Une explosion de nouveaux cas de la maladie de Parkinson est attendue en 2050

Publié par Elodie Vaz
le 07/04/2025
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Les chiffres donnent le vertige. Douze millions de malades dans le monde en 2024 au lieu des 8 millions attendus. Et ce n'est qu'un début : ils seront 22,5 millions en 2050. En cette Journée mondiale de Parkinson, l'association France Parkinson tire la sonnette d'alarme.

Les chiffres concernant la maladie de Parkinson sont glaçants. En 2024, 12 millions de personnes dans le monde en sont atteintes – un seuil que l’on n’attendait pas avant 2040. Et les projections annoncent 22,5 millions de malades en 2050, soit presque deux fois plus. À l’occasion de la Journée mondiale dédiée à cette pathologie, ce 11 avril, l’association France Parkinson lance un signal d’alarme lors d’une conférence de presse et souligne l’urgence d’agir pour freiner cette croissance fulgurante.

En France, 270 000 patients sont déjà diagnostiqués, dont 27 000 nouveaux cas chaque année. "Une personne sur cinquante sera touchée au cours de sa vie", alerte le collectif. Le vieillissement de la population est en partie responsable de cette hausse. Mais l’âge n’est pas le seul responsable.

Les pesticides en partie responsables

“Le facteur environnemental a également une part de responsabilité indéniable”, prévient France Parkinson. Et les pesticides arrivent en second sur le banc des accusés. Agriculteurs, vignerons, jardiniers... Ces professions payent un lourd tribut. Leur exposition quotidienne aux produits phytosanitaires les place en première ligne face à la maladie.

« Quand on expose des cellules à un seul pesticide, c'est toxique à partir d'une certaine dose, explique le Pr Bas Bloem, neurologue néerlandais spécialiste de Parkinson. Mais avec deux pesticides combinés, une infime quantité suffit pour que ce soit très toxique. » Le médecin est formel : « L'impact de ces substances est alarmant. D'autant qu'on sait qu'elles provoquent aussi des cancers. »

Des faits confirmés en 2017, dans le cadre d’une étude menée notamment par le docteur Alexis Elbaz, neurologue et directeur de recherche à l’Inserm. Plus la proportion de surface d'un territoire allouée à l’agriculture est élevée, plus le nombre de nouveaux cas annuels de Parkinson dans ce territoire est élevé.

"Les pouvoirs publics français doivent prendre la mesure de l’enjeu pour mettre en œuvre des stratégies nationales"

Dans son communiqué, France Parkinson rappelle que la réduction de l’usage des pesticides doit être une priorité absolue pour ralentir la progression du nombre de personnes malades. "Les pouvoirs publics français doivent prendre la mesure de l’enjeu pour mettre en œuvre des stratégies nationales", précise Amandine Lagarde, directrice générale, directrice du pôle actions de France Parkinson lors de la conférence de presse.

Responsabilité politique et solutions individuelles

Pourtant, malgré les restrictions de certains produits chimiques par l'Union européenne, comme le paraquat et la dieldrine, un herbicide et un insecticide, l'autorisation prolongée du glyphosate suscite toujours l'indignation. France Parkinson, avec d’autres associations, demande le retrait immédiat de ce pesticide potentiellement lié à la maladie neurodégénérative.

Bien que les institutions gouvernementales soient les premières à pouvoir agir pour limiter le contact avec les pesticides, des solutions individuelles sont possibles. "Il faut prévenir la population qu’elle mette des gants lorsqu’elle manipule des solvants. Quant à l’usage d’herbicides dans le jardin, il n’est pas vraiment nécessaire. Tant pis pour les mauvaises herbes", conseille Marie Fuzzati, directrice scientifique de France Parkinson lors de la conférence de presse.

Les maladies neurodégénératives, première cause d’invalidité au monde

Selon une étude publiée le 14 mars 2024 dans la revue scientifique Lancet Neurology, les troubles neurologiques causent le plus d’invalidités dans le monde aujourd'hui. Ils ont dépassé les maladies cardiovasculaires. En 2021, 3,4 milliards d’individus étaient touchés par un trouble neurologique, ce qui correspond à 43 % de la population mondiale, selon ce travail mené par des chercheurs de l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), basé à Seattle, en collaboration avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Un nombre qui s'est accru de 18 % depuis 1990.

Il existe pas moins de 60 symptômes, dont les principaux sont la lenteur des mouvements, la rigidité du corps et les tremblements des membres au repos. "Cette pathologie génère une réelle souffrance et entrave durablement la vie des personnes touchées", précise France Parkinson.

Mais les signes non moteurs, tels que les troubles du sommeil, la dépression et l’anxiété, sont les plus invalidants. La maladie rend les personnes prisonnières de leur propre corps, générant enfermement et repli sur soi.

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Conférence de presse avec l'association France Parkinson

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