Ce virus qui circule aux Etats-Unis fait pousser des cornes sur la tête... des lapins !  

Publié par Sandrine Coucke-Haddad
le 25/08/2025
jackalope cartoon mascot character design
Istock
INSOLITE. Vous pensiez avoir tout vu, lu, entendu en matière de virus ? Détrompez-vous. Depuis juin dernier, un virus circule activement dans les forêts américaines et fait pousser des cornes… sur la tête des lapins. 

Ce sont des internautes effrayés autant que interloqués par ces animaux défigurés qui ont publié photos et vidéos sur les réseaux sociaux de ce qu’ils sont appelés démons,  zombies, ou lapins “frankenstein”… Depuis le début de l’été, dans les forêts du Wyoming et du Colorado, deux états de l’Ouest des Etats-Unis, des animaux étranges pullulent : des lapins sauvages dotés de protubérances qui les font ressembler à des animaux mutants : des cornes leur poussent partout sur la tête. 

En réalité, ces lapins, des lapins à queue blanche (Sylvilagus floridanus), sont malades, ils ont attrapé un virus : le “papillomavirus de Shope”, qui doit son nom au Dr Richard Shope, un virologue de l’Université Rockefeller, dans l’État de New York, qui l’a découvert dans les années 1930. Les “cornes” ou protubérances sont en fait des tumeurs cancéreuses. Ce virus est ainsi connu depuis près de cent ans, et aurait même alimenté certaines légendes. Les cas semblent toutefois en augmentation sous l’action du réchauffement climatique. 

Papillomavirus de Shope : un virus transmis par les puces et les tiques

Kara Van Hoose, la porte-parole du parc naturel Colorado Parks and Wildlife, où ont été aperçus nombre de lapins malades, a expliqué mercredi à l’agence de presse américaine Associated Presse qu’il n’était pas rares d’apercevoir des lapins infectés à cette période de l’année “lorsque les puces et les tiques, vecteurs du virus, sont les plus actives”. On sait que les moustiques peuvent aussi être vecteurs, car les tumeurs apparaissent également dans des zones où il n’y a pas de poil. “L’implication des moustiques a été démontrée par le fait que les papillomes se développent essentiellement dans les endroits du corps ou le poil est court ou absent, à savoir les oreilles, les paupières, le nez et la région péri-anale”, précise ainsi Esther van Praag chercheuse suisse, sur un site dédié à la santé du lapin. 

Kara Van Hoose  ajoute de son côté que “le virus peut se transmettre d'un lapin à l'autre, mais pas à d'autres espèces, y compris les humains et les animaux domestiques”. A l'exception des lapins domestiques ayant accès à l’extérieur, qui peuvent aussi être touchés.

Papillomavirus et cancer : des liens étroits

Comme dit plus haut, les protubérances présentes sur la peau des lapins infectés sont en réalité des tumeurs. Même si aucun cas n’a jamais “été rapporté chez l’humain” rapporte Robert Timm de l’Université du Kansas, l’un des rares spécialistes du sujet, lors d’une interview à nos confrères canadiens du journal La Presse, les scientifiques s’y intéressent de très près. Pourquoi ? Parce que ce papillomavirus est l’un des rares exemples de cancer touchant l’animal. “Il y a beaucoup de travail en médecine, notamment pour mieux comprendre le lien entre les papillomes humains et le cancer”, explique encore Robert Timm. 

Les recherches sur le papillomavirus de Shope sont d’ailleurs sans doute les premières à avoir exploré le papillomavirus et ont permis d’identifier le HPV, papillomavirus humain, responsable du cancer du col de l’utérus chez la femme






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