Maladie de Charcot : un test sanguin repère la maladie 10 ans avant l’arrivée des symptômes

Publié par Elodie Vaz
le 26/09/2025
Maladie de Charcot
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Un simple test sanguin pourrait bientôt révéler la maladie de Charcot. Une étude publiée dans Nature Medicine montre qu’un profil précis de protéines permettrait de détecter cette redoutable affection neurodégénérative, bien avant le diagnostic clinique actuel.

Détecter la sclérose latérale amyotrophique (SLA) grâce à une simple prise de sang : ce qui paraissait encore théorique pourrait bientôt devenir réalité. Une étude parue le 19 août dans Nature Medicine ouvre cette perspective pour cette maladie neurodégénérative rare mais redoutable, connue aussi sous le nom de maladie de Charcot.

Cette affection s’attaque aux neurones moteurs, qui transmettent les signaux du cerveau aux muscles. Leur dégradation progressive provoque une faiblesse musculaire, puis une atrophie, pour finir par des troubles respiratoires. En France, environ 8 000 personnes vivent avec la SLA, selon l’ARSLA (l’association pour la recherche sur la SLA). Après l’annonce du diagnostic, l’espérance de vie dépasse rarement trois à cinq ans.

Aujourd’hui, poser ce diagnostic est un véritable parcours semé d'embûches. Il repose sur l’observation des symptômes, des examens neurologiques poussés et parfois des analyses génétiques. Entre les premiers signes et la confirmation, six à dix-huit mois peuvent s’écouler, le temps d’éliminer d’autres maladies. Un délai qui freine l’accès aux essais cliniques et la mise en place d’un suivi adapté.

Une signature protéique dans le sang

Pour parvenir à leurs résultats, l’équipe à l’origine de l’étude a suivi 110 volontaires dont les échantillons sanguins avaient été collectés en moyenne six ans avant l’apparition des premiers symptômes, et parfois jusqu’à quatorze ans avant. Grâce à l’étude des protéines présentes dans le plasma, combinées à l’intelligence artificielle, les chercheurs ont comparé près de 3 000 protéines chez des patients atteints, des témoins en bonne santé et d’autres souffrant de pathologies neurologiques.

Leur modèle d’apprentissage automatique, alimenté par plus de 23 000 profils de la UK Biobank (un organisme qui héberge les échantillons biologiques anonymisés et les données de santé d'un demi-million de personnes, NDLR), a identifié 33 protéines dont les concentrations diffèrent nettement chez les futurs malades. Parmi elles, la neurofilament light chain (NEFL) se distingue particulièrement. Résultat impressionnant : le test atteint une précision proche de 98 %.

Plus marquant encore, le « score de risque » établi à partir de ces protéines évolue des années avant l’apparition des symptômes, progressant régulièrement jusqu’au déclenchement de la maladie. Autrement dit, un simple prélèvement sanguin pourrait, à terme, révéler une SLA bien avant qu’elle ne se manifeste cliniquement.

Les chercheurs tempèrent toutefois l’enthousiasme. Le test reste expérimental et doit être validé sur des cohortes plus vastes et plus variées. Trois points sont cruciaux : confirmer sa sensibilité (ne pas manquer les malades), sa spécificité (éviter les faux positifs) et sa reproductibilité. Pour l’instant, il ne s’agit donc pas d’un examen proposé aujourd’hui.

Pourquoi c’est une avancée

Un diagnostic beaucoup plus précoce ouvrirait de nouvelles perspectives : intégrer les patients plus vite aux essais cliniques, suivre plus finement l’évolution de la maladie et distinguer plus clairement la SLA d’autres troubles neurologiques proches. Même si les traitements restent limités, cette avance pourrait faciliter la mise au point de nouvelles thérapies.

Ces découvertes éclairent aussi les mécanismes biologiques de la maladie. Les protéines repérées participent à des fonctions clés : activité musculaire, production d’énergie cellulaire, communication entre neurones. De quoi mieux comprendre ce qui se passe dans l’organisme avant les premiers signes cliniques.

Des questions éthiques

Reste une interrogation de taille : faut-il savoir des années à l’avance qu’on risque de développer une maladie incurable ? L’ARSLA souligne la nécessité d’un accompagnement psychologique, car un diagnostic précoce peut bouleverser des choix de vie. 

 

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https://www.nature.com/articles/s41591-025-03890-6#Sec12 

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