Et si une simple lampe pouvait faire disparaître vos allergies ?

Publié par Elodie Vaz
le 21/10/2025
Allergie
Istock
Des scientifiques ont découvert qu’une lumière ultraviolette particulière pouvait altérer les protéines responsables des allergies. En quelques minutes, elle rend ces allergènes méconnaissables pour le système immunitaire, ouvrant la voie à une nouvelle arme contre les crises.
 

Imaginez. Au lieu de courir après chaque grain de poussière ou de laver tapis, moquettes et rideaux à répétition, il suffirait d’« allumer une lampe » pour neutraliser les allergènes dans l’air. C’est la piste audacieuse explorée dans une étude publiée le 14 août 2025 dans la revue ACS ES&T Air, et relayée notamment par Gizmodo.

Lorsque vous êtes allergique à un chat, un acarien, à des moisissures ou au pollen, ce n’est pas l’animal ou la plante eux-mêmes qui déclenchent la réaction, mais des protéines qu’ils émettent dans l’environnement. Par exemple, les chats sécrètent une protéine appelée Fel d1, parfois libérée dans l’air via les squames ou les poils. 

Modifier la structure des protéines allergènes pour qu’elles ne soient plus reconnues par les anticorps

Ces protéines sont reconnues par notre système immunitaire. Les anticorps se lient à elles, déclenchant une réponse allergique. Même si l’animal est parti, les protéines peuvent persister dans l’air ou les surfaces pendant des mois, d’où l’impression que les symptômes ne disparaissent jamais complètement. 

Les méthodes traditionnelles (aspirateurs, filtres d’air, nettoyage, laver les murs) peuvent aider, mais leur efficacité durable est limitée, et leur tenue dans le temps est exigeante. C’est pourquoi l’équipe scientifique de la Professeure Tess Eidem, docteur en microbiologie a exploré une approche différente : modifier la structure des protéines allergènes pour qu’elles ne soient plus reconnues par les anticorps. « Si votre système immunitaire est habitué à un cygne et que vous dépliez la protéine pour qu'elle ne ressemble plus à un cygne, vous ne développerez pas de réaction allergique », expliquent les chercheurs dans les colonnes de Gizmodo.

Le pouvoir surprenant des UV

L’idée est simple. Utiliser une lumière ultraviolette de longueur d’onde 222 nm (appelée « far-UVC ») pour exposer les allergènes en suspension dans l’air et altérer leur structure tout en limitant les risques pour les humains. Contrairement aux UV classiques (254 nm) utilisés pour désinfecter, les UV à 222 nm ne pénètrent pas profondément dans les cellules humaines et sont jugés plus sûrs pour être utilisés dans des espaces occupés, bien qu’ils présentent encore des contraintes, notamment la production possible d’ozone.

Dans leur expérience, les chercheurs ont introduit des allergènes de mites, de poils d’animaux, de moisissures et de pollen dans une chambre fermée de 10 m³. Puis, ils ont activé quatre lampes UV222 (placées au plafond et au sol). Ils ont prélevé l’air toutes les 10 minutes et mesuré la reconnaissance immunitaire des protéines. 

Résultat : après 30 minutes d’exposition, les niveaux d’allergènes aériens ont décliné en moyenne de 20 à 25 %. Et dans un cas particulier (protéine Fel d1), après 40 minutes, la réduction a atteint 61 % comparé à l’air non traité. 

« Les aéroallergènes ont été quantifiés à l'aide d'un test immunologique basé sur des anticorps, qui repose sur la conformation intacte des protéines pour la reconnaissance, la liaison et la quantification des anticorps et des allergènes », soulignent les chercheurs dans l’étude. 

Vers des lampes anti-allergènes ?

Les chercheurs imaginent des dispositifs portables que l’on pourrait activer avant de visiter un domicile « allergénique », ou des systèmes fixes dans les maisons, écoles ou hôpitaux, comme « un outil supplémentaire pour aider les gens à lutter contre les allergènes dans leur maison, écoles ou autres lieux où les allergènes s’accumulent à l’intérieur » selon la professeure. 

Mais tout n’est pas réglé. Certains défis demeurent. Les effets biologiques à long terme de l’exposition aux UV222 sur les occupants (peau, yeux) restent à mieux documenter. La production d’ozone, même modeste, peut poser des risques respiratoires si elle n’est pas bien maîtrisée. L’étude n’a pas mesuré directement l’impact sur les symptômes allergiques ou la santé respiratoire. Elle s’est limitée à la réduction de la reconnaissance immunitaire des protéines. « Il est vraiment important d'essayer de développer de nouveaux moyens pour prévenir cette exposition. » 

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