Plaies sur les jambes : l’Académie nationale de chirurgie alerte sur une erreur courante qui aggrave le problème
Vous les pensez anodines ? Elles le sont dans la plupart des cas, mais les plaies aux jambes peuvent aussi devenir chroniques et se compliquer. Et c’est de plus en plus courant quand on avance en âge. Que l’on parle d’ulcère veineux ou diabétique, d’escarre ou de n’importe quel autre type de plaie qui s’installe, la prudence doit rester de mise.
2.5 millions de Français sont concernés nous apprend l'Académie nationale de chirurgie (ANC) lors d’un point presse qui s’est déroulé en septembre dernier, un chiffre en constante progression et qui va exploser dans les prochaines années “au regard du vieillissement de la population et de l’augmentation des maladies chroniques, comme le diabète ou les artériopathies”.
Car si les plaies chroniques ne touchent que 1 % de la population chez les jeunes adultes, 5 à 6 % des plus âgés et/ou des personnes hospitalisées doivent y faire face. “A partir de 60-65 ans, la peau s’amincit et perd en élasticité, note le professeur Frédéric Vin, Président d'honneur de la Société Française de Phlébologie et de l'American College of Phlebology et membre de l'Académie nationale de chirurgie. Ce qui fait que le moindre petit choc peut générer une plaie.”
Qu'est-ce qu'une plaie chronique ?
On parle de plaie chroniques quand elle ne cicatrise pas dans les délais attendus, autour de 4 semaines généralement.
“Dans 70 à 80 % des cas, ces plaies ont une origine veineuse, comme une varice, précise le Pr Frédéric Vin. Dans 15 % des cas, il y a une participation artérielle, comme dans les ulcères mixtes, ce qui complique le problème.”
Le hic ? Une plaie qui ne cicatrise pas est toujours le signe d’une maladie inflammatoire sous-jacente. Elle est aussi dépendante d’autres facteurs comme le surpoids et l’obésité qui sont des facteurs de risque majeurs. Il est donc essentiel d’en déterminer la cause en même temps que l’on met en place un protocole de soin.
Mais encore faut-il (aussi) que le protocole de soin soit efficace. Or, regrettent les médecins présents lors de ce point presse, il n’y a pas assez de professionnels de santé formés disponibles pour ces problématiques de santé, alors même que médecins généralistes et infirmiers ne sont pas formés dans leur cursus “normal”.
Ceci est d’autant plus dommage qu’une optimisation des soins permettrait de nettement réduire la durée de cicatrisation, qui est moyenne aujourd’hui de sept mois, ce qui est énorme. “Un ulcère, bien pris en charge et suffisamment tôt, c’est quatre à six semaines de cicatrisation”, constate encore le Pr Vin.
Plaies chroniques : ces soins qui aggravent le problème au lieu de l’améliorer
“Actuellement, la compression reste le traitement de référence pour la maladie veineuse chronique et les ulcères veineux de jambe”, indique la Dre Julie Malloizel-Delaunay qui exerce au Service de médecine vasculaire du CHU de Toulouse (31), et ajoute que c’est une thérapeutique essentielle en cas de problème à la fois veineux et artériel. Attention toutefois, les bandes élastiques ne sont plus aujourd’hui recommandées par les experts de l’ANC, car elles sont compliquées à utiliser et les résultats ne sont pas satisfaisants.
Utiliser une bande élastique, recouvrir la plaie d’un pansement en continu ou se gratter sont des gestes qui aggravent le problème et retardent la cicatrisation d'après le Pr Vin. Mieux vaut se tourner vers des dispositifs plus innovants, avec des bandes (il en existe des lavables) qui modulent la compression. Seul problème : ces dispositifs ne sont pas tous (ou mal) pris en charge.
Sachez également qu’il existe aujourd'hui en France des centres de cicatrisation qui offrent une prise en charge efficace, y compris à distance.
Afficher les sources de cet article
Conférence de presse de l'Académie nationale de chirurgie (ANC), 27 septembre 2025.