Le (mauvais) grignotage annule les bienfaits d’une alimentation équilibréeAdobe Stock
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Vous faites partie de ces personnes qui, sans friser l’orthorexie, portez un soin méticuleux à composer des repas équilibrés. Les aliments sains, et les végétaux frais et de saison se taillent la part du lion dans votre assiette. Vous rivalisez d’idées pour manger varié et équilibré en bon élève fidèle aux recommandations des professionnels de la nutrition. Et quand il s’agit de donner des conseils alimentaires à votre entourage, vous êtes au premier rang.

Malgré cette discipline exemplaire, vous vous autorisez quelques entorses : chaque jour, au gré de vos envies du moment (ou de votre moral), vous vous offrez des en-cas sucrés sans vous soucier des calories (souvent vides, c’est-à-dire sans éléments nutritifs) : barres chocolatées, viennoiseries, bonbons, jus de fruits ou sodas sucrés

Riches en sucre, en sel ou en mauvaises graisses, ces collations détonnent clairement des autres repas sains auxquels vous vous astreignez le reste du temps.

Une étude devrait vous inciter à corriger cette habitude : des collations peu saines annulent les bienfaits des repas équilibrés, révèle une nouvelle étude parue dans European Journal of Nutrition le 15 septembre 2023.

Le mauvais grignotage affecte la santé cardiovasculaire

Après avoir examiné les habitudes de grignotage de 854 personnes de l'étude Zoe predict, les chercheurs de la School of Life Course & Population Sciences, sont parvenus à une conclusion qui pourra surprendre : même si on mange équilibré par ailleurs, grignoter des aliments déséquilibrés cause du tort à la santé cardiovasculaire.

Selon l’étude, un quart des adeptes du grignotage malsain annulent les bienfaits des repas sains, ce qui augmente le risque d'accidents vasculaires cérébraux et de maladies cardiovasculaires.

Les chercheurs ont noté que la moitié des participants faisaient le choix de repas sains mais mangeaient des en-cas peu équilibrés. L’inverse était vrai aussi. Or, ce hiatus entre repas sains et collations malsains exerce une influence négative sur différents marqueurs de santé comme la glycémie et les niveaux de graisse.

Une large communauté de mauvais grignoteurs

L’analyse menée au Royaume-Uni montre, chiffres à l’appui, que le grignotage est une pratique entrée dans les mœurs : 95 % des Britanniques grignotent. Et les aliments sur lesquels les gourmands jettent leur dévolu sont souvent de mauvaise qualité : 24 % de l’apport énergétique quotidien des Britanniques provient de collations comme les barres de céréales, les pâtisseries et les fruits.

Parmi les collations les plus plébiscitées par les Britanniques, l’étude mentionne les biscuits, les fruits, les noix et les graines, le fromage et le beurre, les gâteaux et les tartes, et les barres de céréales ou le granola.

95 % des participants consommaient 2,28 collations par jour, 47 % des personnes deux collations par jour et 29 % plus de deux collations quotidiennes.

Mauvais grignotage : une masse grasse viscérale plus importante

Le Dr Sarah Berry, maître de conférences en sciences de la nutrition et auteure de l’étude, a examiné l’impact du mauvais grignotage sur la santé. Ses analyses confirment la corrélation, déjà suggérée dans la littérature scientifique, entre des collations malsaines et une mauvaise santé métabolique.

Précisément, les aliments hautement transformés et les en-cas riches en sucre, sont liés à des marqueurs de santé plus faibles, comme un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé, une masse de graisse viscérale plus importante et des concentrations de triglycérides postprandiales (des composés lipidiques qui circulent dans le sang après le repas) plus élevées. Or ces indicateurs prédisposent au syndrome métabolique avec les risques associés d’accidents vasculaires cérébraux (AVC), de maladies cardio-vasculaires ou d’obésité.

Grignoter à 21 heures, le pire moment

En plus du contenu du grignotage, le moment auquel on s’y adonne aurait une influence sur la santé. Aussi, on apprend que le grignotage du soir serait plus préjudiciable. Selon l’étude, grignoter à 21 heures était associé à de moins bons marqueurs sanguins que toutes les autres heures de grignotage. Un constat qui s’expliquerait par le fait que les grignoteurs du soir sont enclins à se rabattre sur des aliments à forte densité énergétique, riches en graisses et en sucres.

Dans quels cas grignoter est bon pour la santé

Doit-on alors cesser tout en-cas et égrener les heures jusqu’au prochain repas quand notre estomac crie famine ? Non, rassure Dr Sarah Berry. Pour contrer ces méfaits sur la santé, il suffit de troquer les mauvais aliments contre un grignotage sain.

La chercheuse va plus loin en arguant que grignoter peut même se révéler bénéfique et faire office de "stratégie diététique simple" et saine. A rebours de la croyance populaire, elle explique dans un communiqué : "alors près d'un quart de nos calories proviennent d'en-cas, remplacer les en-cas malsains tels que les biscuits, les chips et les gâteaux par des en-cas sains comme les fruits et les noix est un moyen très simple d'améliorer sa santé".

Une conviction qui s’appuie sur les données de son étude : les personnes qui consomment fréquemment des en-cas de bonne qualité, comme des noix et des fruits frais, avaient tendance à avoir un poids plus sain que celles qui ne grignotent pas du tout ou qui grignotent des aliments malsains. Mieux, manger des en-cas de bonne qualité était associé à une meilleure santé métabolique tout en réduisant la sensation de faim. A méditer avant son prochain goûter.

Sources

https://link.springer.com/article/10.1007/s00394-023-03241-6

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