
Nos propres cellules pour venir au secours de nos propres neurones. Voilà une découverte prometteuse de scientifiques japonais. La maladie de Parkinson se caractérise par la perte de neurones dopaminergiques dans le cerveau, entraînant un syndrome moteur marqué par une rigidité et des tremblements au repos. À l'heure actuelle, le traitement médical soulage les symptômes, mais ne guérit pas la maladie. Dans une étude publiée dans la revue Nature le 16 avril 2025, des scientifiques japonais ont remplacé les neurones dopaminergiques perdus par des cellules souches afin de limiter les symptômes de cette pathologie dégénérative.
Cette médecine régénérative permet de prélever des cellules, de les transformer, puis de les réimplanter. "Une cellule qui avait une signature ADN va devenir une cellule de foie, une cellule de poumon, de cœur, d’os… Une fois qu’elle est devenue cela, elle ne revient plus en arrière", explique au média belge RTBF le Pr Pasquale Nardone, professeur émérite de l’Université libre de Bruxelles.
Dans cet essai clinique, mené à l’hôpital universitaire de Kyoto, sept patients âgés de 50 à 69 ans ont reçu une transplantation bilatérale de progéniteurs dopaminergiques. Les critères d’évaluation portaient sur la sécurité et les événements indésirables, tandis que les critères secondaires évaluaient les changements des symptômes moteurs et la production de dopamine pendant 24 mois.
Des cellules de ces patients atteints de Parkinson ont donc été reprogrammées pour devenir des neurones. "Ils ont sélectionné parmi ces neurones ceux qui fabriquent de la dopamine et ils en ont injecté, chez sept patients, entre deux et six millions à l’intérieur du cerveau."
Aucun effet indésirable grave n’a été rapporté. Les résultats sont même plutôt positifs, avec une amélioration musculaire, moins d’agitation, un meilleur contrôle des mouvements et une marche plus fluide. "Ils prouvent ainsi la faisabilité potentielle d’implanter n’importe quel type de cellules, ici des neurones, c’est-à-dire que l'on touche au cerveau, ce qui n’est pas rien. Pensez à Alzheimer, etc. À voir pour la suite", analyse pour le média belge le Pr Pasquale Nardone.
Une maladie dégénérative aux symptômes moteurs
La maladie de Parkinson provoque une dégénérescence progressive des neurones à dopamine au niveau cérébral. La dopamine est un neurotransmetteur impliqué dans le contrôle de nombreuses fonctions, comme les mouvements volontaires et la cognition. Cette mort neuronale provoque un effet en cascade. "Dès que vous n’avez plus cette dopamine, toute une série de communications ne s’installent plus. Vous avez des problèmes musculaires, des impossibilités de bouger, et cela conduit petit à petit à la mort", explique le professeur belge.
"Les patients restent asymptomatiques jusqu’à ce que 50 à 70 % des neurones à dopamine soient détruits et que le cerveau ne soit plus en mesure de compenser", précise l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) sur son site.
Une maladie dont les cas explosent dans le monde
Il faut savoir que la maladie de Parkinson est la deuxième maladie neurodégénérative la plus fréquente en France, après la maladie d’Alzheimer. Elle constitue une cause majeure de handicap chez le sujet âgé. En 2024, environ 12 millions de personnes souffraient de cette maladie à travers le monde. Selon les estimations des agences sanitaires et des associations, elles seront 22,5 millions en 2050, soit près du double.
En France, 270 000 patients sont déjà diagnostiqués, avec 27 000 nouveaux cas chaque année. "Une personne sur cinquante sera touchée au cours de sa vie", alerte l’association. Le vieillissement de la population est en partie responsable de cette hausse. Mais un autre fléau est aussi impliqué et pas qu’à moitié : les pesticides.