Maladie du foie gras : deux traitements efficaces à disposition des malades en France d'ici la fin de l'année
La maladie du foie gras (appelée aussi NASH ou MASLD, MASH étant la forme la plus avancée de la maladie) dite non alcoolique, car elle n’est pas nécessairement liée à une consommation excessive d’alcool, fait partie des stéatoses hépatiques métaboliques, autrement dit des maladies du foie qui conduisent à une inflammation et une fibrose. La premier pas vers la cirrhose et le cancer du foie, on estime que 10 % des cancers du foie sont consécutifs à une MASLD.
Pire, les risques de cancers extra hépatiques (cancer du sein, du pancréas ou du côlon notamment), sont aussi augmentés en cas de stéatose hépatique métabolique, en particulier chez des sujets plus jeunes.
La MASH qui conduit au cancer du foie détectée bien trop tard en France
Malheureusement, la MASLD est souvent diagnostiquée bien trop tard, une fois la cirrhose ou le cancer installés, car elle évolue à bas bruit, sans symptômes et sans aucun signe biologique… et le dépistage, qui pourtant pourrait être efficace, se heurte en France aux lenteurs administratives : "Quand on a des facteurs de risque - obésité, diabète, hypertension ou consommation d'alcool -, il faut évaluer la sévérité de l'atteinte hépatique”, explique le Pr Jérôme Boursier, pathologiste au CHU d'Angers.
Mais les tests sanguins ciblés ne sont pas remboursés (le dossier est en attente de réponse auprès de la Haute Autorité de Santé - HAS - depuis 4 ans !), alors que ceux de l'hépatite C, qui le sont, montrent un intérêt évident. En outre, le parcours de soin n’est pas encore au point
A cela s'ajoute une autre problématique de taille : jusque-là les médecins avaient peu de réponses thérapeutiques à apporter aux malades en dehors des règles hygiéno-diététiques et éventuellement de la chirurgie bariatrique.
“La chirurgie bariatrique donne de très bons résultats sur la MASH, mais seulement sur les personnes en situation d’obésité, note le professeur Lawrence Serfaty, chef du service hépatologie de l’hôpital Hautepierre de Strasbourg et Président du 11e Paris Mash Meeting. Or il y a aussi des patients MASH sans surpoids”.
Deux nouvelles molécules efficaces à disposition dès cette année
Comme dit plus haut, l’essentiel de l’approche thérapeutique consiste aujourd’hui en la mise en place de règles hygiéno-diététiques pour perdre du poids et contrôler la maladies métaboliques comme le diabète ou l’hypertension, car on sait que perdre 10 % de son poids permet déjà de réduire les lésions hépatiques.
Mais sans parcours de soin spécifique et cadre pour accompagner les malades, “95 % des patients n’y arrivent pas”, constate le Pr Serfaty.
Les deux nouvelles molécules qui viennent d’être approuvées dans le traitement de la MASH vont changer la donne : la première, plutôt à destination des patients non obèses et la seconde plutôt destinée aux patients qui présentent une MASH et une obésité.
Le premier médicament, le Resmeritrom, est un “un agoniste sélectif du récepteur bêta des hormones thyroïdiennes (THR-β), un récepteur est exprimé surtout dans le foie, explique le communiqué de presse du Mash Meeting. En l’activant, le resmétirom agit sur le métabolisme lipidique et réduit la graisse dans le foie, améliore l’oxydation des graisses et diminue l’inflammation hépatique.”
Les résultats cliniques sont bluffants : après 12 semaines de traitement, les chercheurs ont constaté une réduction significative de la stéatose hépatique et une amélioration de l’inflammation hépatique et de la fibrose chez une partie des patients. Le tout avec peu d’effets secondaires, le médicament étant plutôt bien toléré. La molécule vient d’obtenir le feu vert de l’Europe et sera disponible en France d’ici la fin de l’année.
L’Ozempic bientôt prescrit pour combattre le foie gras ?
La seconde molécule est déjà bien connue du public, puisqu’elle fait souvent la Une des journaux et qu’elle est utilisée dans le traitement du diabète et de l’obésité. Il s'agit bien sûr du sémaglutide, qui se trouve dans les médicaments comme l’Ozempic ou le Wegovy (c’est la même molécule mais à des dosages différents, l’Ozempic, dosé à 1 g est prescrit pour le diabète alors que le Wegovy, dosé à 2.4 g est réservé au traitement de l’obésité).
“Le sémaglutide, vient d’obtenir son AMM (autorisation de mise sur le marché, ndlr) pour la MASH, explique le Pr Serfaty. C’est un coupe-faim, mais il a aussi un effet sur le pancréas, le tube digestif et, on le suppose, un effet direct sur le foie.”
En revanche, s’il améliore lésions du foie et fibrose (à hauteur de 37 % selon les dernières études cliniques) il s'assortit d’effets secondaires digestifs qui peuvent être importants.
En conclusion ? “Ces traitements semblent être doublement pertinents, car ils ciblent à la fois la maladie du foie et les comorbidités métaboliques qui l’accompagnent”, s’enthousiasment les médecins du Paris Mash Meeting.
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Conférence de presse Paris Mash Meeting le 11 septembre 2025