Le venin de scorpion, nouvel espoir contre le cancer du cerveau
Qui aurait cru qu’un animal aussi redouté qu’un scorpion puisse un jour aider à combattre l’un des cancers les plus mortels ? Et pourtant, c’est bien dans le venin du Leiurus quinquestriatus surnommé le « rôdeur mortel » que des chercheurs ont trouvé une piste thérapeutique pour traiter le glioblastome, une tumeur cérébrale particulièrement agressive.
Originaire d’Égypte et du Soudan, ce scorpion n’a a priori rien de rassurant. Mais son venin contient une molécule étonnante : la chlorotoxine. Les scientifiques ont réussi à la modifier génétiquement pour qu’elle reconnaisse et se fixe sur les cellules cancéreuses du cerveau. Un peu comme un radar miniature, elle indique au système immunitaire et notamment aux lymphocytes T, ces cellules de défense naturelles où se cachent les tumeurs.
« Tout comme un scorpion utilise les composants toxiques de son venin pour cibler et tuer sa proie, nous utilisons la chlorotoxine pour diriger les cellules T afin de cibler les cellules tumorales », explique Michael Barish, chercheur à la City of Hope, un centre médical américain à l’origine de ces travaux.
Pourquoi les glioblastomes sont si difficiles à traiter
Le glioblastome est le cancer du cerveau le plus fréquent, mais aussi l’un des plus redoutables. Il se développe rapidement et, surtout, il ne forme pas une masse unique bien délimitée : les cellules tumorales se dispersent dans tout le cerveau. Cela complique énormément l’action des traitements actuels, qu’il s’agisse de la chirurgie, de la radiothérapie ou de la chimiothérapie.
C’est là que la chlorotoxine change la donne : elle a la capacité de « pointer du doigt » les zones malades, guidant les défenses immunitaires exactement là où il faut frapper.
Venin ou poison : une différence essentielle
L’idée d’injecter un dérivé de venin peut sembler inquiétante. Les toxines du venin, sont en effet très dangereuses dans la nature. Mais elles peuvent aussi s’avérer très utiles en médecine. De nombreuses molécules issues d’animaux venimeux sont déjà employées pour réguler des processus biologiques complexes et traiter certaines maladies.
Des résultats encourageants mais encore limités
Les premiers essais cliniques, publiés en août dernier dans la revue Cell Reports Medicine, sont prometteurs. Après trois cycles de traitement à base de chlorotoxine, près de 75 % des patients ont vu leur tumeur se stabiliser pendant un temps significatif. Autre point positif : la thérapie a été bien tolérée, sans effets secondaires majeurs.
Mais il faut rester prudent. Aucun des patients testés n’a été définitivement guéri : tous ont fini par succomber à leur cancer. La chlorotoxine n’est donc pas, à ce stade, un « remède miracle ».
Une recherche à ses débuts
Malgré ces limites, les chercheurs voient dans ce traitement une piste très sérieuse. Leur objectif est désormais d’optimiser l’action de la chlorotoxine, en la combinant éventuellement à d’autres approches, pour espérer prolonger la survie des malades et, à terme, offrir une véritable arme contre le glioblastome.
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https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2666379125003751
https://www.science.org/doi/10.1126/scitranslmed.aaw2672