Douleur à la mâchoire ou à l'épaule : et si c’était une alerte cardiaque ?

Publié par La Rédaction Médisite
le 15/11/2025
douleurs crise cardiaque
Istock
Si on vous dit infarctus ? Vous pensez immédiatement à une douleur dans la poitrine. Mais d’autres signes peuvent alerter.

La plupart d'entre nous associent l'infarctus du myocarde à une douleur brutale dans la poitrine, une sensation d'étau qui irradie dans le bras gauche. Si ce tableau classique concerne bien environ 70 % des cas, il laisse dans l'ombre une réalité clinique préoccupante : un quart des crises cardiaques se manifestent différemment. Elles le font par des signaux plus discrets, souvent localisés à la mâchoire, au cou ou à l'épaule. Ces présentations atypiques, plus fréquentes chez les femmes, sont trop souvent négligées, entraînant des retards de diagnostic aux conséquences graves.

Au-delà de la poitrine : les irradiations qui doivent alerter

Un infarctus peut survenir sans la classique douleur à la poitrine. L'alerte se déplace alors vers d'autres zones du corps. Une gêne persistante, une sensation d'oppression ou de brûlure peut ainsi remonter jusque dans le cou et la mâchoire, mimant parfois une rage de dents tenace ne cédant à aucun antalgique. Cette manifestation s'explique par le phénomène de "douleur référée" ou “douleur projetée” : les nerfs innervant le cœur partagent des voies communes avec ceux de la mâchoire et du cou au niveau du cerveau, qui peine à localiser l'origine exacte du signal douloureux. Une douleur à la mâchoire peut donc constituer une alerte cardiaque sérieuse et ne doit pas être banalisée.

De la même manière, l'inconfort peut toucher les épaules ou les bras. Bien que l'irradiation dans le bras gauche soit la plus connue, les signes d'un infarctus peuvent inclure une douleur sourde à l'épaule gauche, mais aussi à droite, voire aux deux simultanément. Cette sensation peut se manifester par une lourdeur inhabituelle ou un simple inconfort qui s'installe et ne disparaît pas. D'autres douleurs atypiques doivent attirer l'attention, comme une gêne au creux de l'estomac, facilement confondue avec une indigestion, ou une douleur aiguë ressentie entre les omoplates, dans le haut du dos.

La femme, une victime fréquente des symptômes trompeurs

L'infarctus chez la femme est un défi diagnostique. Près de la moitié d'entre elles, surtout avant 55 ans, ne ressentent pas la douleur thoracique caractéristique. Les symptômes atypiques de l'infarctus chez la femme incluent plus volontiers une sensation d'épuisement soudain et extrême, un essoufflement inexpliqué au moindre effort, des nausées ou encore une angoisse intense. Ces signes sont souvent mis sur le compte du stress ou de la fatigue, retardant la consultation et la prise en charge. Ce délai est critique : l'infarctus est soigné en moyenne plus tard chez la femme, ce qui augmente le risque de complications.

Cette méconnaissance a des conséquences dramatiques. Les maladies cardiovasculaires tuent huit fois plus de femmes en France que le cancer du sein, s'imposant comme leur première cause de mortalité. Entre 2009 et 2013, les hospitalisations pour infarctus ont progressé de près de 5 % par an chez les femmes de 45 à 54 ans. D'autres populations, comme les personnes âgées ou les patients diabétiques, sont également plus sujettes aux infarctus dits "silencieux" ou atypiques, ce qui souligne l'importance d'une vigilance accrue face à tout symptôme inhabituel et persistant.

Savoir que faire : le réflexe immédiat et vital

Face à une suspicion d'infarctus, le doute ne doit pas paralyser l'action. Chaque minute compte. La première chose à faire en cas de crise cardiaque suspectée, même si les symptômes semblent mineurs, est d'appeler immédiatement le SAMU (15) ou le numéro d'urgence européen (112). Ne prenez jamais votre voiture pour vous rendre à l'hôpital. En attendant les secours, il est impératif de cesser toute activité et de s'installer dans la position la plus confortable possible, assise ou semi-allongée, afin de réduire le travail du cœur. Lors de l'appel aux secours, décrivez précisément tous les symptômes, y compris ceux qui vous paraissent anodins comme la fatigue, les nausées ou l'angoisse. Cette précision permettra au médecin régulateur de poser un premier diagnostic et d'envoyer les moyens les plus adaptés sans perdre de temps.

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