Les chercheurs américains mettent au point une stratégie innovante pour éviter les récidives du cancer du sein

Publié par Sandrine Coucke-Haddad
le 22/09/2025
cancer du sein récidive
Istock
Prévenir les récidives ? C’est ce que promettent les chercheurs américains de l’université de Pennsylvanie qui publient ce mois de septembre une étude qui va révolutionner la prise en charge des femmes. 
 

 

Cancer le plus fréquent en France (tous sexes confondus) et première cause de décès par cancer chez la femme, le cancer du sein continue de tuer. Plus particulièrement en cas de récidive, qui assombrit le pronostic. Car si des progrès considérables, tant au niveau des traitements que du dépistage, permettent aujourd’hui d'afficher des taux de survie proches des 99 % pour les cancers du sein détectés les plus tôt, les récidives, qui concernent tout de même 30 % des femmes en comptant les récidives à distance et les échecs aux traitements, sont plus complexes à gérer. D’autant qu’elles sont le plus souvent imprévisibles. “Certains cancers du sein, comme les cancers triple négatif et HER2+, récidivent en quelques années, tandis que d'autres, comme les cancers ER+, peuvent réapparaître des décennies plus tard”, expliquent les chercheurs américains. 

En France, les cancers triple négatifs concernent environ 15 % des patientes, sachant que 61 000 nouveaux cas de cancers de sein sont diagnostiqués chaque année. 

 

La peur de la récidive, un poids psychologique important pour les patientes 

“Jusqu'à présent, il n'existait aucun moyen d'identifier en temps réel les survivantes du cancer du sein qui hébergent les cellules dormantes responsables de la récidive et d'intervenir avec un traitement permettant de prévenir une récidive incurable”, détaillent les chercheurs américains. C’est aussi un poids psychologique, car la peur de la récidive, les patients parlent souvent d’une épée de Damoclès, pèse sur le mental pendant des années après la fin de traitements, voire pour le restant de la vie. Une étude* menée par une équipe marseillaise et publiée en mai de cette année a même identifié une recrudescence de consommation de médicaments et de soins chez les patientes les plus touchées par cette peur.  

 

Identifier les femmes les plus à risque de récidive : un enjeu de taille

À l'heure actuelle, nous ne savons tout simplement pas quand ni si le cancer réapparaîtra ; c'est le problème que nous avons cherché à résoudre. Notre étude montre que la prévention des récidives par la surveillance et le ciblage des cellules tumorales dormantes est une stratégie très prometteuse, et j'espère qu'elle suscitera de nouvelles recherches dans ce domaine”, a déclaré Angela DeMichele, une des chercheuses qui a participé à l’étude américaine. 

 

“Nous voulons offrir aux patientes une meilleure option que l'attente après la fin de leur traitement contre le cancer du sein”

 

On sait en revanche que ces cellules dormantes  - également appelées maladie résiduelle minimale (MRM) - peuvent se réactiver à tout moment, des années voire des décennies après la rémission, migrer via le sang et provoquer une récidive. Cibler les patientes qui sont porteuses de maladie résiduelle minimale (MRM) permettrait d'anticiper les récidives et donc d'agir avant qu’un nouveau cancer du sein se déclare et se propage. 

Nos recherches montrent que cette phase dormante offre l'opportunité d'intervenir et d'éradiquer les cellules tumorales dormantes avant qu'elles ne puissent réapparaître sous forme de cancer métastatique agressif”, a déclaré Lewis Chodosh, président du département de biologie du cancer et auteur principal de l'étude. Car, et c’est sans doute là, la découverte la plus étonnante de l’étude : certains médicaments, pas forcément utiles dans d’autres cas, seraient particulièrement efficaces sur les cellules dormantes. 

Les traitements actuels capables de décimer les cellules dormantes ?

Étonnamment, nous avons constaté que certains médicaments inefficaces contre les cancers en développement actif peuvent être très efficaces contre ces cellules dormantes. Cela indique que la biologie des cellules tumorales dormantes est très différente de celle des cellules cancéreuses actives”, indique encore le Dr Chodosh. 

Deux études d’envergure sont déjà en cours pour valider ces résultats et les traduire en données cliniques rapidement utilisables. “Nous voulons offrir aux patientes une meilleure option que l'attente après la fin de leur traitement contre le cancer du sein”, a conclu Angela DeMichele.

 

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Communiqué de presse de la Faculté de médecine de l'Université de Pennsylvanie (USA)

*https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2950433325002010 

https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/cancers/cancer-du-sein

https://www.unicancer.fr/

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