Fatigue après le déjeuner : quand la somnolence cache un risque de stéatose hépatique

Publié par La Rédaction Médisite
le 10/11/2025
Maladie du foie gras
Istock
Souvent mise sur le compte d’un repas copieux ou d’une nuit trop courte, la fatigue post repas peut parfois dissimuler une réalité plus complexe. Si elle est récurrente, cette fatigue intense pourrait être l'un des rares signaux d’alerte de la stéatose hépatique métabolique (MASLD/MASH), plus connue sous le nom de "maladie du foie gras".
 

La stéatose hépatique correspond à une surcharge en triglycérides des cellules du foie. En France, elle toucherait entre 17 % et 18,2 % de la population, mais reste largement sous-diagnostiquée car elle évolue sans bruit. Dans ses premiers stades, elle ne provoque le plus souvent aucune douleur ni inconfort. Pourtant, un signe fonctionnel peut apparaître précocement : une fatigue chronique, parfois invalidante. Ce coup de barre systématique après les repas n'est pas anodin ; il peut s’agir du symptôme silencieux de cette maladie qui s'installe. Ce n'est pas une simple digestion difficile, mais le reflet d'un organe qui peine à accomplir son rôle.

Un foie surchargé et un métabolisme ralenti

Le foie est un organe central dans la gestion de l'énergie. Il régule le sucre et les graisses circulant dans le sang après chaque repas. Lorsqu’il est infiltré par la graisse, ses fonctions sont perturbées. Il peine à traiter les nutriments, ce qui peut expliquer la baisse d’énergie ressentie. 

Cette maladie est si liée à nos habitudes qu'on la surnomme parfois la "maladie du soda", en référence à l'impact dévastateur des sucres, notamment le fructose. La fatigue post-prandiale est d’autant plus suspecte si elle s’inscrit dans le cadre d’un syndrome métabolique, associant obésité abdominale (tour de taille supérieur à 94 cm chez l'homme et 80 cm chez la femme), diabète de type 2 ou hypertension. En effet, près de 80 % des personnes en situation d'obésité présentent une stéatose.

De la stéatose à la cirrhose 

Si la stéatose simple est réversible, son ignorance peut mener à des conséquences graves. Dans environ 20 % des cas, l'accumulation de graisse déclenche une inflammation : c'est la stéatohépatite métabolique, ou MASH. Cette forme agressive de la maladie provoque la formation de tissu cicatriciel dans le foie, un processus nommé fibrose. 

Sans intervention, la fibrose peut progresser vers la cirrhose, un état irréversible qui multiplie le risque de cancer du foie. Les projections de santé publique sont alarmantes, estimant que le nombre de complications graves liées à la MASH pourrait tripler en France d'ici 2030, en faisant une cause majeure de greffe hépatique.

Modifier son mode de vie

Face à cette menace, il n'existe à ce jour aucun traitement médicamenteux spécifique. La seule stratégie efficace repose entièrement sur le changement des habitudes de vie. La question de savoir comment soigner le foie gras naturellement trouve sa réponse dans une discipline quotidienne. Une perte de poids de 7 à 10 % du poids corporel suffit souvent à faire régresser la graisse hépatique, l’inflammation et même la fibrose à ses débuts. La prévention de la MASH et son alimentation sont donc intimement liées.

L'approche hygiéno-diététique est le pilier de la prise en charge. Elle consiste à adopter une alimentation de type méditerranéen, riche en légumes, en bons gras comme l'huile d'olive et les poissons gras, tout en réduisant drastiquement les sucres des boissons et produits transformés, ainsi que les graisses saturées (viandes rouges, charcuteries). 

Fait intéressant, la consommation régulière de café noir semble associée à une diminution du risque. En parallèle, l'activité physique est indispensable. Il est recommandé de pratiquer au moins 30 minutes d'exercice par jour, d'une intensité qui fait transpirer et accélère la respiration, pour aider le corps à mieux utiliser les sucres et à brûler les graisses stockées.

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