Alerte au CVM : un gaz cancérigène se cache dans nos canalisations d’eau potable

Publié par Elodie Vaz
le 28/10/2025
eau pollué
Istock
Deux associations s'inquiètent de la présence d'un gaz présent dans les canalisations d'eau en France. Son nom : le Chlorure de vinyle monomère. Particulièrement cancérigène, deux régions françaises sont particulièrement touchées : la Normandie et la Nouvelle-Aquitaine.

Invisible, inodore et pourtant bien réel, le chlorure de vinyle monomère, ou CVM, inquiète de plus en plus. Ce gaz "cancérigène certain" se trouve dans certaines canalisations d’eau potable en France. Deux associations, dont le Comité citoyen de la Sarthe et France Nature Environnement, ont déposé ce 27 octobre 2025 un recours devant le tribunal administratif de Nantes. Objectif : forcer l’État à agir. « Ce recours en injonction est une première en France sur le CVM et vise à faire réagir les autorités, restées muettes depuis des mois », a expliqué à l’AFP l’avocate Gabrièle Gien, spécialiste du droit de l’environnement.

Le CVM est utilisé depuis les années 1970 pour fabriquer le PVC, ce plastique omniprésent dans notre quotidien : tuyaux, câbles, sols… Mais dès 1987, le Centre international de recherche sur le cancer et l’Organisation mondiale de la santé l’ont classé “cancérigène certain”. Selon les autorités sanitaires, ce gaz peut provoquer des cancers du foie, des troubles neurologiques et des maladies respiratoires.

Un risque sanitaire massif et mal connu

En France, entre 15 % et 30 % du réseau d’eau potable seraient concernés, soit près de 275 000 kilomètres de canalisations. « Moins d’un quart des contaminations recensées sont rendues publiques », précise le chercheur Gaspard Lemaire, qui évoque « un scandale sanitaire majeur » touchant « plusieurs centaines de milliers de personnes », selon France 3 Normandie. Les zones rurales seraient les plus exposées : dans les petites communes, les habitations situées en bout de réseau favorisent la stagnation du gaz dans les tuyaux.

Des citoyens déterminés à faire bouger les lignes

Face à cette situation, plusieurs habitants ont déjà saisi la justice. « Nous avons tenté le dialogue avec les syndicats des eaux et les agences régionales de santé, mais sans résultat », déplore Hervé Conraux, du Comité citoyen de la Sarthe. « Il était temps d’agir à l’échelle nationale pour faire respecter les règles et obtenir des réponses. »

Les associations réclament un renforcement des contrôles de qualité de l’eau et une information claire du public. Car la liste des communes concernées s’allonge au fil des découvertes. « Il y a un risque, une connaissance du risque, mais aussi un manque de transparence, voire des discours trompeurs », résume M. Lemaire, auteur d’un article académique sur le sujet, fondé sur les données des Agences régionales de santé.

Comment savoir si son eau est contaminée ?

Pour les personnes qui s'interrogent sur la qualité de leur eau, il est possible de demander une analyse à son foyer, en écrivant une lettre recommandée avec accusé de réception à la préfecture », ajoute, à France Culture en janvier 2025, Catherine Hergoualc'h, cofondatrice de l'association Comité Citoyen.

 

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