Stérilet, implant, pilule... une étude montre que le risque de cancer du sein varie selon le traitement

Publié par Elodie Vaz
le 12/12/2025
Les différents types de contraception et le risque de cancer du sein
Istock
Une étude suédoise révèle que certains contraceptifs hormonaux augmentent davantage le risque de cancer du sein que d’autres. Des différences liées, avant tout, au type de progestatif utilisé.

Toutes les pilules ne se valent pas. C’est ce que montre une étude suédoise menée par l’Université d’Uppsala et publiée le 30 octobre 2025 dans la revue Jama Oncology, qui a suivi plus de deux millions de femmes et d’adolescentes pendant treize ans. L’Objectif : comprendre si certains contraceptifs hormonaux augmentent davantage le risque de cancer du sein que d’autres. Une question essentielle, alors que les contraceptifs progestatifs gagnent en popularité et que les usages évoluent.

En Suède, comme en France, des centaines de milliers de femmes utilisent chaque année une contraception hormonale. Entre les pilules combinées (œstrogènes + progestérone), les minipilules, les implants, les injections ou encore les stérilets hormonaux, l’offre n’a jamais été aussi diversifiée. Et avec elle, des progestatifs différents, de puissances variables, susceptibles de ne pas agir de la même manière sur la santé à long terme.

Le désogestrel pointé du doigt

Pour y voir plus clair, les chercheurs ont exploité les registres nationaux, qui recensent toutes les prescriptions et diagnostics de cancer. Résultat : le risque n’est pas le même selon la molécule utilisée. « Les contraceptifs hormonaux n’ont pas tous le même effet sur le risque de cancer du sein », explique dans un communiqué, la professeure Åsa Johansson, auteure principale. « Nos résultats indiquent que certains progestatifs, notamment le désogestrel, sont associés à un risque accru de cancer du sein, tandis que d’autres, comme les injections d’acétate de médroxyprogestérone à action prolongée, n’ont montré aucune augmentation. »

Le désogestrel apparaît donc comme la molécule la plus problématique. Utilisé sur une longue durée (entre 5 et 10 ans), il est associé à une hausse du risque de près de 50 %. À l’inverse, d’autres contraceptifs, pourtant très courants, semblent moins inquiétants. Les pilules combinées et les stérilets au lévonorgestrel affichent un risque « plus faible que le désogestrel », souligne l’étude. Les pilules contenant de la drospirénone associée à un œstrogène ne montrent, elles, aucune augmentation du risque, ce qui pourrait en faire une option privilégiée pour les femmes déjà à risque.

Des risques très variables selon les molécules

Globalement, l’usage d’une contraception hormonale, tous produits confondus, est associé à une augmentation moyenne de 24 % du risque de cancer du sein. Concrètement, cela représente environ un cas supplémentaire pour 7 800 utilisatrices par an. Une hausse réelle mais faible à l’échelle individuelle, insistent les spécialistes.

Car il n’est pas question de tirer la sonnette d’alarme. « Les contraceptifs hormonaux sont très efficaces et offrent d'importants bienfaits pour la santé. Nous ne recommandons donc pas aux femmes d'interrompre leur utilisation », rappelle Fatemeh Hadizadeh, co-autrice de l’étude. Elle liste les avantages connus : réduction du risque de cancer des ovaires et de l’endomètre, amélioration de l’acné, diminution des douleurs et des règles abondantes, et surtout une meilleure maîtrise de sa santé reproductive.

Les experts appellent à un choix contraceptif éclairé

Mais la chercheuse invite à un choix éclairé. « Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes et, en attendant la mise au point de meilleurs traitements préventifs, éviter les médicaments qui augmentent le risque peut faire toute la différence, notamment pour les femmes déjà à risque. Les résultats de notre étude fournissent aux médecins et aux femmes des informations précieuses pour agir. » L’enjeu, désormais, sera de mieux adapter la contraception à chaque profil. 

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