Fibrose du foie : une étude révèle que le henné pourrait guérir la maladie

Publié par Elodie Vaz
le 09/11/2025
henné et fibrose du foie
Istock
Des chercheurs japonais ont découvert qu’une molécule issue de la plante de henné, la lawsone, freine la fibrose hépatique et pourrait en inverser les effets néfastes.
 

Et si le henné, ce colorant ancestral utilisé depuis des millénaires pour teindre les cheveux et décorer la peau, devenait un médicament contre les maladies du foie ? C’est la piste étonnante ouverte par une équipe japonaise de l’université métropolitaine d’Osaka. Leurs travaux, publiés en octobre 2025 dans la revue Biomedicine & Pharmacotherapy, montrent qu’un composé extrait du henné pourrait freiner, voire inverser, la fibrose hépatique.

Cette maladie se caractérise par une lente transformation du foie en tissu cicatriciel, souvent provoquée par une consommation excessive d’alcool ou une maladie chronique. Peu à peu, l’organe perd sa capacité à filtrer les toxines, entraînant un risque accru de cirrhose, d’insuffisance hépatique ou de cancer. On estime que 3 à 4 % de la population mondiale souffre d’une forme avancée de cette affection, pour laquelle les traitements restent très limités.

Le secret des cellules stellaires du foie

Pour comprendre le mécanisme de cette découverte, il faut plonger dans la machinerie interne du foie. Les cellules stellaires hépatiques y jouent un rôle essentiel. En temps normal, elles maintiennent l’équilibre des tissus. Mais lorsqu’elles sont trop activées, après une lésion ou une inflammation, elles produisent une quantité excessive de collagène et de fibres. C’est cette suractivité qui provoque la fibrose.

L’équipe dirigée par le professeur associé Tsutomu Matsubara et la docteure Atsuko Daikoku a mis au point un système de criblage chimique capable d’identifier les substances agissant directement sur ces cellules hyperactives. Leur objectif : trouver une molécule capable de les calmer, sans endommager le reste du foie.

La lawsone, une molécule miracle du henné

C’est là qu’entre en scène le Lawsonia inermis, plus connu sous le nom d’arbre à henné. En étudiant les pigments qu’il contient, les chercheurs ont isolé une molécule appelée “lawsone”, un composant chimique aux propriétés surprenantes. Leur système a révélé que cette substance pouvait inhiber l’activation des cellules stellaires hépatiques.

Lors des tests menés sur des souris, les résultats ont été prometteurs. Les animaux traités à la lawsone ont montré une réduction des marqueurs de la fibrose hépatique. En parallèle, les chercheurs ont observé une hausse de la cytoglobine, une protéine aux fonctions antioxydantes. « Les cellules stellaires hépatiques revenaient à un type non fibrotique », précisent les auteurs de l’étude.

Vers le premier traitement contre la fibrose

Ces résultats ouvrent des perspectives inédites. « Nous développons actuellement un système d'administration de traitements capable de transporter des médicaments vers les cellules stellaires hépatiques activées », a déclaré le professeur Matsubara. « En contrôlant l'activité des fibroblastes, y compris les cellules stellaires hépatiques, nous pourrions potentiellement limiter, voire inverser, les effets de la fibrose », ajoute-t-il.

Un colorant aux vertus inattendues

Bien que la recherche en soit encore à un stade préclinique, les tests n’ont été réalisés que sur des modèles animaux. L’équipe japonaise travaille déjà à développer des médicaments dérivés de la lawsone. Si les essais cliniques confirment ces premiers résultats, le henné pourrait bien passer du salon de beauté au cabinet médical, et offrir enfin une thérapie efficace contre la fibrose hépatique.

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