Propolis et thym : sont-ils efficace face aux infections ?
La confusion entre les termes "antibactérien" et "antibiotique" alimente de nombreux mythes. Un composé est dit antibactérien lorsqu'il démontre en laboratoire une capacité à inhiber ou tuer des micro-organismes. Le thymol, principe actif du thym, illustre parfaitement ce mécanisme en perturbant les membranes cellulaires des pathogènes, provoquant leur destruction. Cependant, une action antibiotique efficace cliniquement requiert bien plus : elle doit éradiquer une infection installée dans l'organisme. La différence entre antibactérien et antibiotique, notamment pour la propolis et le thym, réside dans ce passage du laboratoire au corps humain.
Des facteurs locaux sur le site de l'infection peuvent protéger les bactéries, qui ne céderont que face à une concentration élevée et ciblée du principe actif, un seuil rarement atteint par des remèdes naturels.
Aujourd’hui un problème se pose : la résistance aux antibiotiques. "Elle survient lorsqu'une bactérie ou un organisme acquiert une résistance à certains médicaments. Autrement dit, un médicament donné n'est plus capable de tuer une bactérie ou un organisme en particulier ou de ralentir sa croissance", explique le Centre canadien d'hygiène et de sécurité au travail sur leur site.
Propolis : un bouclier efficace en application locale
Les abeilles utilisent la propolis comme un véritable bouclier anti-infectieux pour aseptiser leur ruche, une propriété qui a inspiré son usage médicinal. Riche en flavonoïdes, cette résine possède des vertus antimicrobiennes, anti-inflammatoires et antivirales reconnues. Son efficacité est surtout observée en usage local, directement au contact de la zone affectée.
Des essais cliniques confirment que la propolis favorise la guérison des infections de la muqueuse buccale, comme les gingivites ou les parodontites, et peut réduire la récidive des aphtes. En cas de mal de gorge, son effet apaisant est réel mais insuffisant pour traiter l'infection sous-jacente.
Face à une angine streptococcique, la propolis n'est en aucun cas une alternative à un traitement antibiotique. L'Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) a d'ailleurs statué dès 2012 contre les allégations santé sur son effet antimicrobien, faute de preuves suffisantes chez l'homme, confirmant le mythe du propolis comme antibiotique naturel systémique.
Thym : le pouvoir du thymol dépend de sa concentration
L'huile essentielle de thym, concentrée en thymol et en carvacrol, est un anti-infectieux puissant à large spectre. Elle est traditionnellement conseillée pour les infections de la sphère ORL. Son efficacité repose sur un facteur clé : la concentration. Les études en laboratoire déterminent la Concentration Minimale Inhibitrice (CMI) nécessaire pour stopper la croissance bactérienne.
Or, cette concentration est quasiment impossible à atteindre et à maintenir dans le corps par la simple consommation de tisane. L’infusion de thym, bien que réconfortante grâce à ses propriétés antiseptiques locales et expectorantes, contient une dose de principes actifs trop faible pour éradiquer une infection bactérienne installée.
L'idée que le thymol en tisane contre une infection bactérienne sévère relève donc plus du soutien symptomatique que du traitement curatif. Pour une efficacité clinique sur une infection confirmée, la concentration et la forme d'administration restent déterminantes.
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https://vitabase.com/fr/des-relations/relation-infection-bact%C3%A9rienne-et-thymol/
https://www.m.elewa.org/Journals/wp-content/uploads/2019/09/8.Okombe-and-Nzuzi.pdf
https://www.inserm.fr/actualite/antibiotiques-pourquoi-certaines-bacteries-survivent-traitement/
https://www.phytovox.fr/le-thym-antibiotique-naturel-culture-et-utilisations/
https://popups.uliege.be/0037-9565/index.php?id=3982&file=1&pid=3968
https://ouci.dntb.gov.ua/en/works/4EoWvP09/
https://www.cchst.ca/oshanswers/biol_hazards/drugresist.html