depressed old man sitting at home while holding walking stick retired sad man holding wooden walking cane handle sitting ...Image d'illustrationIstock

Partager :

Attention à tous les amoureux de ce sport. D’apparence plutôt sain, ce lieu semble parfait pour allier l’activité physique, la nature et la convivialité. Son nom : le terrain de golf. Pourtant, cet espace idyllique pourrait cacher une face plus sombre. Selon une étude publiée le 8 mai dans la revue scientifique JAMA Network Open, des chercheurs ont découvert que les personnes vivant à moins de 3 km de ces parcelles verdoyantes seraient plus à risque de développer la maladie de Parkinson. En cause : les pesticides utilisés comme agents d’entretien, présents sur les plans d’eau.

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs du Barrow Neurological Institute et de la Mayo Clinic à Phoenix, aux États-Unis, ont mené une étude auprès de 5 500 personnes vivant dans le Minnesota et le Wisconsin, à proximité de près de 139 terrains de golf. Ils ont constaté que le fait de vivre à moins de 3,2 km de ces espaces verts augmentait de 198 % le risque de développer cette maladie neurodégénérative. Un risque qui diminue d’environ 13 % à mesure que la distance augmente de 1,6 km.

Les nappes phréatiques contaminées

Un risque encore plus important si le terrain de golf se trouve au-dessus d’une nappe phréatique vulnérable à la contamination par les pesticides, avec un accès à cette eau souterraine.

La faute aux produits utilisés pour entretenir ces espaces verts. « Les responsables de l'entretien des terrains de golf aux États-Unis utilisent beaucoup plus de pesticides que dans d'autres parties du monde, et des centaines de produits chimiques ont été identifiés comme étant fréquemment utilisés », précise le média en ligne New Atlas dans un article publié le 13 mai.

« Pendant des années, des pesticides, notamment les organophosphorés, le chlorpyrifos, l'acide méthylchlorophénoxypropionique, l'acide 2,4-dichlorophénoxyacétique, le manèbe et les organochlorés, connus pour être associés au développement de la maladie de Parkinson, ont été utilisés pour traiter les terrains de golf. Certaines études ont identifié un lien entre les terrains de golf et un risque accru d'effets indésirables sur la santé », indique l’étude.

« Il a été démontré que des polluants tels que le paraquat et la roténone induisent une neurodégénérescence de type parkinsonien dans la substance noire, principalement par le biais de mécanismes impliquant le stress oxydatif, le dysfonctionnement mitochondrial et l'apoptose des neurones dopaminergiques », ajoutent les scientifiques.

Un risque plus important proche des zones urbaines

L'exposition aux pesticides dans l'air pourrait également influencer le lien entre le risque de développer cette maladie neurodégénérative et la proximité des terrains de golf. « Nous avons constaté des effets plus importants pour l'association entre la distance au terrain de golf et le risque de maladie de Parkinson en zone urbaine. Nous supposons donc qu'une densité urbaine plus élevée autour des terrains de golf pourrait entraîner des niveaux plus élevés d'exposition aux polluants atmosphériques pour les résidents à proximité », analysent les scientifiques.

Cette étude met une fois de plus en lumière le rôle de ce type de polluants dans l’aggravation de l’état de santé. « Si l’on expose les cellules à un seul pesticide, c’est toxique à partir d’une certaine quantité de produit. Mais quand il y a deux pesticides, alors il suffit d’une toute petite quantité pour que ce soit très toxique. Je suis spécialiste du Parkinson, l’impact de ces substances dans cette maladie est alarmant, et on sait que ces mêmes produits provoquent des cancers. C’est très inquiétant », expliquait, lors d’une conférence de presse avec l'Association France Parkinson, le Pr Bas Bloem, neurologue spécialiste de la maladie de Parkinson à l’université de Radboud, aux Pays-Bas.

Réduire l’utilisation des pesticides

« Les politiques de santé publique visant à réduire le risque de contamination des eaux souterraines et l'exposition aux pesticides dans l'air sur les terrains de golf pourraient contribuer à réduire le risque de maladie de Parkinson dans les quartiers voisins. »

Par ailleurs, ce travail de recherche présente quelques limites. « La population est majoritairement blanche, compte tenu des caractéristiques démographiques de la région étudiée, ce qui pourrait donc limiter la généralisation de nos résultats », concluent les chercheurs.