiétude, il est essentiel de s’appuyer sur des faits concrets. L'état de la carrosserie parle souvent de lui-même. L'apparition soudaine de nouvelles rayures, de bosses ou de petits accrochages inexpliqués, notamment sur les pare-chocs et les rétroviseurs, peut trahir des difficultés à évaluer les distances dans les parkings.
Une fois en position de passager, d'autres indices apparaissent. Une hésitation prolongée au feu vert, un freinage anormalement tardif ou une difficulté à s'insérer dans un rond-point sont des indicateurs d'un temps de réaction ralenti. Observer un parent qui chevauche les lignes, oublie fréquemment ses clignotants ou semble confus face à une signalisation complexe révèle des difficultés cognitives.
Enfin, une nervosité ou une irritabilité nouvelle dans des situations de conduite autrefois banales sont autant de signes de déclin dans la conduite d'un parent âgé.
Cinq approches subtiles pour évaluer sans confrontation
L’observation est essentielle pour réaliser une évaluation de la conduite d'un senior sans froisser sa susceptibilité. Profitez d'un instant à la maison pour demander à votre parent de lire les petits caractères sur une étiquette, prétextant avoir oublié vos lunettes, afin de tester sa vision de près, essentielle pour lire le tableau de bord.
Durant un trajet, observez si sa tête pivote suffisamment pour contrôler les angles morts ou s'il se contente d'un rapide coup d'œil aux rétroviseurs. Proposer un itinéraire légèrement modifié sur un parcours familier permet de tester sa flexibilité mentale et sa capacité d'adaptation.
Vous pouvez également évaluer son jugement en notant la distance de sécurité qu'il maintient : a-t-il tendance à coller le véhicule de devant ? Enfin, après une manœuvre délicate ou un coup de klaxon, interrogez-le calmement : "Il y a eu un klaxon, que s'est-il passé ?", afin de sonder sa propre conscience des difficultés rencontrées. Ces conseils pour les aidants aidant à évaluer la conduite d'une personne âgée permettent de rassembler des informations objectives.
Le médecin traitant, un allié malgré le secret médical
Lorsque les inquiétudes se confirment, le médecin généraliste devient un interlocuteur clé. En France, il est soumis au secret médical et ne peut signaler directement un patient à la préfecture. Le rôle du médecin traitant dans l'évaluation de l'aptitude à la conduite est donc celui d'un informateur et d'un conseiller.
En tant qu'aidant, vous pouvez prendre rendez-vous pour lui exposer vos observations factuelles, sans jamais poser de diagnostic. Le médecin a le devoir d'informer son patient des risques liés à une pathologie ou à certains traitements, comme l'indiquent les pictogrammes sur les boîtes de médicaments. Il peut user de son autorité pour le convaincre de se soumettre volontairement à un contrôle auprès d'un médecin agréé par la préfecture, qui sera le seul à même de statuer.
L'objectif n'est jamais de priver abruptement un parent de son autonomie, mais de garantir sa sécurité et celle des autres. Un argument psychologique consiste à évoquer la sécurité des petits-enfants lorsqu'ils sont passagers, transformant la prudence en acte de protection.
Le médecin peut également s'appuyer sur un argument pragmatique : en cas d'accident lié à une inaptitude médicale connue mais non déclarée, l'assurance peut refuser de couvrir les dommages, exposant le conducteur à de lourdes conséquences financières et pénales. Ce processus, bien que délicat, est avant tout une démarche de soin et de prévention, qui peut aboutir à des solutions alternatives comme des aménagements de conduite ou l'exploration d'autres moyens de transport pour préserver une vie sociale active.
Afficher les sources de cet article
https://www.conseil-national.medecin.fr/medecin/sante-publique/laptitude-medicale-conduite