Reflux gastro-œsophagien : l'ostéopathie peut-elle soulager et remplacer les médicaments ?

Publié par Sandrine Coucke-Haddad
le 07/12/2025
reflux acide
Istock
Un adulte sur trois dit composer avec un reflux gastro-œsophagien au moins une fois par semaine en France. Un trouble digestif particulièrement pénible à vivre et qui explique la très grande consommation d’IPP, dont on découvre régulièrement les effets délétères. Pourtant une alternative plus naturelle existe : l’ostéopathie.

Brûlures d'estomac, régurgitations, toux persistante... Le reflux gastro-œsophagien (RGO) chronique est un trouble digestif qui perturbe le quotidien de millions de personnes. En France, un adulte sur trois en ressentirait les symptômes au moins une fois par semaine. Face à cette problématique, le traitement de première intention repose massivement sur les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), des médicaments visant à réduire l'acidité gastrique. Pourtant, leur efficacité est loin d'être universelle. Une étude de 20191 révèle que 54,1 % des utilisateurs estiment que ces traitements ne calment pas suffisamment leurs maux. Cette situation, couplée à un possible effet rebond à l'arrêt des IPP, pousse de plus en plus de patients à chercher des alternatives, notamment du côté de l'ostéopathie viscérale.

Reflux : l’ostéopathie peut-elle aider ?

L'ostéopathie propose une lecture différente du RGO. Plutôt que de se concentrer uniquement sur la gestion de l'acidité, cette thérapie manuelle s'attaque aux causes mécaniques qui pourraient favoriser les remontées. L'objectif est de restaurer une bonne mobilité des structures entourant la jonction entre l'œsophage et l'estomac. Le diaphragme, principal muscle de la respiration, joue ici un rôle essentiel. Ses fibres musculaires entourent le sphincter inférieur de l'œsophage et participent activement à son rôle de valve anti-reflux. Toute tension ou perte de souplesse de ce muscle peut donc compromettre son efficacité et laisser le contenu gastrique remonter. Le lien entre l'ostéopathe et le diaphragme dans le cadre du RGO est donc au cœur de la prise en charge. Les manipulations visent à redonner de la souplesse à cette zone, à libérer l'estomac d'une éventuelle hyperpression et à améliorer la mobilité des organes digestifs. Est-ce pour autant une technique fiable, sûre et efficace ?

Des preuves scientifiques encourageantes mais à nuancer

Plusieurs études récentes apportent des résultats prometteurs. Un essai clinique randomisé2 en double aveugle, publié en 2019, a montré qu'une technique ostéopathique spécifique sur le sphincter œsophagien soulageait « significativement » les symptômes par rapport à un placebo. Plus récemment, en 2022, une autre étude3 a conclu que l'intégration d'un traitement ostéopathique aux soins standards est une thérapie de soutien « sûre et efficace » chez les patients souffrant de RGO. Toutefois, les auteurs invitent à des travaux plus larges et effectués sur le plus long terme pour valider ces effets. De son côté, le syndicat français des ostéopathes (SFO) indique que cette thérapie manuelle peut être une solution “lorsque le reflux ne nécessite pas d’examens complémentaires” et “en présence de symptômes typiques et s'il n'existe pas de signe d'alarme (dysphagie, amaigrissement, anémie)”.

Un complément dans une prise en charge globale

Ainsi, l'ostéopathie ne se présente pas comme un remède miracle ou un substitut aux traitements médicaux, mais comme une approche complémentaire. Elle s'intègre dans une prise en charge pluridisciplinaire, aux côtés des conseils hygiéno-diététiques fondamentaux : surélever la tête de lit, éviter les repas trop copieux le soir et limiter les aliments et boissons comme l'alcool, les plats épicés, le café ou le chocolat. Ce qui est intéressant, car l'ostéopathe évalue le patient dans sa globalité, considérant que des facteurs comme le stress chronique ou une mauvaise posture peuvent aggraver le reflux. En général, une à trois séances peuvent suffire pour observer une amélioration. Cependant, en présence de symptômes d'alarme comme une difficulté à avaler (dysphagie), un amaigrissement inexpliqué ou une anémie, il est impératif de consulter un médecin pour écarter toute complication sérieuse.

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