Fatigue à cause de votre anticholestérol : 7 réflexes pour optimiser votre traitement
Le traitement par statines représente la pierre angulaire de la prévention cardiovasculaire chez les patients présentant un taux de cholestérol LDL trop élevé. Ces médicaments réduisent le risque d'infarctus et d'accident vasculaire cérébral. Cependant, une proportion non négligeable de patients rapporte des effets secondaires musculaires et une fatigue chronique qui, au-delà de l'inconfort, peuvent conduire à l'arrêt prématuré du traitement.
"Cette classe de médicament permet de diminuer la synthèse (formation) du cholestérol et également d’augmenter le nombre de récepteurs au cholestérol LDL à la surface du foie, permettant ainsi de le dégrader. Ces 2 actions font diminuer le taux de cholestérol LDL des patients de manière très significative", explique l'institut de cardiologie de l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière sur leur site.
Comment ajuster ses habitudes quotidiennes ?
Une étude clinique publiée dans la revue The Lancet en novembre 2019 a démontré que le traitement par statines dans les suites d’un syndrome coronarien aigu (infarctus du myocarde) améliorait le pronostic des patients en réduisant le nombre de récidives cardiaques et de décès.
L'arrêt des statines expose le patient à un risque accru d'événements cardiovasculaires majeurs. C'est pourquoi les professionnels de santé, cardiologues et pharmaciens, mettent l'accent sur des stratégies d'optimisation du traitement, souvent très simples et basées sur l'ajustement des habitudes quotidiennes. Le but n'est pas de minimiser les symptômes, mais de fournir des solutions pratiques pour mieux tolérer le traitement et en garantir l'efficacité à long terme.
Ce diaporama propose un guide en 7 réflexes quotidiens, applicables dès le lendemain. Nous détaillerons l'importance de l'heure de prise en fonction du type de statine, les interactions alimentaires dangereuses, et l'intégration d'une activité physique ciblée. Ces ajustements, validés par la pratique clinique, sont essentiels pour restaurer le niveau d'énergie, soulager les muscles, et assurer l'observance thérapeutique.
Afficher les sources de cet article
https://pharmacomedicale.org/medicaments/par-specialites/item/statines
https://www.coeuretavc.ca/maladies-du-coeur/traitements/medicaments/statines
https://ansm.sante.fr/uploads/2021/03/11/6ce69646d8057c4b0bba19dea0500a16.pdf
https://crsn.ca/images/Statin_-_FR_-_PT_-_v1.pdf
https://www.santelog.com/actualites/statines-douleurs-musculaires-et-exercice-physique
https://www.clubcardiosport.com/documentation/divers/utilisation-statines
https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/JAHA.118.009835
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22608359/
https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC6452565/
https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(94)90566-5/fulltext
Choisir la bonne heure de prise selon votre statine
L'optimisation de l'heure de prise des statines est un réflexe simple mais crucial pour maximiser leur action. La distinction se fait selon la durée de vie du médicament dans l'organisme. Pour les statines à demi-vie courte comme la simvastatine, la lovastatine ou la fluvastatine, la prise doit se faire le soir au coucher. Cette recommandation s'explique par le fait que la synthèse du cholestérol par le foie atteint son pic durant la nuit. En revanche, les statines à demi-vie longue, telles que l'atorvastatine ou la rosuvastatine, maintiennent une concentration efficace sur 24 heures, rendant l'heure de prise plus flexible, matin ou soir.
Éviter à tout prix l'interaction avec le pamplemousse
L'association du pamplemousse, sous forme de fruit ou de jus, avec certaines statines (atorvastatine, simvastatine, lovastatine) est formellement proscrite. Ce fruit contient des substances, les furanocoumarines, qui bloquent une enzyme hépatique essentielle à la dégradation de ces médicaments. Cette inhibition provoque une augmentation massive de la concentration de la statine dans le sang, pouvant être multipliée jusqu'à 15 fois. Ce phénomène, connu comme l'interaction statines pamplemousse, constitue un danger réel, car il équivaut à un surdosage et augmente drastiquement le risque d'effets secondaires graves, notamment la rhabdomyolyse, une destruction sévère des cellules musculaires.
Instaurer une heure de prise fixe et sans oubli
Au-delà du moment choisi, la régularité est un pilier du succès thérapeutique. Prendre sa statine chaque jour à la même heure permet de maintenir une concentration stable du principe actif dans le sang, garantissant une efficacité constante et une meilleure tolérance. L'irrégularité peut non seulement diminuer les bénéfices cardiovasculaires mais aussi perturber l'équilibre de l'organisme. Pour transformer ce geste en automatisme, associez la prise du comprimé à un rituel quotidien, comme le brossage des dents du soir ou la fin du dîner.
L'activité physique modérée, le meilleur antidouleur musculaire
Face aux douleurs, l'instinct peut être d'arrêter toute activité physique. C'est une erreur qui risque d'aggraver la sédentarité et la fatigue. Loin d'être une contre-indication, une activité physique adaptée est une véritable solution pour les douleurs musculaires sous statines. Il est démontré que l'exercice d'intensité modérée, comme la marche rapide, le vélo ou la natation, est non seulement sûr mais bénéfique. Il n'augmente pas les lésions musculaires et contribue à améliorer la santé cardiovasculaire globale. Cette pratique peut même aider à soulager les myalgies, renforçant ainsi la prévention.
Discuter de la Coenzyme Q10 avec son médecin
Le mécanisme d'action des statines bloque une voie métabolique qui est aussi celle de la Coenzyme Q10, un composé vital pour la production d'énergie au sein des cellules musculaires. Un déficit en CoQ10 est l'une des hypothèses avancées pour expliquer les myalgies. Cependant, la question de l'efficacité de la Coenzyme Q10 avec les statines reste débattue : certaines méta-analyses suggèrent une amélioration des symptômes, tandis que d'autres études ne montrent aucune différence par rapport à un placebo. Sa supplémentation n'est donc pas recommandée systématiquement, mais peut être discutée avec le médecin comme un essai thérapeutique en cas de douleurs persistantes.
Vérifier votre taux de vitamine D en cas de douleurs musculaires
La vitamine D est essentielle à la santé musculo-squelettique, et une carence est un facteur de risque connu d'aggravation des myalgies, qu'elles soient liées ou non à un traitement. Le lien entre vitamine D, myalgie et statines est un domaine de recherche actif. En présence de douleurs musculaires, un dosage sanguin de la vitamine D est un réflexe pertinent. Si un déficit est avéré, sa correction par une supplémentation peut améliorer la tolérance au traitement chez certains patients. Cependant une étude publiée dans le Journal of Clinical and Transnational Endocrinoly en novembre 2016 a conclu que la supplémentation préventive ne semblait pas empêcher l'apparition des symptômes chez les nouveaux utilisateurs.
Limiter l'alcool et être vigilant sur les autres interactions
Les statines étant métabolisées par le foie, une consommation excessive d'alcool peut surcharger cet organe et majorer le risque d'atteinte hépatique ou d'effets secondaires musculaires. La vigilance doit s'étendre à tous les autres produits consommés. Informez systématiquement votre médecin et votre pharmacien de tous les médicaments, compléments alimentaires ou produits de santé naturels que vous prenez, car des interactions graves peuvent survenir. Enfin, maintenir une bonne hydratation tout au long de la journée soutient la fonction rénale et musculaire et aide à combattre la sensation de fatigue.