TPO : Peut-on encore mettre du vernis à ongles ?

Demain, la France entière se réveillera sans vernis à ongle au TPO ! LE TPO, pour oxyde de diphényl trimethylbenzoyl phosphine, est une substance que l’on trouve dans certains vernis à ongles utilisés par les professionnels : notamment les vernis semi-permanents (qui peuvent tenir deux à trois semaines, contre une petite huitaine pour les vernis classiques) ou les faux-ongles en résine. Deux grandes tendances beauté de ces dernières années. Et comme d’autres substances dont regorgent (il faut bien le reconnaître) nos produits cosmétiques ou nos aliments, celle-ci est délétère pour notre santé. 

C’est la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) qui a annoncé cette interdiction à partir du 1er septembre 2025 sur son site Internet. Les professionnels du secteur doivent ainsi proposer dès demain des produits pour ongles sans TPO. “Cette interdiction entre dans le cadre du règlement européen dit Omnibus VII, en ce qui concerne l’utilisation, dans les produits cosmétiques, de certaines substances classées comme cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction”, précise la DGCCRF qui ajoute que “plusieurs substances font ainsi régulièrement l’objet d’interdictions ou de restrictions dans les produits cosmétiques afin de prendre en compte les nouvelles données scientifiques”. En l’espèce, le TPO est “toxique pour la reproduction”. 

Les vernis à ongle chargés en perturbateurs endocriniens ? 

Ce n’est pas la première fois que la composition des vernis à ongles pose problème. Plusieurs études ont déjà révélé qu’ils se disputent la première place, avec les colorations pour les cheveux, des cosmétiques les plus riches en toxines, notamment en perturbateurs endocriniens. Dorénavant toutefois, ce sera sans TPO. 

Est-ce que cela va rassurer les consommatrices ? Pour Monique, 72 ans, une adepte du vernis semi-permanent, c’est un soulagement que les autorités vérifient la composition des produits de beauté en général et des vernis en particulier. Elle se serait peut-être tourné vers d’autres options plus safe si elle avait su que des substances toxiques étaient présentes dans les vernis. En revanche, Julie, 28 ans, reconnaît qu’elle n’aurait pas renoncé à ses manucures, TPO ou pas. “Très honnêtement les vernis avec du TPO ça ne m'inquiète pas le moins du monde car partout où l'on regarde il y a des produits dangereux, je ne dis pas que ça ne l'est pas mais simplement que c'est une chose de plus à laquelle il faut faire attention !” 

Les lampes de séchage aussi sur la sellette ! 

Autre souci avec les vernis semi-permanents : les lampes chauffantes utilisées pour les faire sécher. En avril  2023, l'Académie de médecine avait publié un communiqué pour alerter sur les dangers de la combinaison des UV et des lumières bleues que représentent ces lampes. Une combinaison qui augmente notablement les risques de lésions de la peau située autour de l’ongle, fine et fragile.

“Les UV de type A entraînent des dommages sur l'ADN, c'est-à-dire au niveau du noyau des cellules, avait alors expliqué au journal Le Point le Dr Jérémy Lupu, dermatologue à l'Institut Gustave-Roussy. Ce qui peut entraîner, dans un premier temps, un vieillissement de la peau, des rides et des taches. À long terme, ces dommages sur l'ADN peuvent possiblement entraîner la multiplication des mélanocytes, cellules responsables des cancers de la peau.” Julie, accro aux manucures, trouve cette information plus inquiétante que celle sur le TPO car “on peut ressentir rapidement les effets dangereux avec la sensation de brûlure.” Pour l’heure, aucune interdiction ou précaution officielle ne concerne ces lampes mais l’Académie de médecine recommande aux femmes qui font des manucures en institut d’appliquer de la crème solaire avant la séance. Laisser quelques semaines les ongles nus, sans vernis, est aussi recommandé pour le laisser se régénérer.