Chirurgie : oubliez le jeûne strict de minuit, voici la règle des 2 heures
Pendant des décennies, la consigne était implacable et répétée à chaque consultation d'anesthésie : aucune ingestion d'aliment ou de boisson après minuit. Cette règle historique, établie suite aux travaux de Mendelson en 1946, visait à prévenir un risque rare mais grave d'inhalation pulmonaire. Pourtant, la médecine évolue et les pratiques se modernisent. Aujourd'hui, les jeûne pré-opératoire nouvelles recommandations des sociétés savantes comme la SFAR et l'ASA ont radicalement changé l'approche. Le jeûne strict et prolongé est désormais considéré comme obsolète pour la majorité des patients, car il engendre un stress métabolique inutile, une soif intense et un inconfort marqué.
Identifier les boissons autorisées jusqu'au bloc
La distinction repose désormais sur la nature de ce que vous ingérez. Si les aliments solides et les liquides opaques nécessitent toujours un arrêt six heures avant l'intervention, il est tout à fait possible de boire des liquides clairs sans sucre avant une chirurgie jusqu'à deux heures avant l'anesthésie. Cette fenêtre d'hydratation est cruciale pour le bien-être du patient. Il est impératif de bien comprendre ce que le corps médical désigne par "liquide clair".
Vous pouvez consommer de l'eau plate ou gazeuse, du thé ou du café noir (sans aucune trace de lait ou de sucre), ou encore du jus de pomme ou de raisin, à condition qu'ils soient sans pulpe. En revanche, le jus d'orange, les laits (même végétaux) ou les nectars sont proscrits dans ce délai raccourci. Respecter scrupuleusement la liste des liquides clairs autorisés avant chirurgie permet d'arriver au bloc opératoire hydraté sans compromettre la sécurité de l'anesthésie.
Optimiser votre récupération et diminuer le stress
L'intérêt de cette nouvelle approche ne se limite pas à étancher la soif. Arriver au bloc opératoire sans la bouche sèche et l'estomac douloureux aide considérablement à réduire l’anxiété pré-opératoire, l’hydratation agissant comme un facteur de confort essentiel. Une étude souligne d'ailleurs que l'anxiété touche une grande majorité des patients, et limiter les sensations physiques désagréables y remédie partiellement.
De plus, cette pratique s'inscrit pleinement dans le protocole RAAC jeûne (Récupération Améliorée Après Chirurgie). L'ingestion de boissons glucidiques spécifiques avant l'opération permet de maintenir un bon équilibre glycémique et de réduire la résistance à l'insuline post-opératoire. En clair, le corps subit moins de choc métabolique, ce qui favorise un réveil plus tonique et une convalescence plus rapide. Le jeûne de 2 heures avant l’anesthésie devient ainsi un allié thérapeutique à part entière.
Connaître les exceptions à la règle
Il est important de noter que cet assouplissement concerne principalement la chirurgie programmée chez l'adulte en bonne santé. Certaines situations cliniques imposent toujours une prudence accrue. Les patients souffrant d'obésité sévère, de reflux gastro-œsophagien important ou de diabète mal équilibré peuvent présenter une vidange gastrique ralentie. Dans ces cas précis, ou lors d'une chirurgie d'urgence, l'anesthésiste peut décider de maintenir un jeûne plus strict pour garantir la sécurité des voies aériennes. Le dialogue avec votre médecin lors de la consultation pré-opératoire reste donc indispensable pour valider votre protocole personnel.
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https://anesthesie-saint-augustin.fr/wp-content/uploads/2024/12/SFAR-Jeune-pre-operatoire.pdf
https://www.chumontreal.qc.ca/patients-et-visiteurs/preparer-mon-operation/quoi-faire-mon-operation
https://www.uzgent.be/sites/default/files/2023-08/nuchter-voor-ingreep-fr.pdf
https://www.anesthesiesaintjean.fr/preparer-mon-intervention.html
https://www.chudequebec.ca/patient/chirurgie/jeune-preoperatoire.aspx
https://www.amub-ulb.be/system/files/rmb/old/802
https://anesthesie-oreliance.fr/jeune-pre-operatoire/
https://sofia.medicalistes.fr/spip/IMG/pdf/jeune_et_premedication.pdf